Les troubles en Libye se sont exacerbés mardi avec le déclenchement d'un énorme incendie ravageant un important site de stockage de carburant à Tripoli provoqué par des combats incessants entre milices rivales qui ont laissé le gouvernement impuissant et dans l'expectative.
Après une matinée calme, les combats entre milices rivales ont repris en milieu de journée, sur la route de l'aéroport de Tripoli, après avoir fait au moins une centaine de morts et 400 blessés depuis le 13 juillet.
Des roquettes tirées durant ces combats ont touché, dimanche, un important dépôt de stockage d'hydrocarbures, situé à proximité, y provoquant un énorme incendie.
Deux immenses réservoirs de carburant étaient toujours en feu mardi. Ce dépôt de stockage contient au total plus de 90 millions de litres de carburant, ainsi qu'une cuve de gaz ménager.
Les autorités ont annoncé que l'incendie était « hors de contrôle » et dit craindre « une catastrophe humaine et environnementale aux conséquences difficiles à prévoir ».
Face à l'impuissance des pompiers libyens à maîtriser le feu, en partie en raison des combats, le gouvernement libyen a fait appel à l'aide de pays étrangers.
L'Italie doit, selon Tripoli, envoyer sept avions de lutte contre les incendies et des équipes techniques, à une date non précisée, sous condition que les violences cessent.
Resté impuissant face à l'insécurité et au chaos dans le pays livré à des milices et groupes armés rivaux depuis la chute de l'ancien régime de Maamar El Gueddafi en octobre 2011, le gouvernement libyen a de nouveau appelé mardi à « un cessez-le feu pour permettre aux équipes techniques et aux avions d'éteindre l'incendie le plus rapidement possible ».
Les affrontements autour de l'aéroport ont éclaté après une attaque menée par des insurgés islamistes et d'ex-rebelles de la ville de Misrata (200 km à l'est de Tripoli) qui tentent de chasser de l'aéroport leurs anciens compagnons d'armes venus de la ville de Zenten.
Considérés comme le bras armé de la mouvance libérale, les ex-rebelles de Zenten (170 km au sud-ouest de Tripoli) contrôlent l'aéroport de Tripoli et plusieurs autres sites militaires et civils du sud de la capitale.
Toutes les tentatives de médiation du gouvernement libyen pour mettre fin aux combats, ont échoué jusqu'ici. Les espoirs se tournent désormais vers le nouveau Parlement, issu des élections du 25 juin, qui pourrait imposer un arrêt des combats.
Mais des incertitudes planent déjà sur la capacité des élus à se réunir alors que Benghazi est le théâtre d'affrontements quasi-quotidiens.
Une quarantaine de personnes ont été tuées durant le week-end dans de nouveaux combats entre l'armée et des milices islamistes.
Mardi, un avion militaire engagé dans des combats au côté d'un général dissident contre des groupes armés islamistes s'est écrasé. Le pilote a sauté avec son parachute et il est « sain et sauf », a précisé à l'AFP le général Sagr Al-Jerouchi, « chef des opérations des forces aériennes » loyales au général dissident Khalifa Haftar.
M. Al-Jerouchi n'était pas toutefois en mesure de préciser si l'avion avait été abattu par les islamistes.
Le général Haftar mène depuis le 16 mai une opération contre les groupes « terroristes » à Benghazi. Il est accusé par ses détracteurs de mener un coup d'Etat.
Benghazi est le théâtre d'affrontements quasi-quotidiens avec des groupes radicaux, dont Ansar Ashariaa, classé par Washington organisation terroriste.
De nombreux pays européens appellent leurs ressortissants d’évacuer…
Face à l'anarchie en Libye, plusieurs pays européens ont commencé ou annoncé mardi leur intention d'évacuer leurs ressortissants de ce pays pour des raisons de sécurité, selon leurs diplomaties.
Le Canada a demandé à l'ensemble de son personnel diplomatique de quitter la Libye en raison de l'instabilité et des problèmes sécuritaires. La Bulgarie a évacué son personnel diplomatique face à la « dégradation de la situation » dans le pays.
Le Portugal a décidé de fermer temporairement son ambassade en Libye et a évacué ses ressortissants du pays pour leur sécurité.
La France se prépare à évacuer ses ressortissants en raison de la dégradation de la situation dans le pays, a indiqué une source gouvernementale.
Les Etats-Unis avaient déjà évacué, samedi dernier, tout leur personnel diplomatique de leur ambassade en Libye en raison des violents affrontements dans la capitale. D'autres pays, notamment la Grande Bretagne, l'Espagne et l'Allemagne ont également demandé à leurs citoyens de quitter ce pays.
Depuis la chute en octobre 2011 du régime de Maamar El Gueddafi après huit mois de rébellion soutenue par les Occidentaux, les autorités libyennes ne parviennent toujours pas à contrôler les dizaines de milices formées d'ex-insurgés qui font la loi en Libye, en l'absence d'une armée et d'une police régulières bien entraînées.
Des combats entre milices rivales, ou entre groupes armés islamistes et radicaux et soldats ont coûté la vie à des centaines de personnes à travers le pays depuis des mois, selon des chiffres officiels.