Les démocrates au Sénat épaulés par des républicains de haut rang, se préparent déjà à engager une bataille au Sénat pour rejeter la nomination du nouveau secrétaire d’Etat américain, Mike Pompeo, et la directrice de la CIA, Gina Haspel.
Les sénateurs s’attèlent déjà à mettre en place une démarche leur permettant de rejeter les nominations lors des auditions prévues à cet effet. Les confirmations s’annoncent comme un véritable casse-tête pour la Maison Blanche qui avait par le passé eu du mal à confirmer des dizaines de diplomates et responsables.
Donald Trump semble appréhender le rejet du Sénat. Dans un tweet posté mercredi matin, le chef de la Maison Blanche a dénoncé le blocage des nominations "de centaines de bonne personnes, y compris des ambassadeurs et des juges très importants ", selon lui.
C’est "le pire de l’histoire des Etats-Unis", a-t-il indiqué en dénonçant le blocage exercé par les démocrates.
Des deux responsables choisis mardi, Gina haspel, semble la plus fragilisée par son passé trouble et son rôle dans une prison secrète en Thaïlande, appelée Cat’s Eye, où des détenus étaient torturés.
Gina Haspel, 61 ans, qui a participé activement aux programmes d’extradition de la CIA a été envoyée juste après les attentats terroristes du 11 septembre pour superviser cette prison.
Haspel est devenue ensuite "l’étoile montante" de cette agence de renseignement, selon le New York Times, jusqu’à ce que le scandale de torture d’un prisonnier par simulation de noyade n’éclate au grand jour.
Abu Zubaydah, considéré comme le cerveau des attentats de 2001, a été le premier terroriste présumé capturé par la CIA en 2002 avec l’aide des autorités pakistanaises et transféré à cette prison en Thaïlande.
Ce membre présumé d’al Qaida, torturé sous la responsabilité de Gina Hasper, a été soumis au moins 83 fois à des simulations de noyade, selon le quotidien américain.
" La torture des détenus aux Etats-Unis pendant la dernière décennie a été l'un des chapitres les plus sombres de l'histoire américaine", a tweeté le sénateur républicain, John McCain, après l’annonce par le président Trump de nommer Gina Haspel à la tête de la CIA.
"Le Sénat doit faire son travail en examinant le dossier et l'implication de Gina Haspel dans ce programme honteux" , a ajouté le sénateur qui a été lui-même détenu et torturé durant la guerre du Vietnam.
John McCain a demandé à Haspel de s’exprimer publiquement sur son rôle dans les interrogatoires renforcés auxquels ont été soumis des détenus accusés de terrorisme.
Cet agent a été également mêlée à un autre épisode sombre du programme d'interrogatoire de la CIA. En 2005, alors qu’elle secondait le chef de service clandestin de la CIA, Jose Rodriguez, en tant que chef de cabinet, Haspel a approuvé la destruction d’enregistrements vidéo pointant sa responsabilité dans des interrogatoires brutaux, contre les membres présumés d’al Qaida.
Une année après cet épisode, le Sénat a bloqué sa nomination à la tête de ce service.
A Washington, l’audition attendue de Gina Haspel alimente la polémique sur les arguments qu’elle puisse utiliser pour se défendre des accusations de destruction de preuves de torture et de recours à des techniques d’interrogatoire brutales, assimilés à des actes de torture.
Haspel sera certainement interrogée si elle envisageait de rétablir la technique de simulation de noyade, utilisée à l’époque de Georges Bush et interdite ensuite par Barack Obama.
La nomination de Haspel, largement contestée dans la sphère politico-médiatique américaine, a été cependant défendu par ses proches collaborateurs qui estiment que les leçons tirées de son expérience précédente feront d’elle un dirigeant "consciencieux et réfléchi". APS