Après les dernières intempéries, par suite desquelles les contreforts de l’Atlas Blidéen ont été recouvertes d’un épais manteau blanc, des familles ont pensé utile de faire une sortie aérée vers Chréa afin d'y faire découvrir à leurs tout petits les plaisirs des jeux de neige. Malheureusement, certaines parmi elles ont aussitôt déchantées en découvrant que des racketteurs les y attendaient de pied ferme.
Depuis de longues années déjà, des trottoirs et de larges espaces se trouvent, d’autorité, squattés par des voyous armés, certains, de gourdins autoproclamés gardiens de parkings, qui les monnayent aux automobilistes désirant y garer leur véhicule.
Encouragés par le laisser-aller des autorités et trouvant là l’occasion de se constituer un capital sans effort, d’autres de leurs congénères font, désormais, de même en été, en s’accaparant, les uns, les voies d’accès vers les plages, et les autres, de larges bandes du rivage dont ils font payer l’emplacement aux estivants venant goûter aux joies de la mer.
En cette période hivernale, profitant, eux aussi, des importantes chutes de neige qui se sont abattues sur les massifs montagneux, d’autres de leurs compères ont, eux aussi, jugé utile, durant le week end, d’appliquer les mêmes méthodes tout le long des routes menant vers les stations d’hiver de Chréa et de Tikjda.
Profitant du fait que les monts de Chréa aient été recouverts d’un épais manteau blanc et pressentant l’arrivée de nombreux visiteurs, ceux-ci ont squatté l'ensemble des bas cotés de la route sinueuse conduisant vers la station du même nom, pour faire payer le stationnement aux automobilistes voulant y garer leur véhicule.
Partout, à partir de l’altitude où la neige était tombée en quantité, les automobilistes de la capitale et des agglomérations environnantes, venus faire découvrir à leurs enfants émerveillés le spectacle de la neige que certains petits découvraient pour la première fois, se sont vus réclamer la somme de 50 dinars pour pouvoir garer leur véhicule.
Face à cette agression, certains parmi eux, en colère, ont préféré rebrousser chemin pendant que d’autres ont jugé plus rassurant de se plier aux exigences de ces « gardiens de parkings », qu’ils étaient étonnés de découvrir à cet endroit.
Ici et là, des accrochages verbaux ont opposés, parfois, ces squatters aux personnes refusant de se plier à leurs injonctions, tout cela au milieu d’une circulation automobile devenant anarchique au fur et à mesure que l’on se rapprochait du sommet et qu’aucune force de police ne se trouvait là pour canaliser.
Cette parties des monts de Chréa ressemblait en certains endroits à un véritables souk où se côtoyaient des vendeurs de thé chaud, des marchands de m’hadjebs et de pain maison de même que des commerçants de sodas proposant à haute voix leurs services.
En dépit de certains de ces aspects malheureux, il régnait en beaucoup d’endroits une atmosphère joyeuse avec ses immanquables batailles de boules de neige et de membres de familles aidant leurs petits à confectionner de petits bonhommes de neige.
Visiblement, aussi, les grands comme les tout-petits étaient également heureux de découvrir les paysages de cèdres plusieurs fois centenaires dans les branches recouvertes d’un amas neigeux.
A un moment, la neige qui s’était remise à tomber, rendait la conduite des véhicules des plus délicate pour les automobilistes cherchant à rejoindre la plaine de la Mitidja en contrebas, donnant lieu à des dérapages, des frayeurs et, parfois, à des chocs avec des talus, entrainant des dégâts mineurs aux carrosseries.
Si les enfants, en particulier, auront gardé de cette journée, un souvenir impérissable, gageons qu’il n’en aura pas été de même pour certains de leurs parents pour lesquels cette sortie à Chréa aura ressemblé à une véritable expédition, ne manquant pas de leur laisser d’amers ressentiments.