Coup d'État au Soudan : l’armée prend le pouvoir

Coup d’arrêt à la transition politique au Soudan. L’armée a pris depuis hier le contrôle total du Conseil souverain du Soudan, l’autorité qui chapeaute le processus de transition, signant ainsi la fin de la coalition civile et militaire au pouvoir, mise en place après le renversement de Omar el-Béchir en 2019, suite à des manifestations populaires.

L’armée, qui a décrété l'état d'urgence dans tout le pays, a arrêté la majorité des dirigeants civils de la transition et a dissous le gouvernement.

Le président du Conseil souverain du Soudan, le général Abdel Fattah Al-Burhane, le nouvel homme fort du pays, a promis une nouvelle transition politique, promettant de "travailler avec les forces politiques" pour sortir le pays de la crise politique, lors d'une rencontre avec l'envoyé spécial des  Etats-Unis pour la Corne de l'Afrique, Jeffrey Feltman.

Le général Abdel Fattah Al-Burhane a également promis la constitution d’un gouvernement composé de "personnes compétentes".

La transition au Soudan, qui a commencé dans l’union, a fini par s’effriter en raison de divergences entre civils et militaires et de luttes de pouvoir. La dénonciation, le 21 septembre dernier, par les Forces de la liberté et du changement (FLC), d’une tentative  de "coup d'Etat rampant", a révélé au grand jour ces divergences.

Le coup de force de l’armée intervient alors que le Soudan se trouve au milieu d'une période de transition de 39 mois, qui devait être suivie d'élections dans le but de former un nouveau gouvernement civil et l’adoption d’une nouvelle Constitution.

La communauté internationale désapprouve

Face à l'évolution de la situation au Soudan, l'Union africaine (UA) a appelé à une "reprise immédiate" du dialogue entre civils et militaires. Le président de la Commission de l'UA, Moussa Faki Mahamat, a réaffirmé que "le dialogue et le consensus sont la seule voie pertinente pour sauver le pays et sa transition démocratique".

De son côté, la Ligue arabe s'est dite "préoccupée" par les "développements" dans le pays. Son secrétaire général, Ahmed Aboul Gheit, a fait part de sa "profonde préoccupation face aux développements" dans le pays, appelant "toutes les parties à respecter" l'accord de partage du  pouvoir de transition établi entre civils et militaires après le renversement de l'ancien président Omar el-Béchir.

Pour sa part, l'émissaire de l'ONU au Soudan, Volker Perthes, a appelé "les forces armées à relâcher immédiatement les personnes retenues", jugeant "inacceptables" les arrestations de la quasi-totalité des civils et des autorités de transition.

Les Etats-Unis ont déjà prévenu que "tout changement du gouvernement de transition mettait en danger l'aide américaine", tandis que le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a lui appelé la communauté internationale "à remettre la transition soudanaise sur les rails".

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