La politique de déradicalisation, menée en Algérie, s’est appuyée sur la consolidation de la démocratie, en tant que "choix stratégique", a indiqué mercredi à Paris le ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel.
"La politique de déradicalisation s’est appuyée sur la consolidation de la démocratie, en tant que choix stratégique à même de lutter contre les discours de l’exclusif, seul programme politique véhiculé par les extrémistes, et de l’exclusion qui tend à combattre toute opposition à son seul et unique discours, quel qu’en soit le contenu", a expliqué le ministre dans une conférence ayant pour thème "Contre le terrorisme et l'extrémisme, la déradicalisation : l'expérience algérienne" qu'il a donnée à l'Institut français des relations internationales (IFRI).
Pour lui, c’est-là où réside le caractère "stratégique" de ce choix opéré par l’Etat algérien qui a érigé la démocratie en "un antidote aux discours extrémistes et radicaux".
Il a expliqué que cette politique met la population et le pays tout entier "à l’abri de potentiels futurs risques de radicalisation", notant qu'elle est globale et multisectorielle et que son succès repose sur l’adhésion et l’implication des citoyens ainsi que de tous les acteurs publics et privés.
"Elle se fonde sur une démarche inclusive qui tend à éliminer, au sein de la société, les facteurs socioéconomiques, mais aussi politique, religieux, culturel et autres, favorisant la marginalisation, en particulier des jeunes", a-t-il ajouté, soulignant que cette politique "a été et reste un axe fondamental" dans les politiques et programmes sectoriels de l’Etat algérien.
Evoquant la politique de réconciliation nationale, le ministre a indiqué que sa réussite a été possible grâce à la réunion de quatre conditions fondamentales.
Il a cité à cet effet l’exigence de respect de la Constitution et des lois de la République par tous, la nécessité d’une "solidarité agissante" de l’ensemble de la communauté nationale avec toutes les victimes de la tragédie nationale, la reconnaissance du rôle des institutions étatiques et du patriotisme des forces vives de la nation, qui ont sauvé le pays du chaos programmé par les ennemis du peuple, et l’ouverture de la chance du retour au sein de la communauté nationale à "ceux dont la voie s’en est écartée, un retour qui se fonde sur le repentir dans le respect de l’ordre républicain".
En outre, il a également souligné la "forte" relance du développement économique grâce à de "très ambitieux" programmes "centrés sur le développement des infrastructures, l’amélioration des conditions de vies de la population, le renforcement de la justice sociale par des transferts sociaux élevés au profit des couches défavorisées, et la modernisation de la gouvernance de l’économie, de l’administration, de l’éducation et de tous les autres secteurs d’activités".
La démarche algérienne a intégré dans son action, a-t-il dit, la promotion au sein de la société, dans le système éducatif, dans le fonctionnement des institutions publiques et dans le cadre d’activités de sensibilisation, "des valeurs et des principes encourageant le vivre ensemble en paix à travers la réconciliation, le pardon, la tolérance, la valorisation de la différence, le respect mutuel, l’inclusion, la compréhension, la solidarité, le dialogue, la négociation et le rejet de la violence".
Comme elle a également intégré, a-t-il poursuivi, "la réhabilitation et la réappropriation de notre histoire et de notre identité nationale dans leur triple dimension amazighe, arabe et musulmane, en faisant notamment de tamazight une langue nationale et officielle au côté de la langue arabe, et de Yennayer célébré depuis des millénaires dans l’ensemble des campagnes de l’est à l’ouest de l’Algérie, une fête nationale".
"C’est notre conviction que grâce à cette démarche rassembleuse, la nation sera à même de fermer durablement les portes de la rancoeur, d’éliminer les risques de stigmatisation sociale et les résidus pouvant alimenter les démons de la vengeance", a-t-il conclu. APS