Une vaste campagne de dévasement des barrages est en cours d'exécution au niveau national visant à extraire une quantité totale de 38 millions de m3 de vase, ont indiqué mercredi les services de l'Agence nationale des barrages et transferts (ANBT).
Au total, ils sont 9 barrages concernés par cette opération inscrite dans le cadre de la quatrième campagne nationale de dévasement prévue sur la période 2019-2024, ont précisé les services de l'ANBT dans un rapport portant sur l'évolution de la bathymétrie et qualification de la vase entreposées dans les retenues et dont l'APS a obtenu une copie.
L'opération concerne les barrages de Fergoug et Bouhanifia (Mascara), Foum El Gueiss (Khenchela), K'Sob (M'sila), Zarderzas (Skikda), Djorf Torba (Béchar), Merdja Sidi Abed (Relizane), El Hamiz (Boumerdès) et le barrage Ghrib (Ain Defla).
Ces opérations de dévasement permettront d'extraire une quantité totale de 38 millions de m3 de vase, a ajouté l'ANBT.
Selon le rapport de l'agence, le volume perdu par envasement des barrages est estimé en 2020 à 1279,26 millions de m3 soit 16,4 % de la capacité totale initiale de stockage qui est de l'ordre de 7754,83 millions de M3.
Les services de l'ANBT ont relevé également que l'ensemble des barrages à envasement avancé ont déjà à leur actif plus de 50 années de services et se situent dans des zones ouvertes qui ne sont pas boisées à l'instar du barrage de M'sila.
S'agissant des raisons de ce phénomène, l'ANBT a souligné que l'envasement des barrages est dû principalement aux changements climatiques caractérisés par la survenance de facteurs extrêmes, notamment des températures élevées et des intempéries intenses qui provoquent l'érosion des sols.
Cet envasement, selon des estimations prévisionnelles de l'agence, atteindrait, en 2025, un volume de 1400 millions m3 pour les seuls barrages existants, soit 18,05 % de la capacité globale d'emmagasinement d'eau.
Le dévasement mécanique: plus couteux et risqué
L'ANBT qui gère actuellement 80 grands barrages au niveau national a mené quatre campagnes de dévasement depuis 1962 qui ont permis d'acquérir une longue expérience en matière de dragage et de faire face aux difficultés rencontrées dans la mise en dépôt de la vase et de sa récupération.
Lors de la troisième campagne de dévasement (réalisée durant la période de 2012- 2018), l'opération a permis de récupérer 16,1 millions M3 de capacité de stockage de trois barrages (Bouhanifia, Foum El Gherza et K'Sob).
Parallèlement à cette campagne, l'ANBT a initié depuis janvier 2021 une opération de reboisement de plus de 300.000 arbres autour des versants immédiats des bassins en vue d'éviter l'érosion des sols, qui est à même d'entrainer le phénomène d'envasement.
S'agissant des moyens et des équipements de dragage, les services de l'agence font appel à des entreprises publiques et privées ainsi qu'à son propre matériel acquis pour cette mission.
Toutefois, l'agence a relevé que cette opération est "très couteuse" et nécessite une drague suceuse ayant des capacités d'aspiration allant de 2000 m3/heure à 4500m3/h qui doit être associée à un bateau de servitude assurant le ravitaillement en gasoil et autres.
Le dragage nécessite également la mobilisation d'un système de refoulement (conduite) identifié selon la nature de la vase, sachant que le coût de la vase à extraire est estimé de 160 à 170 DA par 1 m3.
Quant au dévasement mécanique de barrages asséchés, les services de l'ANBT ont expliqué que cette technique, faisant appel à l'usage de pelles et d'une importante flotte de camions, est "plus couteuse" ( avec un prix de 300 à 360 DA/m3) et "risquée" par rapport au dragage classique.
L'introduction d'un engin (Pelle ou camion) dans une vase imbibée d'eau provoquera l'enfouissement complet de ce matériel, a averti l'agence tout en soutenant que "le recours à cette technique n'est efficace qu'au niveau des retenues où la vase est complètement asséchée et compacte".
APS