Lors d’une conférence de presse télévisée et diffusée en direct, animée ce matin au Centre international des conférences Abdelatif Rahal, le premier ministre, Ahmed Ouyahia, s’est plutôt voulu rassurant quant à la l’évolution de la situation économique du pays, prévoyant une nette amélioration durant cette année 2018.
Avant de s’adonner au jeu des questions-réponses des nombreux représentants de la presse nationale, le premier ministre s’est d'abord étalé, chiffres à l’appui, sur les principaux indicateurs économiques, touchant notamment aux secteurs de la santé, l’éducation, le logement et l'emploi. Il a notamment livré des chiffres sur les réalisations dans différents secteurs durant l'année 2017.
Premier indicateur, le taux d'inflation qui, selon Ahmed Ouyahia qui cite les chiffres de l’ONS (Office national des statistiques), continue à se réduire passant de 7% en octobre 2017, à 5,6% en décembre, puis à 5,2% en janvier 2018.
Il n’omet pas, au passage, de rappeler le nombre de nouveaux projets d’investissement enregistrés au niveau de l’ANDI (Agence nationale de développement de l’investissement) et qui est de près de 5000 projets en 2018.
Soulignant les efforts du gouvernement pour le redressement de la situation financière du pays suite à la chute des prix du pétrole, il rappelle les 2200 milliards de dinars mis par le Trésor public pour la relance des à la disposition des banques et aussi destiné à la relance des projets de logement dans le carde du dispositif de l’AADL (Agence de l’amélioration et de développement du logement). Cet effort financier est également destiné à faire face aux dettes de certaines grandes entreprises à l’instar de la Sonelgaz.
Situation socio-économique en 2017 : des résultats corrects malgré une crise économique sévère
Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a affirmé que les résultats réalisés par l'Algérie en 2017 étaient «corrects», malgré une crise économique sévère due à une chute drastique des cours du pétrole.
M. Ouyahia a expliqué que «malgré que l’année 2017, durant laquelle le Fonds de régulation des recettes (FRR) avait expiré en ayant ainsi des impacts y compris sur le budget des équipements, a enregistré des résultats corrects».
Pour illustrer ses propos, le Premier ministre a avancé que l’économie nationale avait enregistré en 2017, un investissement de l'ordre de 3.500 milliards DA (environ 30 milliards de dollars américains) par le biais du budget public et des crédits bancaires.
«Nous pouvons rajouter à ce montant (3.500 milliards DA) et sans exagération, 50% de plus, provenant des investissements directs et de l’économie parallèle», a-t-il précisé.
Cette activité économique, a-t-il poursuivi, avait eu des résultats, d’abord, au niveau de la croissance nationale hors hydrocarbures, qui avait atteint 3,7% en 2017, citant des statistiques de l'Office nationale des statistiques (ONS).
En incluant les hydrocarbures, qui avaient connu une croissance négative engendrée par un nombre de facteurs dont le respect de l'engagement de l’Algérie à réduire sa production conformément à la décision de l’organisation des pays producteurs de pétrole (OPEP), la croissance nationale globale avait atteint 2,2% durant l'année 2017, a-t-il précisé.
Plus de 1.500 projets d'infrastructures socio-culturelles dégelés en 2017
Plus de 1.500 projets d'infrastructures socio-culturelles, pour un montant total de plus de 260 milliards DA, ont été dégelés en 2017, grâce au recours aux emprunts du Trésor auprès de la Banque d'Algérie, a annoncé Ahmed Ouyahia.
Dans le secteur de l'éducation nationale, 1.213 projets ont été dégelés pour un coût de 118 milliards DA, à savoir 700 écoles et groupes scolaires, 205 collèges, 134 lycées, 116 demi-pensions, 334 cantines scolaires et 252 salles et terrains de sport scolaire, a expliqué M. Ouyahia.
Le secteur de la Santé enregistre le dégel de 198 projets d'un montant total de 50,6 milliards DA, à savoir 5 établissements hospitaliers spécialisés, 10 complexes mère et enfant, 3 centres anti-cancer et 101 polycliniques, ainsi que l'acquisition d'équipements médicaux, a ajouté le Premier ministre, faisant état du dégel pour le secteur de l'enseignement supérieur de 54 projets pour 5,5 milliards DA.
De son côté, le secteur des ressources en eau a vu le dégel de 94 projets totalisant 88,5 milliards DA, à savoir 25 stations d'épuration d'eaux usées, diverses opérations de réalisation et réhabilitation de réseaux d'assainissement et diverses opérations de protection des villes contre les inondations.
D'autre part, M. Ouyahia a évoqué les réalisations enregistrées en 2017. A cet égard, il fait état en matière d'éducation nationale, de la réception de 55 lycées, 48 collèges, 80 écoles primaires et 80 cantines scolaires, alors que pour l'enseignement supérieur il est comptabilisé 25.500 places pédagogiques, 21.616 places d'hébergement et 6 restaurants universitaires.
Treize instituts de formations et d'enseignement professionnels et 7 centres de formation professionnelle ont été, en outre, réceptionnés, tandis que dans le domaine de la jeunesse et sports, le Premier ministre cite 31 terrains sportifs de proximité, 45 terrains sportifs de proximité et aires de jeux, 14 salles omnisports, 25 piscines et 31 maisons de jeunes.
Pour l'habitat, le document mentionne la livraison de 287.281 logements, dont 95.159 logements publics locatifs, 49.908 logements promotionnels et 112.308 logements ruraux. 160.257 autres logements ont été mis en chantier au cours du même exercice.
Concernant la santé, 7 nouveaux hôpitaux y compris spécialisés, 20 polycliniques, 3 centres anti-cancer, 1 complexe mère et enfant et 56 salles de soins ont été réceptionnés.
Le secteur de la culture a enregistré, pour sa part, la réception d'un complexe, 45 bibliothèques, 3 salles de cinéma, 1 conservatoire de musique et 3 musées.
Abordant l'emploi, M. Ouyahia fait état de la création de 563.000 postes. Dans le détail, il s'agit de 92.300 emplois créés par la Fonction publique, 366.300 placements effectués par les agences d'emplois, 18.000 emplois créés par l'investissement de micro entreprises et 87.000 emplois d'attente par contrats d'insertion et de travail aidé.
Il a également cité 409.000 bénéficiaires des programmes d'insertion répartis comme suit: 310.000 dans le cadre du dispositif d'activité à l'insertion (DAIS), 36.000 dans le cadre du programme d'insertion sociale des jeunes diplômés et 63.000 dans le cadre du programme d'aide à l'activité à domicile (ANGEM).
Académie de langue amazighe : l'avant-projet examiné «dans les prochains jours» au Conseil des ministres
L'avant-projet de loi organique relatif à la création de l'Académie algérienne de la langue amazighe sera examiné «dans les prochains jours» au Conseil des ministres, pour le soumettre au Parlement, «durant le premier semestre» de l'année en cours, a-t-il indiqué.
L'avant-projet de loi organique relatif à cette académie sera examiné au Conseil des ministres «qui devrait être tenu dans les prochains jours», avant de le présenter au Parlement durant le premier semestre de l'année en cours, a affirmé M. Ouyahia lors d'une conférence de presse.
Rappelant la promotion de la langue amazighe au rang de langue nationale et officielle lors de la révision constitutionnelle de 2016, le Premier ministre a «réaffirmé l'engagement de l'Etat pour le développement la culture amazighe, à même de souder encore plus l'unité nationale».
Il précisé, à cet effet, que le projet de création de l'académie de langue amazighe est sur la «bonne voie», comme la généralisation de l'enseignement de tamazight, qui est assurée actuellement dans 38 wilayas, en mettant en avant la nécessité de laisser le travail aux experts pour continuer la tâche.
Le gouvernement a finalisé l'avant-projet de loi organique relatif à l'Académie algérienne de la langue amazighe.
Ce texte fixe les missions, la composition, l'organisation et le fonctionnement de cette Académie instituée par l'article 4 de la Constitution qui déclare que Tamazight est également langue nationale et officielle.
Prévisions socioéconomiques : une année 2018 meilleure que la précédente
Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a affirmé que les prévisions annoncent une année 2018 «sans aucun doute meilleure», sur les plans économique et social, que l’année précédente.
M. Ouyahia a indiqué que «l’année 2018 sera sans aucun doute meilleure que l’année précédente pour plusieurs raisons à commencer par l’augmentation, par l'Etat, du volume des budgets, ainsi que la dynamique que connaissent l’économie et l’investissement depuis le deuxième semestre de 2017 et les premiers mois de l’année en cours».
Parmi ces raisons, qui augurent d’une année 2018 «meilleure», le Premier ministre a cité également l'importance des pluies enregistrées jusqu’à présent, permettant ainsi de prévoir un bon exercice agricole.
Revenant sur les trois facteurs précités, M. Ouyahia a expliqué sur le volet financier, l’année 2017 avait enregistré un budget d’équipement de 2.500 milliards DA, alors que le montant de ce budget, inscrit dans la loi de Finances 2018, est de 4.100 milliards DA, «donc presque le double».
Selon lui, l’assainissement par l’Etat de ses dettes à l’égard des entreprises économiques nationales, en consentant, une enveloppe financière de plus de 700 milliards DA, figure aussi parmi les facteurs permettant une amélioration des résultats de cette année, outre la levée du gel pour la réalisation de plus 1.500 projets d’un coût global de 260 milliards DA, et qui concernent des secteurs comme l’éducation, la santé, l’enseignement supérieur et les ressources en eau.
S’agissant des investissements, le Premier ministre a fait savoir que l’Agence nationale de développement des investissements (ANDI) avait enregistré en 2017 et durant les premiers mois de l’année en cours, quelque 5.000 nouveaux projets d’investissements.
Il a, à ce propos, cité certains grands projets, dans lesquels l’Etat a joué un rôle prépondérant, à l’image du Complexe sidérurgique d’El Hadjar, qui connaît un plan de relance, ainsi qu’un partenariat avec un groupe émirati.
M. Ouyahia a également évoqué les efforts pour le doublement de la production du phosphate, dans la wilaya de Tébessa, avec l’association de quatre entreprises. Il s’agit là d’un projet de partenariat qui est sur «le seuil du démarrage et coutera 6 milliards dollars».
Le Premier ministre a, par ailleurs, souligné que les mesures de limitation de l’importation prises par l’Etat et mises en vigueur depuis janvier dernier, offrent davantage de marchés nationaux aux opérateurs locaux.
Financement non conventionnel : baisse du taux d'inflation contredit les critiques
Le Premier ministre a affirmé que le recours à l’endettement intérieur (financement non conventionnel) a permis de réduire de taux l'inflation, contrairement à ce qui a été prévu par certains experts.
«Beaucoup a été dit par les experts, qui avaient estimé que l’endettement intérieur allait entrainer de l’inflation, mais Dieu merci, et je peux vous le démontrer sur la base de statistiques, dont vous aviez déjà pris connaissance avant aujourd’hui, que si l’inflation qui était de 6% en octobre 2017, de 5,6 % en décembre 2017 et de 5,2% en janvier 2018 est passée à 4,9% en février 2018. Cela signifie et contrairement à ce qui a été dit, que l’inflation est en train de baisser un peu», a-t-il expliqué lors d’une conférence de presse consacrée à la présentation du bilan du gouvernement.
«Si vous me demandez comment le pays a financé ses activités. Je vous répondrais que cela a été possible, non pas parce que la crise économique a expiré, mais parce que l’Etat avait recouru à un endettement intérieur. Le trésor public emprunte ainsi de la Banque centrale», a-t-il précisé devant un parterre de journalistes.
Rappelant que le sujet du recours au financement non conventionnel avait suscité un grand débat au cours de l’année 2017, le Premier ministre a dit : «Je peux vous dire que cette dette avait atteint les 2.200 milliards DA, dont 570 milliards DA pour le budget et le reste pour relancer le réseau bancaire et le financement de la construction des logements AADL, ainsi que l’assainissement des dettes de l’Etat à l’égard de Sonelgaz et Sonatrach».
Selon lui, cette mesure qui a été critiquée par certains, a permis à l’Algérie de vivre une crise des hydrocarbures «mortelle» et qui est plus difficile que celle de 1986.
«Dieu merci le pays a pu y faire face grâce aux sages décisions du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, dont le payement de la dette extérieur par anticipation, la création du Fonds de régulation des recettes (FFR), ayant permis au pays de se financer durant trois ans, ainsi que le recours au financement non conventionnel», a-t-il soutenu.
«Cet endettement intérieur n’est pas une aventure, pour expliquer cela à l’opinion publique à travers vous les médias», a-t-il avancé.
Il rappelé, en outre, que l’Etat avait choisi d’accompagner cet endettement intérieur par un programme de réforme, publié dans le Journal officiel, dans le but de rééquilibrer ses comptes intérieurs et extérieurs, ainsi qu’une redynamisation de l’économie nationale en général.