Le plan d’aide à la filière lait annoncé en grande pompe, ne semble pas satisfaire les premiers concernés. Lors de l’émission « Points de vue» de la radio Chaîne, des éleveurs, à la limite du pessimisme, ont tenu à exprimer leurs inquiétudes et à faire part de leurs doléances.
Pour eux, l’augmentation du prix de référence du lait cru «n’est guère bénéfique». Car, estime-t-ils «cette compensation ne couvre pas les coûts de production». Selon les calculs d’un éleveur de Tizi Ouzou, «le lait de vache doit être cédé à 70 Da le litre pour que l’éleveur puisse avoir une marge bénéficiaire». Il demande qu’on leur accorde le prix réel à la place des mécanismes de subventions.
Moins pessimiste, un autre éleveur estime que ce plan peut aider, relativement, les éleveurs à condition que des mesures de régulation du marché d’aliment du bétail soient prises et appliquées par les pouvoirs publics. «2 DA, c’est vraiment très peu. Si les pouvoirs publics vont gérer le marché des fourrages, cette subvention peut nous aider, mais dans le cas contraire elle ne servira à rien».
«Il faut organiser le marché du fourrage et assurer une distribution équitable», recommande un autre intervenant. Pour ce dernier, la distribution de cet aliment ne se fait pas d’une manière organisée et pénalise les régions productrices de lait cru.
En plus des questions relatives aux prix et à l’aliment du bétail, ces éleveurs expriment leurs inquiétudes sur la destination des subventions et des crédits. «Un crédit bonifié ? Nous, les petits Fellah on n’est pas concernés. Il n y’a que les grands investisseurs qui peuvent y accéder», dénonce l’un des intervenant. «Ce sont des personnes qui n’ont aucune relation avec l’agriculture qui en bénéficient, accuse-t-il. Ils prennent les aides et après 5 ou 6 ans ils lèguent tout aux abattoirs».
Les intervenants ont fait savoir qu’au-delà de la question relative au prix du lait, d’autres contraintes pénalisent l’éleveur. « Y’a pas que le fourrage et le prix» renchéri l’un d’entre eux. Il cite parmi ces contraintes le problème de répartition du foncier et l’aménagement des fermes. «Mon problème, c’est l’accès à la terre. Moi personnellement je loue la terre attribuée à une personne qui ne la travaille pas», a-t-il déploré.
De son coté, le président du Comité interprofessionnel du lait, Mahmoud Benchakour, estime que cet acquis permet de débloquer la situation. «Nous avons été surpris et nous sommes très contents de cette décision … mais le plus important ce sont les mesures concernant le soutien de la filière en amont», a déclaré Benchakour sur les ondes de la radio Chaîne 3. «Ce n’est pas tout à fait ce que attendent les éleveurs dans cette situation difficile, concède-t-il, mais ça permettra de débloquer la situation».