Les restes mortuaires de 24 résistants algériens à la colonisation française au 19ème siècle seront inhumés ce dimanche au Carré des Martyrs du cimetière d'El Alia à Alger lors d'une cérémonie officielle, en présence du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, chef suprême des forces armées, ministre de la Défense nationale et des hauts responsables de l'Etat.
Les Crânes de ces Chouhada avaient été rapatriés vendredi de France à bord d'un avion des forces aériennes de l'Armée nationale populaire (ANP), escorté par des avions de chasse.
Le président Tebboune a présidé à l'aéroport international Houari-Boumediene la cérémonie d'accueil des restes mortuaires de ces valeureux Martyrs des résistances populaires, auxquels ont été rendus les honneurs militaires au son de 21 coups de canon tirés en cette occasion.
Lors d'une cérémonie de remise de grades et de médailles aux officiers de l'ANP, au Palais du peuple, à l’occasion du 58e anniversaire de la fête de l’indépendance et de la jeunesse, le président Tebboune a indiqué qu'il s'agit "d'une première étape" de rapatriement des restes mortuaires des résistants algériens, en faisant part de la détermination de l'Etat de "poursuivre cette opération jusqu'au rapatriement de l'ensemble des restes des résistants algériens pour qu'ils soient enterrés sur la terre pour laquelle ils se sont sacrifiés".
Le chef d'état-major de l'ANP, le général de corps d'armée, Saïd Chanegriha, a, pour sa part, rendu un vibrant hommage et salué la mémoire de ces résistants "vivants pour toujours" et qui "continueront à illuminer tel un phare la voie des générations successives".
Les restes mortuaires de ces Chouhada ont été déposés samedi au Palais de la Culture Moufdi-Zakaria (Alger) pour permettre aux citoyens, venus très nombreux, de leur rendre hommage et se recueillir à leur mémoire.
Parmi ces restes mortuaires il y a ceux de six chefs de la résistance populaire à l'occupation française, en l'occurrence Mohamed Lamjad Ben Abdelmalek, dit Cherif Boubaghla, qui a mené une résistance populaire dans la région du Djurdjura, en Kabylie, Aissa Al-Hamadi, compagnon de Chérif Boubaghla au Cheikh Bouziane, le chef de la révolte des Zaâtcha (région de Biskra en 1849), Moussa El-Derkaoui, son conseiller militaire, Cherif Boukdida dit Bouamar Ben Kdida, et Mokhtar Ben Kouider Al-Titraoui.
La restitution des crânes des résistants algériens à la colonisation française, conservés depuis plus d'un siècle et demi au Musée d'histoire naturelle de Paris, constitue une des principales revendications de l'Etat algérien sur la question de la mémoire.
La restitution des crânes de ces résistants avait fait l'objet d'une demande officielle de l'Algérie à la France et la question avait été soulevée lors d'entretiens entre les plus hautes autorités des deux pays.
Une commission technique composée d'experts algériens avait été mise en place pour procéder à l'identification des crânes de ces résistants algériens.
Le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, a salué le rôle de Ali Farid Belkadi, historien et anthropologue, pour avoir découvert l'existence des crânes des martyrs, au cours de ses recherches au Musée de l'homme de Paris et du chercheur Brahim Sennouci pour sa pétition sur internet qui a "contribué à faire connaitre les génocides perpétrés par la France coloniale durant 132 ans de présence en Algérie".