Les Etats-Unis sortent officiellement vendredi d'un traité sur les armes nucléaires de portée intermédiaire (INF), signé en 1987 avec la Russie, après des accusations mutuelles sur la violation de cet accord.
"Le traité INF nous a été utile, mais il ne fonctionne que si les deux parties le respectent", a indiqué récemment le nouveau chef du Pentagone Mark Esper. "Les Etats-Unis vont respecter le traité et toutes leurs obligations jusqu'au 2 août, après quoi nous ferons ce qui est dans notre intérêt", a-t-il précisé devant les élus du Sénat.
ashington avait annoncé son retrait de cet accord qui abolit l'usage des missiles terrestres d'une portée de 500 à 5.500 km, en février dernier. "Les Etats-Unis vont suspendre leurs obligations dans le cadre du traité INF et lancer le processus de retrait, qui sera achevé dans six mois à moins que la Russie respecte ses obligations en détruisant tous ses missiles, lanceurs et équipements qui violent le texte", avait déclaré alors le président américain Donald Trump.
En réponse à cette annonce, la Russie avait mis en garde les Etats-Unis contre un retrait "extrêmement irresponsable", jugeant le traité "nécessaire" notamment à la sécurité et la stabilité mondiale".
En octobre 2018, le président Trump avait déjà indiqué son intention de se retirer du traité INF, signé entre l'ex-URSS et les Etats Unis en 1987 et , accusant Moscou de ne pas le respecter. La Russie a démenti à maintes reprises ces accusations "sans fondement", assurant que c'était Washington qui avait violé le traité.
Le processus de retrait de cet accord arrive donc à son terme sans que la Russie n'ait, comme l'exigeait Washington, détruit les armes accusées de violer le texte. Au contraire, le président Vladimir Poutine a ratifié, début juillet, la suspension par la Russie de sa participation au traité.
Cette décision avait été annoncée sitôt celle de Donald Trump connue, puis approuvée en juin par le Parlement russe.
Washington dénonce depuis 2014 le développement par Moscou de systèmes violant le traité INF. Le missile en question, le 9M729, a une portée d'environ 1.500 km selon l'Otan alors que Moscou assure qu'il ne peut voler que 480 km.
De leurs côtés, les hauts responsables russes critiquaient depuis des années le traité INF, qu'ils jugeaient à l'avantage de Washington, et l'idée que la Russie n'en avait pas besoin s'était imposée au Kremlin.
"Dès 2007, quand la Russie s'est retirée du traité FCE (sur les armes conventionnelles en Europe), l'armée russe et le Kremlin disaient que le traité INF n'était pas un bon accord, qu'il n'était pas juste", selon l'expert indépendant Pavel Felgenhauer.
A Moscou, le sujet revenait sur la table à chaque nouvelle annonce de déploiement d'un système de défense antimissile américain chez des alliés de Washington, en Europe ou en Asie. Pour les Etats-Unis, ces systèmes sont uniquement défensifs, mais la Russie les considère comme "une menace à ses portes contre ses installations nucléaires".