Un voyage à travers le patrimoine musical féminin de la région de la Saoura a été proposé au public algérois dans la soirée de mercredi par le groupe "Lemma Becharia" qui a rassemblé pour la première fois sur scène les détentrices de cet héritage en perdition.
Regroupées autour de Souad Asla, initiatrice du projet, et de Hasna El Becharia, une dizaine de chanteuses et musiciennes de Bechar se sont produites sur la scène du 8e Festival international de musique diwan, présentant un répertoire brassant tous les styles musicaux féminins de la région et dont certains sont encore méconnus du grand public.
Devant un théâtre de verdure Saïd-Mekbel bien rempli, ces musiciennes, dont la plus âgée dépasse les 80 ans, ont fait découvrir la "Ferda" féminine, le diwan mais aussi des chants traditionnels des "Zeffanates" et "Djebbaryates" (troupes musicales locales) chantés lors des fêtes familiales ou populaires.
Autour de Hasna El Becharia qui passait avec aisance de la guitare au goumbri, puis même au banjo, ce qui a donné un air de châabi à certains morceaux, "Lemma Becharia" a séduit le public par la spontanéité de ses membres, l’authenticité de sa musique, la souplesse de ses jeunes danseuses en plus de l’originalité de voir des femmes s’attaquer à des styles connus pour être masculins.
Jouant du bendir, du tbel, des karkabou et el ferda, certaines membres de cette troupe avait déjà sillonné les scènes européennes dans les années 1980 et 1990 mais restent de parfaites inconnues en Algérie.
Rencontrée par l'APS, Souad Asla a expliqué que ce spectacle était le fruit d’une résidence de création organisée plus tôt à Taghit dans le but de rassembler les chants et musiques traditionnels, transmis oralement et qui sont "menacés de disparition", dans un spectacle complet de deux heures.
La chanteuse et fille spirituelle de Hasna El Becharia, souhaite continuer cette expérience et tenir une seconde résidence prochainement tout en continuant à "chercher des financements" pour enregistrer ce legs et "créer une école de musique" pour les jeunes filles de la région.
La seconde partie de la soirée était quant à elle consacrée à la formation franco-américaine "Malted Milk & Toni Green" qui a enflammé le public avec un orchestre jazz et blues d’exception et la voix puissante de la chanteuse américaine de Soul music Toni Green portée par des compositions rythmées et un excellent groove qui a retenu les spectateurs jusqu’à une heure tardive.
Inauguré samedi, le 8e Festival international de musique diwan prendra fin jeudi soir avec un concert du groupe "Ifrikya Spirit" et du jazzman camerounais Richard Bona.