Sonatrach devrait investir dans l'aval gazier et la production de l'électricité en Europe, afin de faire face à la concurrence internationale devenue rude avec la découverte d'importants gisements dans l'est de la Méditerranée et le retour prochain de l'Iran sur le marché, a indiqué jeudi à Alger l'expert en énergie, Mourad Preure.
"Le groupe Sonatrach doit prendre des parts dans des sociétés européennes ayant accès au client final afin de pouvoir maîtriser le risque volume et le risque marché car d'autres producteurs de gaz s'apprêtent à conquérir l'Europe qui est un marché naturel pour l'Algérie", a expliqué M. Preure lors d'une conférence à l'Institut national d'études de stratégie globales (INESG).
Les Etats-Unis, le Qatar, la Russie, mais aussi des pays de l'est de la Méditerranée, où de grandes quantités de gaz ont été découvertes pourraient concurrencer fortement l'Algérie, estime l'expert.
"Un gisement gazier découvert récemment au large de l'Egypte est estimé à 850 milliards de mètres cubes. De même que la société russe Gazprom dispose d'une capacité inutilisée de 110 milliards de mètres cubes. Les Etats-Unis sont en passe de devenir un exportateur important vers le continent européen en raison des bas coûts de transport du GNL", constate M. Preure.
Il rappelle, en outre, la volonté de l'Iran d'exporter de grandes quantités de gaz dès la levée des sanctions internationales.
"La concurrence sera palpable, à partir de 2019, dès que les contrats gaziers liant l'Algérie aux pays européens arriveront à terme et nous devons, dès à présent, prendre les mesures qui s'imposent ", a-t-il dit.
De son point de vue, la crise pétrolière que traverse le marché mondial est une crise passagère signalant que la véritable priorité devrait être accordée au marché gazier.
"La tendance baissière que connaissent les cours du pétrole touchera à sa fin d'ici trois ans car la tendance du marché, à long terme, reste haussière", a-t-il assuré.
A une question sur la réunion de l'Opep prévue vendredi, le conférencier a affirmé ne pas s'attendre à ce que l'Arabie saoudite revienne sur le plafonnement de la production des membres de l'organisation fixé à 30 millions de barils/jour.
"Les signes de fléchissement de la production américaine seront certainement perçus par l'Arabie saoudite et les pays du Golfe comme un succès, mais la véritable solution est de revenir à une réelle politique de défense des prix en permettant aux membres de l'Opep de se mettre d'accord sur un plafond de production correspondant à la demande mondiale ", suggère-t-il.
APS