Invité, ce matin de la rédaction de la Radio Algérienne, le professeur Kamel Bouzid, président de la société Algérienne d’oncologie médicale, a eu à s’exprimer sur un certain nombre de thème relatifs, notamment, à la prise en charge des malades cancéreux.
En marge des travaux des Assises nationales de la santé ouvertes, hier à Alger, ce praticien signale que les professionnels du secteur médical, tout autant que les demandeurs de soins, n’ont cessé de réclamer que la loi sanitaire, datant « du siècle dernier », de 1985, soit enfin revue. Il déclare espérer que ces assises puissent aboutir à l’élaboration d’un projet de loi innovant dans le domaine.
L’intervenant estime, de plus, qu’un tel projet de loi se doit d’être régulièrement réactualisé, « en fonction de l’évolution de la situation épidémiologique dans notre pays ».
Pour ce professeur il y a, aujourd’hui, nécessité de revoir le mode d’exercice de la profession, de traiter de certaines dispositions relatives aux transplantations d’organes, de définir la place du privé dans le secteur de la santé et de réexaminer la place de la sécurité sociale dans le financement des soins.
De la prise en charge des malades cancéreux, l’invité souhaite voir les divers centres spécialisés dans cette pathologie, sur le point d’être livrés dans le pays, permettre de délivrer des rendez-vous étalés sur 15 jours à un mois et non plus sur de très longues périodes comme ils le sont actuellement.
« On peut espérer, poursuit-il, que les trois centres qui vont se rajouter aux six déjà existant pourront enfin prendre en charge les 28.000 malades atteints de cancer nécessitant des séances de radiothérapie ».
Des 45.000 malades actuels dépistés dans le pays, le professeur Bouzid prévient, d’autre part, que leur nombre va certainement augmenter dans les dix prochaines années « pour se situer, probablement, à 100.000 nouveaux cas/an ».
Parmi les facteurs de risque à l’origine de cette lourde pathologie il cite notamment les changements intervenus dans les modes alimentaires des Algériens, la pollution atmosphérique due à la circulation automobile provoquée par une utilisation massive du gasoil comme carburant, les radiations ionisantes du soleil et celles provoquées par les essais nucléaires Français au Sahara Algérien.
Concernant les transferts de malades du cancer vers l’étranger, le professeur Bouzid estime nécessaire de les arrêter « d’autant, dit-il, qu’ils se font dans l’opacité la plus totale ». A propos de ces derniers, il signale que « cela fait 40 ans que nous demandons à connaitre le nombre de malades qui ont en bénéficié, leur statut et parmi eux ceux qui ont été guéris, mais à ce jour nous n’avons obtenu aucune réponse ».
Poussant plus loin, le président de la société Algérienne d’oncologie dénonce « l’injustice flagrante de certains secteurs » citant au passage la caisse militaire ou encore la Sonatrach « qui a signé un contrat de 43 millions d’euros pour faire du diagnostic à Montpellier ». Et de s’interroger : « En quoi un travailleur de la Sonatrach est différent d’un autre Algérien ? » « Nous sommes, dit-il, dans l’injustice la plus flagrante ».
Pour ce qui concerne les pathologies cancéreuses, l’invité de la rédaction insiste pour que soient développées les méthodes de sensibilisation et de prévention ainsi que le dépistage et le diagnostic précoces, particulièrement pour les types de cancers pour lesquels les facteurs de risque n’ont pas été individualisés.