La ministre espagnole de la Défense, Margarita Robles, a accusé samedi le Maroc d'avoir instrumentalisé des centaines de mineurs pour violer les frontières de l'Espagne après l'afflux dans l'enclave espagnole de Ceuta de milliers de migrants au début de la semaine dernière, qualifiant l'épisode d'"inacceptable".
"Une chose est claire: lorsque des mineurs sont utilisés comme instrument pour violer les frontières territoriales de l'Espagne, c'est inacceptable", a déclaré la ministre à la télévision publique RTVE lors d'une cérémonie à l'occasion de la journée des Forces armées.
Depuis le 17 mai, au moins 8.000 candidats à l'émigration, dont de nombreux jeunes, ont afflué illégalement dans l'enclave espagnole les garde-frontières marocains les ayant laissé passer.
La plupart ont été refoulés mais plus de 800 mineurs marocains sont restés à Ceuta, dont beaucoup errent dans les rues.
Les autorités de Ceuta s'activent pour tenter de retrouver leurs parents afin d'assurer leur retour, une tâche ardue.
"C'est inacceptable" tant du point de vue "des lois internationales que des lois humanitaires", a ajouté Mme Robles.
"Aucun pays agissant dans un esprit de bon voisinage ne peut utiliser des mineurs de cette façon", s'est-elle indignée.
L'Espagne, a-t-elle souligné, a toujours été "l'un des principaux soutiens du Maroc, mais nous demandons le respect de la part du Maroc, car c'est la clé de la coexistence", a poursuivi la ministre.
Selon Madrid, parmi les migrants, 1.500 étaient des mineurs, tandis que l'association humanitaire Amnesty International a cité le chiffre de 2.000.
Les autorités de Ceuta ont accusé le Maroc d'avoir manipulé les mineurs pour les encourager à franchir la frontière afin d'exercer une pression sur Madrid dans le contexte de la crise diplomatique entre les deux pays en raison de la présence sur le territoire espagnol du président sahraoui, Brahim Ghali, pour des soins.
Dans un récent communiqué l'ONG Amnesty international a dénoncé l’utilisation par le Maroc des migrants comme "des pions" dans le cadre de l’échiquier politique "morbide" avec l’Espagne, affirmant que 8.000 personnes, dont 2.000 mineurs non accompagnés, sont arrivées à Ceuta, à la nage ou à pied, entre le 17 et le 18 mai, sur fond de crise diplomatique entre l’Espagne et le Maroc.
Amnesty a affirmé que le Maroc n'en est pas à son premier dépassement.
"Le Maroc bafoue depuis longtemps les droits des personnes migrantes ou demandeuses d'asile à ses frontières".
Par le passé, Amnesty a indiqué avoir constaté "des opérations illégales, dont des arrestations et le déplacement vers le sud du Maroc de personnes migrantes ou demandeuses d’asile se trouvant dans des campements et des maisons près de la frontière espagnole".
"Le tout en dehors de toute procédure légale".
L'ONG a rappelé qu'une publication sur Facebook du ministère marocain des droits de l’Homme indique que "l’ouverture des frontières vers Ceuta est intervenue en représailles" à accueil en Espagne du chef de l'Etat sahraoui, à titre humanitaire comme l'avaient affirmé les autorités espagnoles.
APS