Le safran, une épice produite dans plusieurs wilayas du pays et dont la culture séduit de plus en plus d’agriculteurs, commence à investir le marché international aux côtés d’autres produits similaires auxquels «il n’a rien à envier».
C’est ce qu’a affirmé à l’APS, en marge du salon national de l'agriculture et de l'innovation qui s'est tenu dernièrement à Tizi Ouzou, Adel Bennaidja, propriétaire d’une safranière dans la commune de Guelta Zerga dans la daïra d’El Eulma, wilaya de Sétif, qui s’est lancé dans la production de l’Or rouge en 2014. «Si le Safran algérien peine à trouver des clients sur le territoire national étant un produit méconnu et coûteux, son prix étant de 4 500 DA le gramme, il est très demandé par le consommateur étranger», a-t-il souligné.
Coûtant entre 30 000 et 40 000 DA le kilo de pistils séchés, cette épice est très demandé par les consommateurs européens et du pays du golf notamment, a affirmé M. Bennaidja, qui vend sa récolte à des intermédiaires qui se chargent ensuite de son exportation, n’ayant pas le temps de le faire lui même, a-t-il indiqué.
Pour assurer un meilleur placement de son safran sur le marché international, ce safranier a fait analyser un échantillon de sa récolte 2017 par un laboratoire d’un pays étranger qui a évalué les forces organoleptique du produit. Les conclusions des ces analyses certifient la conformité du Safran produit par les frères Bennaidja à la catégorie 2 de la norme ISO 3632-2.
Ce producteur titulaire d’un magistère en comptabilité a suivi, à l’étranger, une formation sur la culture et la production de Safran et s’est appuyé sur l’aide de son frère qui détient un master en science agronomique pour lancer sa safranière sur une superficie de 200 m2. Une superficie qui lui a permis de réaliser une première production de 20 grammes de l’épice la plus cher au monde, soutient-il.
Aujourd’hui la safranière des frères Bennaidja s’étend sur une superficie de 5 000 M2 et avait produit en 2017 environ 400 grammes de pistils séchés, a indiqué Adel. Il faut quelque 200 fleurs, devant être récoltées à l’aube pour préserver tout le parfum du produit, pour obtenir un gramme de pistils qui, une fois séchés, perdent entre 80 et 90% de leur poids. La plantation du bulbe se fait entre août et septembre et la récolte au bout de 45 jusqu'à 70 jours, a-t-il expliqué.
Le safran de montagne, une expérience lancée à Tizi-Ouzou
Cultivé essentiellement dans l’Ouest du pays et surtout dans la région des Hauts plateaux et sur de grandes superficies, le Safran qui s’adapte à plusieurs types de sol à condition qu’il soit bien drainé et qui n’est pas gourmand en eau, peut aussi être produit dans une zone de montagne et c’est le défi que se sont lancés des producteurs de la wilaya de Tizi-Ouzou.
C’est le cas de l’agriculteur Hammani Farid qui a réalisé cette année une première plantation de 30 kilos de bulbes de safran sur une parcelle de 500 m2 au village Ath Lahcène, dans la commune de Béni Yenni, à environ 900 mètres d’altitude, pour tenter l’expérience de cette culture dans cette localité du Djurdjura, a-t-on appris du responsable de la subdivision agricole d’Ath Yenni, Rachid Djouadi.
Selon M. Djouadi, cette safranière est l’une des premières à l’échelle de la wilaya. «La subdivision agricole va accompagner l’agriculteur Hammani Farid et suivre l’évolution de cette plantation afin d’apprendre les exigences de cette culture ainsi que les méthodes de récolte et séchage des pistils, et ce en prévision de la généralisation de cette filière qui est nouvelle dans notre région», a-t-il dit.
Pour encourager cette filière, l’Institut de technologie moyen agricole spécialisé en agriculture de montagne (ITMAS) de Boukhalfa (Banlieue ouest de Tizi-Ouzou) a créé, en septembre dernier, un site de démonstration de culture de safran en zone montagneuse au sein de ce même établissement, a indiqué la responsable de la cellule de conception des programmes, Hini Nadia.
Pour les besoins de ce projet expérimental, l’association safran de Tiaret a offert à l’ITMAS de Tizi-Ouzou un kilo de bulbes et a aussi partagé avec ses formateurs, qui ont déjà suivi une session en avril dernier sur cette culture, de précieux conseils sur la conduite d’une safranière, a-t-on ajouté de même source.
Cet Institut de formation agricole, qui prévoit une autre formation sur la conduite d’une safranière (plantation, récolte, séchage), au profit des cadres du secteur, ambitionne de contribuer, par cette démarche, au développement de la filière du safran dans la wilaya de Tizi-Ouzou, en sensibilisant les agriculteurs à se lancer dans la culture de l’Or rouge, a ajouté Mme Hini. APS