Plusieurs personnalités et anciens responsables américains (démocrates et républicains), ONG et organisations internationales ont exprimé "leurs vives inquiétudes" concernant le projet de vente de drones, de munitions à guidage de précision "JDAM", ainsi que d'autres armes, au Maroc, relevant que ces armes sont destinées à soutenir la politique de colonisation du Royaume au Sahara occidental.
"Nous nous opposons à ce transfert d'armes militaires offensives", affirment les auteurs de la missive, estimant que la vente de telles armes au royaume constitue "une violation de la lettre et de l'esprit du Régime de contrôle de la technologie des Missile (MTCR), auquel les Etats-Unis ont adhéré depuis sa création en 1987".
Ces même personnalités appellent les sénateurs à bloquer toute vente d'armes offensives au Maroc, notant que la simple présence de ces armes dans la région aurait un "effet déstabilisateur" d'où la nécessité d'en interdire l'exportation.
Parmi les signataires de la missive figurent les noms de William Fletcher, Coprésident de la "Campagne pour mettre fin à l'occupation marocaine du Sahara occidental", Isa Mirza, Conseillère principale en droits de la personne au "Foley Hoag LLP" et Jason Poblete, Co-fondateur et président de "The Global Liberty Alliance".
Il s'agit également de Suzanne K. Scholte, Présidente de "Defence Forum Foundation", Gare A. Smith, Président du "Global Business & Human Rights Practice, Foley Hoag, LLP" et Katlyn Thomas, ancienne responsable de la MINURSO chargée des Affaires juridiques.
Dans cette lettre signée également par 37 personnalités américaines, dont d’anciens membres du Congrès (démocrates et républicains) et anciens responsables ayant servi sous les présidences de plusieurs présidents américains, il est noté que ces systèmes d'armes peuvent livrer des explosifs au napalm et au phosphore blanc, armes interdites par les accords internationaux qui "ont été utilisées par le passé par le Maroc contre le peuple du Sahara occidental".
"Historiquement, les ventes d'armes américaines au Maroc se limitaient à des armes ou à des systèmes logistiques à des fins défensives et non offensives", fait-t-on remarquer dans la missive, déplorant néanmoins que, "la seule utilisation possible de telles armes par le Maroc serait dans son conflit au Sahara occidental, occupé par le royaume depuis l’année 1975".
Les auteurs de la lettre indiquent que le fait d'autoriser le Maroc à utiliser des armes fournies par les Etats-Unis pour réprimer les Sahraouis, "ne ferait que récompenser le royaume pour son refus constant et flagrant de respecter ses accords avec la communauté internationale et sa violation des principes du droit international".
A cet égard, ils n'ont pas manqué de rappeler "les graves violations des droits de l’Homme" commises par l’occupant marocain qui refuse d’accorder le droit à l’autodétermination pour le peuple sahraoui conformément aux résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU, et sa récente violation du cessez le feu ce qui a provoqué la reprise des combats entre les deux parties.
Sur la base des pratiques antérieures documentées des forces de sécurité marocaines, il est peu probable, selon la lettre, que "le Maroc limite l'utilisation de ces armes à des fins défensives".
"Aucune des utilisations possibles de ces armes ne serait dans le meilleur intérêt des Etats-Unis ou conforme aux politiques de l'administration actuelle qui affirme qu’elle reviendrait à une politique de soutien aux droits de l'Homme et aux principes du droit international", soutiennent-ils.
Dans cette même missive il est souligné que "toute restriction imposée à l'utilisation de ces systèmes d'armes par le Congrès n'aurait aucun effet", soulignant que le Maroc avait déjà "ignoré toute restriction imposée à l'utilisation d'armes fournies par les Etats-Unis, les employant volontiers au Sahara occidental malgré les restrictions imposées par le Congrès à leur utilisation sur le territoire".
Et d'ajouter que "l'exportation d'articles militaires haut de gamme ne participerait pas au renforcement des efforts des Etats-Unis dans la lutte contre le terrorisme dans la région".
"Nous avons présenté un certain nombre de bonnes raisons pour lesquelles la vente devrait être bloquée et le Maroc devrait être empêché de les avoir", concluent les auteurs de la lettre, signée également par vingt personnalités, parmi lesquels des membres des parlements britannique et australien, des académiciens, ainsi que des organisations de défense des droits de l'Homme.
APS