L’invité de la rédaction de la radio Chaîne 3 de la Radio Algérienne, Mustapha Mekideche, le vice président du Conseil national économique et social (CNES), a été amené, aujourd’hui, à commenter quelques unes des orientations saillantes énoncées par le Chef de l’Etat, lors du Conseil des ministres réuni la veille.
M. Mékidèche en est venu, ainsi, à considérer qu’il existe des problèmes « centraux » à prendre en charge « pour lever les ambigüités » de la constitution sur « quatre points ».
Il a, a cet effet, cité, tour à tour, la liberté de presse, l’alternance « avec comme corolaire la limitation des mandats, le statut de l’opposition, la séparation des pouvoirs, ainsi que la création d’institutions de régulation « qui ne doivent pas être des composantes de l’exécutif mais réellement indépendantes », ce qui, soulignera-t-il, « n’est pas encore le cas ».
Parmi les autres aspects que la future constitution devrait prendre en compte, le représentant du CNES citera la concrétisation de l’état de droit de même que la régionalisation, un aspect qui selon lui « semble n’avoir pas été évoquée » dans les orientations du président Bouteflika.
M. Mékidèche, qui est membre du Mécanisme Africain d’évaluation par les pairs, estime, par ailleurs, impératif d’établir des liens entre le chef de l’Etat et les membres de la Société civile « y compris ceux qui ne sont pas tendres avec le pouvoir en place ».
Questionné à propos des travaux sur « revendications sociales », initiées par le CNES à travers le pays, l’invité a expliqué que ces dernières visaient à faire se rapprocher l’administration des administrés « afin que l’Etat soit le plus proche possible de ses populations ».
Un peu plus loin il dit regretter que l’on n’ait pas donné plus de pouvoirs aux élites locales, « pour qu’elles puissent peser sur le développement de leur territoire ». Il cite à cet effet l’exemple édifiant où un wali possède, aujourd’hui, plus de pouvoir que le président d’une Assemblée de wilaya.
Plus explicite, M. Mékidèche considère que le pouvoir central devrait se dessaisir d’un certains nombre de pouvoirs au profit des collectivités territoriales « mais, regrette-t-il, on n’a pas encore fait ce pas ».
Revenant sur l’un des aspects développés lors du Conseil des ministres relatif à la création d’une économie diversifiée « indépendante des hydrocarbures », le vice président du CNES souligne qu’il s’agit là d’une nécessité absolue.
Pour l’intervenant, «compte tenu du fait que nous n’avons plus une variable d’ajustement du prix des hydrocarbures, ajouté aux quantités moindres que nous pourrons mettre sur le marché international », il devient urgent de diversifier les recettes en devises. Selon lui, la visibilité de ce cap semble maintenant avoir été perçue par tous ».
Ainsi, pour inverser la tendance, M. Mékidèche estime essentiel de développer l’industrie afin d'assurer la plus grande substitution possible aux importations. « On ne peut plus continuer à importer les volumes de marchandises (plus de 65 milliards de dollars/an) et de services (quelques 12 milliards de dollars/an) d’où la nécessité de réindustrialiser le pays ».
"Des lobbies influents retardent l'industrialisation du pays"
Le problème, relève-t-il, c’est que l’on ne va assez vite dans cette direction « parce que des lobbies influents ne sont pas intéressés par cette industrialisation ».
Incisif et à titre d’exemple destiné à illustrer ses propos, le représentant du CNES considère « inacceptable » de continuer à signer des contrats avec des entreprises étrangères « pour construire nos logements et nos infrastructures » parce que l’on n’ose pas un changement de paradigme consistant à mettre en place des grands groupes dans le secteur du BTPH.
Pour M. Mékidèche « on sait ce qu’il faut faire pour inverser cette tendance. Le problème, explique-t-il, est de savoir si le rapport de force dans le pays le permet ». Pour lui, la pression sociale et politique fera en sorte que cette idée soit mise en œuvre. « Le plus tôt serait le mieux », dans l'industrie en particulier.