Alors que le Yémen, ravagé par une guerre meurtrière qui est entré lundi dans sa quatrième année, s'enfonce dans la « pire crise humanitaire au monde » selon l'ONU, des organisations internationales et des humanitaires multiplient les mises en garde.
Le Conseil de sécurité de l'ONU a affirmé le 15 mars que la forte dégradation des conditions de vie avait un impact « dévastateur » au Yémen où 22,2 millions de civils ont besoin d'être aidés, alors que certaines régions sont au bord de la famine.
« Aujourd’hui les civils restent à la ligne de front du conflit victimes de la lutte entre la coalition et les groupes Houthis » a déclaré sur Radio Onu Kate Gilmore le Haut-commissaire adjointe des Nations Unies aux droits de l’homme, une déclaration rediffusée par la Radio Algérienne.
Le chef des rebelles Houthis au Yémen a marqué dimanche le troisième anniversaire de l'intervention militaire de la coalition menée par l'Arabie saoudite, alliée du gouvernement, sur un ton de défi envers Ryad.
« Nous sommes prêts à plus de sacrifices parce que notre peuple est devenu plus apte à résister à l'agression », a clamé Abdel Malek al-Houthi dans un long discours télévisé retransmis par Al-Masirah.
Depuis le 26 mars 2015, une coalition militaire sous commandement saoudien intervient au Yémen en soutien aux forces du gouvernement internationalement reconnu pour contrer les rebelles Houthis qui ont pris en 2014 le contrôle de Sanaa et d'autres secteurs du pays.
Le conflit a fait quelque 10.000 morts et 53.000 blessés, dont de nombreux civils, et provoqué une catastrophe humanitaire qualifiée de majeure par les Nations unies.
Abdel Malek al-Houthi a encore « dénoncé une invasion et une occupation des forces de la coalition ». Il a accusé l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, autre pilier de la coalition, d'être les «outils de l'agression inspirée par les Etats-Unis » et d'avoir multiplié au Yémen « des crimes de guerre ».
L'intervention de la coalition a permis de reprendre aux Houthis cinq provinces du sud mais les rebelles contrôlent toujours d'autres zones, en dehors de la capitale.
Les négociations de paix sont au point mort après plusieurs tentatives infructueuses des Nations unies.
Le Yémen devrait être frappé d'une nouvelle épidémie meurtrière de choléra d'ici à quelques mois, a averti de son côté, Geert Cappelaere, directeur de l'Unicef pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord.
Geert Cappelaere a rappelé que plus d'un million d'enfants avaient été atteints du choléra l'année dernière en raison du manque d'accès à l'eau et à la vaccination et qu'un enfant yéménite mourait toutes les 10 minutes de maladies évitables.
« Ne nous leurrons pas, le choléra va revenir. Dans quelques semaines, la saison des pluies va recommencer et sans un investissement énorme et immédiat, le choléra frappera à nouveau les enfants yéménites », a-t-il déclaré dimanche cité par The Guardian.
Cappelaere a signalé que l'Unicef avait dû négocier pendant des mois avec les deux parties du conflit pour obtenir la permission de lancer un programme de vaccination.
Le port de Hodeida au Yémen, sous contrôle rebelle, ressemble à une brousse, alors que la coalition dirigée par Ryad a affirmé il y a trois mois avoir levé le blocus de ce terminal important pour un pays dépendant des importations.
En février, les importations alimentaires répondaient seulement à la moitié des besoins de la population, selon l'agence de l'ONU chargée des affaires humanitaires.
Le port de Hodeida est un canal vital pour atteindre les régions affectées par la guerre, il devrait pouvoir « subvenir aux besoins de plus de 20 millions de Yéménites et accueillir 70% des importations du pays » En février, seulement 24% des besoins en carburant au Yémen ont été pourvus et 51% des besoins en nourriture. Et comme des cargaisons insuffisantes entrent dans le port, les prix continuent de grimper. Il y a un blocus de facto.