C’est aujourd’hui, 1er septembre 2020, que s’achève les 12 années de transition de l’Accord d’association avec l’Union européenne et son entrée en vigueur, signé faut-il le rappeler en septembre 2000 entre l’Algérie et l’Union européenne. Les experts appellent à l’occasion à la révision des clauses de ce partenariat.
Après tant d’années de préparation et d’exercices d’échanges non concluants pour l’Algérie, les opérateurs estiment qu’il est bel et bien temps d’une renégociation pour un réel partenariat gagnant-gagnant.
« C’est un accord qui doit être revu à tout prix, car dans les conditions actuelles il demeure désavantageux à l’économie nationale, pas encore prête à affronter les mastodontes de l’Europe Unie », tel est le constat des opérateurs et associations économiques qui dénoncent une situation défavorable qui s’est inscrite dans la durée.
« L’application totale de l’Accord d’association entre l’Algérie et l’UE, entré en vigueur en 2005, signifie l’entrée de produits et services de et vers cet espace commercial euro-algérien avec zéro droit de douane. Or les opérateurs économiques craignent pouvoir faire face à la concurrence des produits européens », a indiqué Samy Akli, président de la Confédération nationale du Patronat-citoyen.
« Reporté par deux fois, en 2010 et 2015, le démantèlement tarifaire total avec l’UE devra encore attendre», estime de son côté Ali Benasri, président des Exportateurs algériens.
« Nous sommes dans un tournant historique dans la gouvernance du pays, donc en situation fragile, ce qui nécessite un accompagnement pour aider au développement économique du pays », ajoute M. Benasri. Et d’ajouter que « l’Europe doit comprendre que l’Algérie est un partenaire entier et qu’au-delà des aspects politique et sécuritaire, le commerce doit, lui aussi, être surpassé ». Pour cet opérateur « l’accord d’association ne menace pas les intérêts de l’Europe dont les échanges avec l’Algérie n’excèdent pas 0,8 % » et de rappeler « côté algérien, il faut faire valoir que cet accord est un partenariat et de prospérité partagés ».
« Mais, en dépit de leurs avancées en matière d’innovation, le principe de prospérité partagée n’a pas été respecté côté européen », déplore pour sa part le chef d’entreprise Chakib Boublenza, notamment en matière de transfert technologique.
Rappelons que ce pacte de partenariat, signé en avril 2002, n’est entré en vigueur qu’en septembre 2005. Depuis, la balance commerciale entre l’Algérie et les pays de l’Union a toujours été en défaveur de notre pays.
Notons que depuis septembre 2005 jusqu’à 2015, seulement, les exportations algériennes hors hydrocarbures (HH) à destination de l’UE n’ont même pas atteint les 14 milliards de dollars, alors que le cumul des importations algériennes auprès de son partenaire européen s’est chiffré à 220 milliards de dollars avec une moyenne annuelle de 22 milliards de dollars. Les exportations algériennes hors hydrocarbures vers les pays de l’UE sont passées de 597 millions de dollars en 2005 à seulement 2,3 milliards de dollars en 2014 avant de baisser à 1,6 milliard de dollars en 2015.
L’impact dudit accord sur le flux des investissements directs européens vers l’Algérie n’a pas été non plus avantageux non plus. Les chiffres parlent aussi de pertes algériennes estimées à 30 milliards de dollars.
Alors que l’approche commerciale de l’Europe est contestée, il est reproché à l’Algérie de ne pas se développer assez vite. À cette optique et à ce rythme, l’Accord d’association semble à ce jour inapplicable.