Colonel Farouk Achour : "Les efforts se poursuivent pour en venir à bout de ces incendies"

Le Colonel Farouk Achour, Directeur de l'information et des statistiques à la Protection civile

« Hier, nous étions à 99 foyers dans 18 wilayas. Ce matin, nous sommes à 69 foyers dans 14 wilayas. Beaucoup d’efforts ont été consentis durant la nuit, où il y a eu l’extinction de 30 foyers d’incendies », annonce, ce mercredi matin, le Colonel Farouk Achour, dans l’Invité de la rédaction de la Chaine 3 de la Radio Algérienne. Les efforts se poursuivent pour en venir à bout de ces incendies, « d’origine criminelle », affirme le Directeur de l'information et des statistiques à la Protection civile.

 « À Tizi Ouzou, il reste 24 foyers d’incendies. Un seul a pu être éteint la nuit dernière », explique le Colonel Farouk Achour avant de citer les incendies encore en cours : « un foyer à Tebessa, Jijel six foyers, Blida deux foyers, Guêlma deux foyers, El Taref quinze foyers, Annaba trois foyers, Médéa un foyer, Béjaïa huit foyers, Souk-Ahras deux foyers, Bouira et Chlef un seul foyer.» Il précise que « l’ensemble des moyens sont mobilisés pour toutes ces opérations en cours. »

Pour la wilaya de Tizi Ouzou, en plus des effectifs déjà sur place, « il y a eu 1000 hommes en renfort appuyés avec 200 engins de lutte contre les incendies et deux hélicoptères du groupement aérien, mobilisés dès le début pour des opérations ciblées d’évacuation d’urgences et ont permis le sauvetage de beaucoup de personnes », assure le Directeur de l'information et des statistiques à la Protection civile.

En tant que spécialiste de la lutte contre le feu, le Colonel Farouk Achour est formel, les incendies ont été provoqués : « lorsque vous avez une vingtaine de foyers qui se déclenche, au même moment, dans un espace géographique assez limité, vous pouvez être sûrs à 100% que ce sont des actes prémédités. Ce qui s’est passé à Tizi Ouzou, des feux à proximité de zones humides mais qui prennent de l’ampleur, nous sommes plus que certains que ce sont des actes criminels.»

« Des lieux judicieusement choisis pour augmenter la difficulté de l’intervention »      

 « Ces gens là connaissent la spécificité de la région, ils savent que ce sont des reliefs très accidentés, isolés mais où il y a aussi de l’activité humaine, il y a des hameaux d’habitation à proximité, bien sûr, il y avait une température caniculaire qui n’enclenche pas mais qui favorise, des vents assez importants qui permettent la propagation rapide et des espèces végétales très vulnérables », affirme le Colonel Achour. Toujours selon lui, « tous les ingrédients étaient réunis, ces gens savaient ce qu’ils faisaient.»

« Dès les premiers appels d’urgence, l’officier de garde a pris la bonne décision de concentrer les efforts sur le sauvetage des populations et a demandé des renforts. Aussitôt, nous avons engagés des renforts à partir de l’unité principale de la wilaya de Tizi Ouzou avec les deux colonnes mobiles dont elle dispose et des renforts des wilayas limitrophes », détaille le Colonel Farouk Achour qui précise que l’Armée a également été mobilisée. « l’ANP nous a soutenu pour les efforts d’évacuation rapide des habitations.»  

Renforcement des moyens aériens de lutte contre les incendies

La protection civile a privilégié l’acquisition de moyens terrestres de lutte contre les feux de forêts, témoigne le Colonel Farouk Achour. « Nous sommes passé de 26 à 56 colonnes mobiles, chaque wilaya est dotée de sa propre colonne mobile et les wilayas à vocation forestière ont au minimum deux colonnes mobiles. Nous avons également acquis six hélicoptères multi-mission que nous engageons à chaque fois dans la lutte contre les feux de forêts.»

La protection civile compte encore renforcer son parc aérien. « Un travail est en cours pour l’acquisition de moyens aériens adaptés à la topographie algérienne à savoir des avions avec des capacités qui permettent d’intervenir sans risque », annonce-t-il. « Un canadair avec dix tonnes d’eau, ça peut faire beaucoup de dégâts lorsque l’espace forestier est réduit et qu’il y a des habitations dedans », relève-t-il, avant d’ajouter « renforcer les moyens aériens n’est pas la solution ultime. Ça peut atténuer un incendie mais pas l’éteindre. Eteindre un feu de forêt, c’est des techniques complexes.»

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