Des précipitations en avril sont décisives pour sauver la campagne céréalière 2016 et rattraper le déficit en pluies enregistré en hiver, alors que la récolte est déjà compromise pour le blé à l'ouest, a indiqué à l'APS le directeur général de l'Office interprofessionnel des céréales (OAIC), Mohamed Belabdi.
Les pluies tombées en mars ont rendu espoir aux agriculteurs après une sècheresse exceptionnelle qui a touché notamment la région ouest où il n'a pas plu durant décembre et janvier derniers, estime-t-il.
"Mais le mois d'avril sera décisif pour la campagne. S'il pleut, l'année céréalière sera sauvée", souhaite le même responsable.
"Depuis 1993, nous n'avons pas vu une année où il n'a pas plu pendant deux mois d'hiver successifs. L'hiver a été sec, surtout pour le blé dur connu pour son exigence en froid qui lui permet de développer son système racinaire afin d'absorber le maximum d'eau et d'éléments minéraux nécessaires pour donner un bon rendement", explique M. Belabdi qui est également ingénieur agronome.
Mais des pluies en avril vont aider à rattraper le déficit, parce que le système racinaire de la plante n'est pas aussi développé pour résister davantage, selon lui.
Quant aux résultats attendus de cette campagne céréalière, M. Belabdi prédit que l'année devrait être "bonne" à l'est et au centre du pays, tandis que les rendements devraient être "moyens" pour l'orge à l'ouest.
Les chiffres prévisionnels du ministère de l'Agriculture, du développement rural et de la pêche, élaborés dans le cadre du quinquennat 2015-2019, tablent sur une production de 61 millions de quintaux.
La production céréalière avait atteint 40 millions de quintaux lors de la campagne 2014-2015, en hausse de 14,3% par rapport à celle d'avant.
La sècheresse qui a sévi ces trois dernières années s'est répercuté sur la récolte céréalière vu sa forte dépendance des pluies.
A l'ouest, les agriculteurs ont pris des risques
Si à l'est et au centre du pays, les céréaliculteurs ont été "plus chanceux" d'enregistrer des précipitations en janvier, ceux de l'ouest l'ont été beaucoup moins étant donné le stress hydrique qui y a été plus sévère.
A l'ouest, dans les zones au sol pauvre, c'est-à-dire très faible de point de vue graduant de fertilité et de précipitations, "les agriculteurs se sont aventurés à semer les blés dur et tendre, alors que ce sont des variétés qui demandent beaucoup d'eau, un itinéraire technique adéquat et une bonne fertilisation", avance le premier responsable de l'OAIC.
Attirés par des prix de cession de blé plus rémunérateurs, les agriculteurs ont pris des risques en s'attendant à une année meilleure en pluviométrie pour en tirer profit: "Et voilà les conséquences", regrette M. Belabdi.
Il note, néanmoins, que les agriculteurs ayant opté pour l'orge ont pu sauver leur récolte en dépit de la sècheresse, et ce, grâce aux dernières pluies de mars.
Pour encourager la production des céréales et réduire les importations, l'Etat avait décidé, en 2009, de fixer les prix d'achat des blés auprès des agriculteurs à un niveau plus élevé que ceux du marché international.
Ainsi, le prix du quintal que les agriculteurs livrent à l'OAIC est de 4.500 DA pour le blé dur, de 3.500 DA pour le blé tendre et de 2.500 DA pour l'orge.
Mais l'OAIC, qui fournit la semence et les intrants aux agriculteurs, compte exiger, dorénavant, des producteurs dans les zones ne disposant pas de ressources hydriques, de semer uniquement de l'orge.
"A partir de la campagne à venir, nous allons obliger les agriculteurs, en contrepartie de la semence, d'opter pour l'orge. D'autant plus qu'historiquement, ce sont des zones à orge, et nous avons des variétés rustiques qui résistent à la sècheresse et donnent des rendements appréciables", avance-t-il.
La sècheresse, qui s'annonçait sévère en novembre dernier, a poussé cet office, principal importateur des céréales du pays, à anticiper ses achats sur le marché international profitant des prix en baisse, et ce, afin d'augmenter les stocks en blé tendre et de parer à tout déficit.
L’office a effectué ses achats de blé tendre à moins de 180 dollars la tonne, l’orge à moins de 175 dollars/t et le blé dur à moins de 300 dollars/t.
Ainsi, le volume des importations des céréales a enregistré une hausse de 1,82% lors du 1er trimestre 2016 par rapport à la même période de 2015, alors que la facture a baissé de 20% à la même période de comparaison. APS