APN : impératif d'adopter des réformes économiques structurelles

Les présidents des groupes parlementaires à l'Assemblée populaire nationale (APN) ont mis l'accent mercredi sur l'impératif d'accélérer la mise en place de réformes structurelles à l’ombre des indicateurs négatifs enregistrés par l'économie nationale en raison de la baisse des revenus pétroliers et des répercussions de la Covid-19.

A l'issue du débat en plénière du projet de loi de finances (PLF 2021), le président du groupe parlementaire du parti Front de libération nationale (FLN), Khaled Bouriah a jugé impératif de diversifier les sources de revenus pour atténuer les incidences économiques de la pandémie, à travers, a-t-il expliqué, le recours à d'autres créneaux créateurs de richesses, à l’instar des ressources minières et non-minières, l’agriculture, le tourisme ou encore les industries manufacturières.

Il serait également judicieux, selon M. Bouriah, de promouvoir la production locale afin de réduire la facture des importations et préserver la devise, encourager les PME et les startups et rechercher des sources d’énergie alternative notamment les énergies renouvelables.

La généralisation de la numérisation particulièrement dans les secteurs économiques et la lutte contre la corruption et les méthodes archaïques dans la gestion des affaires publiques en investissant dans le développement humain ont été fortement recommandées.

Le groupe parlementaire du parti FLN a salué l’attachement du gouvernement à préserver le caractère social en consacrant une enveloppe de 1927,5 milliards Da aux transferts sociaux, insistant cependant sur la nécessité d’accélérer la mise à jour des fichiers des nécessiteux afin d’assurer les transferts aux véritables ayants-droit.

En dépit des mesures prévues dans le PLF 2021, celui-ci "n’est pas à la hauteur de concrétiser le programme du président de la République et demeure en-deçà des aspirations du peuple", a souligné M. Bouriah, citant notamment la lenteur dans l'élaboration des textes d'application et des cahiers des charges relatifs à plusieurs lois.

Dans le même ordre d'idées, il a mis en avant l'impératif d’accélérer la régularisation des contrats de pré-emploi et de trouver des formules alternatives pour absorber le chômage.

"Eu égard au caractère répétitif de l’instabilité du marché pétrolier mondial, il est désormais nécessaire d'adopter une nouvelle logique économique réaliste, basée sur la déstructuration progressive du système de dépendance aux hydrocarbures", a souligné de son côté, Mohamed Kidji, président du groupe parlementaire du Rassemblement national démocratique (RND).

Une telle logique, a-t-il poursuivi, requiert la mise en place de réformes économiques structurelles favorisant les conditions de l’éco-diversité, en faisant appel aux atouts que recèle l’Algérie, à savoir l’agriculture, les mines, les industries manufacturières, le tourisme et les technologies de pointe.  

Le processus de transition économique requiert, selon le même intervenant, d’opérer un ensemble de réformes qui pourront consolider la stabilité budgétaire à moyen et long termes, améliorer l’efficacité des politiques publiques et moraliser les différentes pratiques. 

Cette démarche permettra aussi ,d'après M. Kidji, de rétablir la confiance et la cohérence entre les institutions de l’Etat et les partenaires socio-économiques et améliorer le climat des affaires en vue de drainer les investissements directs étrangers (IDE). 

De son côté, le président du groupe parlementaire du Mouvement de la société pour la paix (MSP), Menouar Chikh, a salué certaines dispositions prévues par le texte, citant à titre d'exemple, la clôture des fonds spéciaux, l’élargissement des exonérations, et les mesures prises aux fins de relance de la Bourse d'Alger. Ces mesures bien que positives demeurent, d'après lui, limitées en termes d'impacts. 

En revanche, M. Kidji a émis quelques réserves portant notamment sur le grand déficit prévu dans le budget de l’exercice 2021, la non-affection de montants importants à l’amélioration du système de santé dans le contexte de la pandémie de la Covid-19, le non-traitement du dossier de l’emploi, ainsi que le peu d’intérêt accordé au secteur de l’Agriculture.

Le président du Groupe parlementaire des indépendants, Kada Kouadri, a déploré, lui, le fait que l'économie algérienne demeure toujours "rentière reposant sur la distribution et non sur la production et la création de richesses", en voulant pour preuve le déficit prévu dans le budget 2021.

Appelant au traitement des dossiers du chômage, de l'intégration des bénéficiaires des dispositifs de pré-emploi, M. Kouadri a relevé l'importance de moderniser le secteur de l’Agriculture, régler le problème du foncier agricole et améliorer le climat des affaires dans l’industrie à travers la stabilité juridique et l’assainissement des fonciers des faux investisseurs.

Pour sa part, le président du Groupe parlementaire de Tajamoue Amel El Jazair (TAJ), Benyoucef Zouani, a fait part de son souhait de voir la Loi de finances déboucher, à l’avenir, sur "une vision économique claire, des réformes profondes, des mesures efficaces dans une Algérie nouvelle, avec le consensus national et le partenariat de tout un chacun pour une économie forte". 

Il a par ailleurs salué le caractère réaliste de la nouvelle loi de Finances qui "prend en ligne de compte les répercussions de la pandémie", dans la mesure, a-t-il dit, que le texte ne prévoit aucune augmentation fiscale pesant sur le citoyen. 

De son côté, le président du Groupe parlementaire de l'Union Ennahda-Adala-Bina, Hassane Aribi a appelé le gouvernement à véhiculer "une vision économique fondée sur la prospective et la définition des besoins fondamentaux du pays".

Pour sa part, le président du Groupe parlementaire du Front El Moustakbal, Hadj Belghouti a affirmé que "tout un chacun est appelé, plus que jamais et de manière réaliste, à repenser la scène économique à l'intérieur du pays et à revoir les lois, les décisions et les programmes en fonction de la réalisation des intérêts suprêmes du pays et des aspirations des Algériens". 

De son côté, le président du Groupe parlementaire du Mouvement populaire algérien (MPA), Hadj El Chikh Barbara a indiqué que la nouvelle loi de Finances intervenait à un moment très difficile marquée par la situation sanitaire et la baisse des revenus du pays, appelant à donner la priorité à la préservation des établissements économiques, résoudre le problème de  chômage, consacrer le principe de la stabilité législative et éviter "les discours populistes" dans le traitement des questions économiques.

Dans une intervention au nom du président du Groupe parlementaire du Parti des travailleurs (PT), le député Kouchi Fathi a préconisé l'adoption de mécanismes "pratiques et réalistes" afin de faire face aux difficultés économiques que traverse le pays suite à la propagation de la pandémie du Coronavirus, soulignant la nécessité de prioriser la préservation des  emplois et du pouvoir d'achat des citoyens, tout en s'interrogeant sur "la façon de réaliser les prévisions de croissance de 4% pour l'année prochaine, avec la persistance de certaines pratiques bureaucratiques".

A noter que la séance plénière consacrée aux interventions des présidents des groupes parlementaires a été présidée par Slimane Chenine, président de  l'Assemblée populaire nationale (APN), en présence de membres du gouvernement.

Economie, Finances