Les sécuritaires marocains, de connivence avec une presse aux ordres continuent, dans un contexte sanitaire marquée par une crise mondiale liée au Covid-19, de bafouer les libertés individuelles et de s'adonner à un spectacle d'espionnage, faisant du royaume la risée de la communauté internationale, selon un article d'opinion du média en ligne Middle East Eye.
Le journal basé à Londres fait notamment savoir que "les opposants tenaces sont englués des scandales sexuels fabriqués de toutes pièces", marquant "le retour à un Etat policier, ranimé par l'état d'urgence sanitaire.
Citant plusieurs exemples d'affaires de mœurs destinés à jeter le discrédit sur les opposants au régime de Rabat, le rédacteur de l'article, précise que, "le régime du roi Mohammed VI, qui se prétend libéral en matière de mœurs, l’utilise pour déstabiliser ses opposants et jeter sur eux le discrédit moral".
"On ne compte plus le nombre d’affaires dans lesquelles le régime accuse les dissidents d’adultère, de harcèlement ou de viol, qui se transforment rapidement en scandales sexuels grâce aux relais offerts par une presse de caniveau", a-t-on précisé.
Un régime qui bascule vers un Etat policier
Il cite, entre autres, le cas du journaliste et militant des droits humains, Omar Radi, qui a été mis en détention en 2019 pour des accusations ayant une relation avec les "mœurs".
Il a également cité l’affaire de l’ex-officier de police et de son avocat et chef du PML (Parti Marocain Libéral), Mohammed Ziane, qui démontre, l’incapacité du roi Mohammed VI à composer démocratiquement avec les voix de l’opposition qui dénoncent l’autoritarisme et aspirent à l’Etat de droit et des libertés.
L'auteur de l'article estime "qu'avec une police apparemment au-dessus de la loi, dirigée d’une main de fer par Abdellatif Hammouchi, Mohammed VI se trouve ainsi pris en otage par les sécuritaires".
Son régime a ainsi régénéré le modèle d’un "Etat policier" que son père confectionna durant une dictature marquée par les "années de plomb".
Pour étayer son analyse, il cite le silence assourdissant du ministère public, lequel n’a pas jugé utile d’ouvrir une enquête sur-le-champ, une procédure d’usage à prendre après la diffusion suspecte d’extraits vidéo qui portent gravement atteinte aux droits et aux libertés individuelles des citoyens.
Il a cité dans ce cadre, les nombreuses erreurs qui ont entaché cette affaire impliquant plusieurs hauts responsables sécuritaires marocains, à l'instar de Abdellatif Hammouchi qui a commencé à faire le ménage autour de lui, espérant étouffer une affaire qui pourrait prendre des proportions démesurées.
Par ailleurs, l'article d'opinion de Middle East Eye fait savoir "qu'afin d’entériner les thèses volatiles du régime, les services de renseignement (marocains) continuent bassement à faire appel à une presse de caniveau et à des médias aux ordres".
Il assure dans ce cadre, que ces médiateurs du Makhzen (Palais royal) bénéficient de subventions publiques pour s’adonner à des pratiques de lynchage des opposants, souvent avant même que ces derniers ne soient jugés de leurs délits et crimes présumés.
Affirmant que le régime de Mohammed VI est en train de basculer entre les mains des sécuritaires, l'article d'opinion du média britannique note que ce denier vient de confirmer, une fois pour toutes, son penchant pour le "tout sécuritaire", où le droit est phagocyté par les rapports sordides du renseignement, les accusations calomnieuses, l’intimidation et la violence contre les opposants, aussi bien au Maroc qu’à l’étranger.
"Renforcés par les mesures exceptionnelles liées à l’état d’urgence sanitaire inhérent au COVID-19, les sécuritaires du service jouent aux apprentis sorciers en piétinant impunément les droits et les libertés individuelles", ajoute l'auteur de l'article, précisant que face à ce constat, de nombreux opposant tentent l’expérience de l’exil afin de pouvoir dénoncer librement l’autoritarisme du régime.
Les opposants s'organisent à l'étranger
Néanmoins, l'article de Middle East Eye estime que les opposants marocains installés aux Etats-Unis, auront probablement plus de chance de faire entendre leur voix, surtout avec l’arrivée du président Joe Biden à la Maison-Blanche, assurant que le future locataire de la maison blanche est considéré comme un fervent défenseur des droits humains et des libertés individuelles, au même titre d’ailleurs que sa vice-présidente, Kamala Harris, qui a déjà été saisie du dossier de Wahiba Kharchich par le biais de son conjoint.
Une réalité qui constitue "un affront politique pour Mohammed VI, qui aura probablement davantage de difficultés à convaincre l’administration Biden, contrairement à celle de son prédécesseur, de continuer à fermer les yeux sur les dérapages des "sécurocrates" marocains, dont certains sont proches des services secrets américains, à commencer par Abdellatif Hammouchi".
APS