Le processus visant à échanger des ambassadeurs entre le Soudan et les Etats-Unis, après 23 ans d'interruption, constitue un immense pas en avant dans le rétablissement des relations bilatérales, s'accordent à dire des responsables des deux pays.
«Les Etats-Unis et le Soudan ont décidé d'engager le processus visant à échanger des ambassadeurs après une pause de 23 ans. Cette décision est un pas en avant important dans le renforcement des relations bilatérales américano-soudanaises», a annoncé mercredi le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo, notant que cette décision intervient «en pleine phase de lancement des réformes tous azimuts au Soudan par un gouvernement civil».
Cette décision qui intervient au cours de la visite du Premier ministre soudanais, Abdalla Hamdok, aux Etats-Unis, une première depuis 1985, «sera immanquablement un immense pas vers l'édification du Soudan et sa relance sur la scène internationale», a souligné, pour sa part, M. Hamdok.
«C'est un immense pas vers l'édification du Soudan après une rupture de 23 ans. La consolidation des relations entre les Etats-Unis et le Soudan est un repère dans la carte du développement du Soudan et sa relance dans le concert des Nations», a-t-il, déclaré, au terme de son entrevue avec le secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin.
La rupture des relations entre le Soudan et les deux Etats-Unis avait débuté en 1993, avant d'être consommée en 1998 avec des raids aériens américains au Soudan. Le Soudan a été ensuite inscrit sur le liste noire américaine des «Etats soutenant le terrorisme.
Les Etats-Unis avaient fermé leur ambassade à Khartoum en 1996 et retiré leur ambassadeur. L'ambassade a été rouverte en 2002 mais était dirigée par un chargé d'affaires.
Le Premier ministre du gouvernement de transition au Soudan s'est entretenu au cours de sa visite à Washington avec des responsables américains.
Au département d'Etat, il a été reçu, mercredi, par le numéro trois de la diplomatie américaine, David Hale, qui l'a «félicité» et «a exprimé le soutien sans faille des Etats-Unis à la transition démocratique soudanaise». Il l'a appelé «à terminer de mettre en place les institutions de transition», rapportent des sources médiatiques locales.
M.Hale s'est engagé à travailler avec le Congrès américain afin de confirmer le nouvel ambassadeur.
Plusieurs signes de bonne volonté, en attendant le retrait du Soudan de la liste noire
Les gestes de bonne volonté et de réconciliation des Etats-Unis à l'endroit du Soudan sont nombreux depuis la chute de l'ancien régime de Omar el-Béchir le 11 avril de l'année en cours, selon les analystes de la scène politique internationale, qui relèvent toutefois que le processus de réconciliation reste incomplet, tant que le Soudan figure encore sur la liste noire américaine des Etats soutenant le terrorisme.
Washington était, en effet, parmi les premiers pays ayant soutenu les manifestations des Soudanais contre le pouvoir en place au printemps dernier, indique-t-on.
Les autorités américaines avaient interpellé, dans ce sillage, à maintes reprises les responsables du «Conseil militaire de transition» à épargner aux manifestants la violence et la répression. Dans ce sens, de nombreuses réunions avaient eu lieu avec les responsables soudanais et le chargé d'affaire américain au Soudan, Brian Showkan, ajoute-t-on.
En outre, pour aider les autorités soudanaises dans la prise en charge des besoins des Soudanais durement touchés par la crise économique, Washington avait offert une aide d'un montant de 350 millions de dollars, selon M.Showkan.
Aussi, les Etats-Unis se concertent souvent avec les autorités soudanaises concernant le conflit dans le Soudan du sud. Ce point a été abordé aussi lors de la visite de M. Hamdok à Washington.
Les Etats-Unis se sont engagés, en outre, au lendemain de l'éviction d'El-Béchir par l'armée à retirer le nom du Soudan des accusés de soutenir le terrorisme «au cas où le Conseil militaire de transition engageait un changement fondamental de gouvernance».
Le retrait du Soudan de la liste noire des Etats soutenant le terrorisme reste le souhait premier du gouvernement de transition au Soudan. Le maintien du pays dans la liste noire «est préjudiciable», affirment les responsables du gouvernement de transition. Le retrait du Soudan de cette liste a été réclamé par plusieurs pays.