Réactions au discours du chef de l’Etat : la classe politique partagée entre scepticisme et « oui, mais »

La réaction de la classe politique ne s’est pas fait attendre. La radio chaine 3 a tendu le micro à des acteurs politique ou représentant la société civile pour exprimer leurs positions vis-à-vis de la teneur du 3ème discours du chef d’Etat depuis sa désignation aux commandes de la République. Propos recueillis par Chakib Benzaoui de la radio chaine 3.

Si Belkacem Sahli de l’ANR et Si Afif du FLN ont favorablement accueilli le discours de Abdelkader Bensalah et partagent son appel à un dialogue inclusif, d'autres acteurs du paysage politique ont signifié du scepticisme quand à la concrétisation d'actions réelles vers une vraie issue de crise consensuelle.

L’ANR est pour un dialogue responsable, réaliste et constructif. Il réitère son appel à toutes les forces politiques, la société civile et les représentants du hirak pour fructifier cette occasion et mettre en avant l’intérêt de la nation.

Pour le FLN, il est clair que le discours de jeudi offre même des garanties d’aller vers des présidentielles transparentes et démocratiques via un dialogue pour asseoir les garanties requises et souhaitées par tous.

Pour Jil Jadid, « il faut aller concrètement et vite vers un dialogue dont l’annonce est faite précédemment et sans perte de temps ». Djilali Sofiane estime que le discours de Bensalah parle de dialogue mais rien de concret, appelant le pouvoir à donner vie à cette commission prônée et engager un dialogue franc et ouvert.

Pour le porte-parole de RAJ, Abdelouahab Fersaoui, ce discours « ne répond pas aux aspirations du peuple estimant qu’il ne porte aucune proposition concrète pour une solution de crise ». Cela, ajoutera-t-il, prouve encore une fois une fuite en avant du pouvoir pour l’organisation des présidentielles coûte que coûte alors que celles-ci n’est pas une fin en soi.  

La confédération des syndicats autonomes accueille avec déception le discours du président par intériem. Un discours sans date à cette échéance de la présidentielle ni donner les garanties de se projeter dans l’optique de sortie de crise.

A rappeler, le chef de l'Etat a invité «la classe politique, la société civile et les personnalités patriotiques nationales, jalouses du devenir de l’Algérie, à opter pour la voie du dialogue inclusif en vue de poser les jalons du processus de concertation que l’Etat s’emploiera à organiser dans les meilleurs délais, à débattre de toutes les préoccupations portant sur la prochaine échéance présidentielle, et partant, tracer une feuille de route devant aider à l’organisation du scrutin dans un climat d’entente et de sérénité».

Le RND, le MPA et El Islah : accueil favorable et disposition

Dans ce cadre, le Rassemblement national démocratique (RND) a accueilli favorablement "l'invitation" du chef de l'Etat à un dialogue national sérieux pour réunir les conditions d'une élection Présidentielle régulière, affirmant que "le peuple algérien a exprimé sa volonté souveraine pour le changement et il est temps d'appliquer l'article 8 de la Constitution à travers l'élection du président de la République, qui concrétisera ce changement ainsi que les réformes escomptées".

"L'Algérie exhorte tous ses enfants nationalistes à se mettre autour de la table pour aller ensemble, dans les meilleurs délais, vers une élection présidentielle afin de garantir la stabilité politique et socioéconomique du pays", lit-on dans le communiqué du parti.

Pour sa part, le Mouvement populaire algérien (MPA) a affiché "sa disposition à contribuer" à travers sa participation à faire aboutir ce dialogue, prôné par l'Etat algérien, soutenant que sa position est "une position de principe, partant de notre conviction  que la solution à la crise actuelle que traverse notre pays passe inéluctablement par des concertations inclusives et franches entre les différents partenaires".

Pour le MPA, ce dialogue mènera à une élection Présidentielle qui "est la solution politique et démocratique à même de permettre l'élection d'un nouveau président de la République, jouissant de la légitimité et de la crédibilité nécessaires pour conduire les différentes réformes exigées par le peuple".

Néanmoins, il estime que "le retour au urnes dans les plus brefs délais doit être précédé de la mise en place d'une instance électorale indépendante qui veillera à garantir des élections transparentes et libres".

Le Mouvement El Islah, a également valorisé le contenu du discours de M. Bensalah, soulignant que le mécanisme de dialogue était "le moyen adéquat de rapprochement des vues et le plus à même de susciter un consensus national capable de sortir le pays de sa crise actuelle".

Le président de cette formation politique, Filali Ghouini, estimé impératif "d'aller en urgence" vers des assises de dialogue et de concertation regroupant les différents acteurs afin de parvenir à "un large consensus national, dont les résultat allieront le texte constitutionnel et les solutions politiques inspirées de la Constitution, et ainsi élaborer d'une feuille de route consensuelle et sereine aboutissant le plus rapidement possible à l'échéance présidentielle".

Le FFS : c'est le statu quo

Par ailleurs, le Front des forces socialistes (FFS) a considéré que le discours du Chef de l'Etat visait "le maintien du statu quo et la résistance au changement" ainsi que l'application d'une feuille de route "afin de préserver un système stérile et usé au lieu de suivre la voie de la sagesse en répondant positivement aux revendications populaires".

Pour le premier secrétaire national du FFS, Hakim Belahcel "les solutions politiques existent et ne demandent qu'à être prises en compte".

 
 
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