Trois accords de partenariat économique ont été signés dimanche à Alger entre l’Algérie et la France, donnant une nouvelle impulsion dans la coopération entre les deux pays, ont estimé le ministre de l'Industrie et des mines, Youcef Yousfi, et le ministre français de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire.
Intervenant à l’issue des travaux de la quatrième session du Comité économique mixte algéro-français (COMEFA), M. Yousfi a indiqué que ses entretiens avec M. Le Maire, durant lesquels l'état de la coopération industrielle a été examiné, avaient permis d’enregistrer des «progrès certains» dans le partenariat auquel aspirent les deux pays.
M. Yousfi a ainsi exprimé sa grande satisfaction quant à la signature de trois accords de partenariat économique entre l’Algérie et la France, dont deux dans le domaine de l’industrie.
Il s'agit de la signature d'un pacte d’actionnaires entre le Groupe PMO Constantine, le Groupe Condor, la société Palpa Pro et PSA Peugeot pour la production des véhicules en Algérie.
En outre, un protocole d’accord pour la mise en place d’un consortium à l’export des fruits et légumes algériens vers l’Europe, et d'un partenariat dans le domaine des produits agricoles de type Bio entre le Groupe algérien Agromed et la société fraçaise Agrolog.
Les deux parties ont également signé un pacte d’actionnaires entre Elec El Djazair, le Groupe Gica (cimenterie) et le Groupe Schneider dans le domaine de la fabrication des équipements électriques de basse, moyenne et haute tension.
A propos du projet Peugeot, M. Yousfi a indiqué que le lancement de ce projet «n’est pas une fin en soi», mais il s’agit de démarrage d’une industrie qui englobera un nombre considérable d’entreprises pour la fabrication des composants des véhicules, précisant que les deux parties sont convenues de travailler en commun dans cet objectif.
Le ministre a, par ailleurs, relevé que plusieurs autres domaines industriels ont été évoqués lors des travaux du COMEFA, en citant l’industrie pharmaceutique, l’agroalimentaire, les matériaux de construction.
Selon lui, les discussions pour la concrétisation des partenariats dans ces domaines «avancent bien».
Il a également souligné que l’industrie algérienne a atteint un niveau de développement qui lui permet d’accélérer le processus d’industrialisation du pays et de diversification de son économie, ajoutant qu’il s’agit d’un «objectif essentiel» pour le gouvernement algérien.
A ce propos, il a considéré que la conjoncture actuelle, qui est «difficile» mais «pas insurmontable», a incité les pouvoirs publics à approfondir les réformes structurelles afin d’améliorer le cadre de l’investissement pour diversifier l’économie nationale.
L’autre levier de la stratégie de diversification de l’économie, a-t-il poursuivi, repose sur la mobilisation de l’investissement national et étranger dans plusieurs domaines d’activités.
Pour sa part, M. Le Maire a estimé que la signature de ces accords exprime une nouvelle phase de la coopération économique entre la France et l’Algérie, soulignant que toutes les conditions sont réunies pour y parvenir, notamment la volonté des deux parties d’avancer dans cette direction.
Estimant que la relation économique entre les deux pays n'a pas connu de grandes avancées durant ces dernières années, le ministre français a, toutefois, affiché la détermination de son pays à lever une «nouvelle ambition concrète».
Pour lui, les trois nouveaux accords signés dimanche entre les deux pays sont le «signe le plus tangible» de cette détermination à avancer sur la base de projets concrets: «Les grandes déclarations sont utiles, mais les décisions concrètes sont encore mieux pour faire avancer une relation économique», a-t-il soutenu.
S’exprimant sur le projet Peugeot Algérie, M. Le Maire a souligné que ce dernier est une preuve que lorsqu'il y a la détermination politique, «nous pouvons alors aboutir».
Dans ce sens, il a appelé à mettre «la même énergie technique et politique» dans d’autres projets comme ceux d'Alstom ou de Sanofi dont les accords doivent être signés, selon lui, «dans des délais raisonnables».
A cet effet, il a fait savoir qu’il a été convenu, entre lui et M. Yousfi, à instaurer une «nouvelle méthode de travail» pour accélérer le développement économique reposant sur l’identification des problèmes techniques dans la concrétisation des projets et l’installation d’un comité de travail pour les régler.
Par ailleurs, il a soutenu qu’il y a un certain nombre de domaines sur lesquels le deux pays doivent travailler davantage, comme les énergies renouvelables, les composants dans le secteur de l’automobile, le numérique, le tourisme où il y a des champs de coopération «larges et extrêmement porteurs».
Dans une déclaration à l'APS, le Directeur du Groupe français PSA, chargé de l’Afrique et du Moyen-Orient, Jean-Christophe Quémard, a indiqué que l'usine Peugeot, qui sera installée à Oran, fabriquera son premier véhicule au cours de l’année 2018 avec une capacité totale de 75.000 unités/an à terme.
Il s’agit d’un investissement de l'ordre de 100 millions d’euros, a avancé le même responsable, précisant que le capital de la société est réparti selon la règle 51/49%, et ce, à hauteur de 20% pour l’Entreprise nationale de production de machines-outils Algérie-PMO Constantine, de 15,5% pour le Groupe privé Condor et de 15,5% pour un opérateur pharmaceutique algérien (Palpa Pro), pour la partie algérienne, et de 49% pour PSA, pour la partie française.
S’agissant du taux d’intégration, M. Quémard indique qu’il sera, à terme, de 40%, ajoutant que le contrat prévoit également la création d’une académie de PSA en Algérie, permettant de former la main d’œuvre algérienne et de développer les compétences dans le domaine de l’assemblage et de la construction des véhicules au profit de PCPA.
L’objectif de ce projet est de développer une filière automobile complète en Algérie, assure le même responsable qui relève que les équipementiers de Peugeot, qui s'implanteront également en Algérie, développeront d’autres partenariats avec des opérateurs algériens pour créer un tissu industriel et aller et delà des 40% du taux d’intégration.
Estimant que le marché algérien est «très important» pour le Groupe PSA, M. Quémard souligne que cette usine permettra la création de 1.000 emplois directs, et des milliers d’autres indirects.
Interrogé sur la gamme des véhicules qui seront produits par PCPA, il s'est gardé de donner les détails «pour des raisons concurrentielles».
Pour rappel, le COMEFA a été créé en mai 2013. Il constitue un mécanisme de renforcement et de diversification des relations économiques, industrielles et commerciales entre l’Algérie et la France.