L’ONG Human Rights Watch (HRW) a dénoncé mercredi dans son rapport annuel sur les droits de l’Homme le déclin en 2015 de la tolérance à l’égard des voix critiques au Maroc et au Sahara Occidental occupé.
Les autorités marocaines ont interdit des événements organisés par l'Association marocaine des droits Humains (AMDH), et ont mis cinq activistes en accusation pour "atteinte à la sûreté intérieure" après qu’ils aient organisé un atelier bénéficiant d’un financement étranger sur le journalisme citoyen, a regretté cette ONG, dont le siège se trouve à Washington.
HRW a relevé que les autorités marocaines ont systématiquement interdit les manifestations des militants pour l’indépendance du Sahara Occidental, occupé par le Maroc depuis 1975, en regrettant que les grâces royales accordées pendant l’année 2015 n’ont concerné aucun des nombreux sahraouis condamnés durant les années précédentes dans des procès inéquitables.
"Il se peut que le Maroc ne soit pas secoué par les troubles et les massacres comme nombre d’autres pays du Moyen-Orient, mais il n’est pas non plus le modèle de réformes qu’il prétend", a déclaré Sarah Leah Whitson, directrice de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch.
Dans son rapport mondial 2016, dont la version anglaise comprend 659 pages, HRW a indiqué que les accusés devant des tribunaux civils au Maroc n’ont eu aucune garantie de bénéficier d’un procès équitable.
Les tribunaux ont condamné des personnes dans des procès qui semblaient être fondés sur des motifs politiques, en se basant sur des déclarations préparées par la police tout en omettant d’enquêter sur les allégations de certains accusés, selon lesquelles la police leur avait extorqué ces déclarations sous la contrainte ou bien les avait falsifiées, a-t-elle déploré.
Une nouvelle loi mettant fin aux procès militaires d’accusés civils est entrée en vigueur, mais elle n’a pas bénéficié rétroactivement aux prisonniers déjà condamnés par des tribunaux militaires.
L’année qui débute révèlera également si le Maroc entend maintenir l’interdiction des visites imposée à Amnesty International et à Human Rights Watch en 2015, ou bien revenir à une politique d’ouverture générale à l’égard des organisations internationales de défense des droits humains, a indiqué cette ONG.