Le groupe Sonelgaz a investi plus de 588 milliards de DA en 2015, a indiqué, lundi à Alger, son PDG, Noureddine Bouterfa, mais en évoquant les difficultés de trouver les financements nécessaires pour réaliser son programme d'investissements dans la conjoncture financière actuelle.
"L'année 2015 se distingue par plusieurs réalisations importantes, nécessitant des investissements de plus de 588 milliards DA, et ce, malgré les difficultés que nous avons rencontrées en matière de mobilisation des financements, ce qui a perturbé quelque peu notre programme", a souligné M. Bouterfa lors du Forum du journal El Moudjahid.
Ces dépenses d'investissements sont proches de celles de l'année 2014 (600 milliards DA) qui avait connu, selon M. Bouterfa, une évolution de 46% par rapport à 2013.
M. Bouterfa a indiqué que ces investissements avaient permis de mettre en service une capacité de production supplémentaire de prés de 1.222 MW, répartie aussi bien dans les régions du nord que du sud du pays: "Ce qui a considérablement contribué à réduire les contraintes qui pèsent sur le système électrique".
Soulignant que ces investissements font partie d'un plan de renforcement du système électrique national, qui consiste à doubler les capacités de production nationales d'ici à 2018-2019, M. Bouterfa a précisé qu'afin de répondre aux besoins énergétiques du pays, son groupe ambitionne de mettre en place une capacité totale supplémentaire de 15.000 MW en 2019, soit le double de la capacité actuelle.
Ainsi, pour mieux accompagner le développement économique et social du pays, M. Bouterfa a précisé qu'il sera nécessaire d'investir, hors énergies renouvelables, plus de 5.000 milliards DA, dont prés de 4.200 milliards DA à l'horizon 2025 qui seront à la charge des sociétés filiales du Groupe.
« Augmenter les tarifs d'électricité-gaz sans toucher à la cohésion sociale »
Evoquant la conjoncture actuelle marquée par une réduction drastique des revenus de l'Etat, le même responsable a précisé que son groupe doit trouver des réponses "pérennes" à la question de la disponibilité financière afin de pouvoir réaliser son programme d'investissement d'un montant de plus de 2.800 milliards DA à mobiliser d'ici 2017.
"En plus de la nécessité d'une augmentation des tarifs de l'électricité et du gaz, notre management est interpellé à être plus performant et plus efficient", préconise-t-il.
"Nous devrons être auprès de l'Etat en lui proposant des solutions novatrices à même de lui permettre de mettre en œuvre une politique d'augmentation graduelle des tarifs de l'électricité et du gaz sans que cela ne remette en cause la cohésion sociale", a-t-il soutenu.
S'agissant des résultats financiers du groupe, M. Bouterfa a indiqué que les revenus des sociétés de distribution électrique se sont établis à 220 milliards DA en 2015, mais que le chiffre d'affaires aurait été de près de 400 milliards DA si les tarifs réels avaient été appliqués.
Estimant que le chemin de la vérité des prix est "encore long", M. Bouterfa a souligné que la récente révision de la tarification de la consommation de l'électricité et de gaz, applicable à partir de 2016, permettra de récupérer à peine 25 milliards DA de plus annuellement, un chiffre "très insuffisant" pour rétablir un équilibre.
De ce fait, le même responsable n'a pas écarté d'autres augmentations des tarifs d'électricité et du gaz afin d'assurer l'équilibre financier de son groupe.
"En 2015, le gap était de 180 milliards de DA. Donc, si l'on veut rattraper ce retard rapidement, soit l'Etat doit accompagner Sonelgaz, soit on doit doubler les tarifs pour pérenniser le service au profit du citoyen", a-t-il avancé.
Afin d'améliorer la santé financière des sociétés du groupe et au regard du volume "important" de leurs engagements sur fond de faiblesse des capacités d'autofinancement, le recours accru à l'endettement pour la couverture financière des investissements va nécessiter une enveloppe de prés de 260 milliards DA pour répondre aux besoins des filiales en 2016, selon lui.
"Le volume de nos investissements à moyen et long termes nous amènera, eu égard au rétrécissement du marché financier national que nous solliciterons pour des emprunts obligataires, à envisager un recours au marché international pour la réalisation de nos investissements futurs", a souligné M. Bouterfa.
"Le problème de Sonelgaz à court terme est de trouver une solution à un gap de 1.100 milliards de DA. Il s'agit d'une mesure d'urgence, car si nous n'aurons pas cette somme, nous ne pourrons pas finaliser notre programme d'investissements d'ici 2018. Ce qui fait qu'on envisage de recourir au marché international pour pouvoir assurer la réalisation de nos investissements", a-t-il soutenu.
Selon lui, la récente révision de la tarification de la consommation de l'électricité et de gaz, applicable à partir de 2016, permettra de récupérer à peine 25 milliards DA de plus annuellement, soit 75 milliards DA supplémentaires au bout de 3 ans, tandis que l'emprunt obligataire national ne peut assurer à Sonelgaz plus de 30 milliards DA.
En conséquence, a-t-il poursuivi, il reste 1.000 milliards DA que le groupe devra mobiliser pour faire aboutir ses programmes d'investissements.
A ce propos, il a fait savoir qu'un groupe de travail avait déjà été installé pour étudier l'éventualité d'un recours aux marchés financiers internationaux, mais qui doit avoir l'aval des pouvoirs publics.
Par ailleurs, le même responsable a évoqué la possibilité de réformer et de restructurer le groupe qui compte une quarantaine de filiales pour une meilleure efficience de fonctionnement.
"La restructuration des activités du groupe nécessitera certainement la révision de la loi et des statuts de Sonelgaz", a-t-il ajouté.
Evoquant les contraintes rencontrées par le groupe en matière de recouvrement des créances et des taux de pertes qui avoisinent les 50 millions DA, engendrés principalement par la fraude et les raccordements illicites, M. Bouterfa a annoncé la détermination de son groupe à "mener une guerre sans merci" contre les fraudeurs.
"Des plaintes seront désormais systématiquement déposées devant les juridictions compétentes pour une application ferme des dispositions de la loi et une application stricte des délais de coupure pour les mauvais payeurs sera mise en œuvre", a-t-il prévenu.
Le nombre des abonnés en électricité avoisine les 8,5 millions en 2015, tandis que celui pour le gaz a dépassé les 4,5 millions. APS