Sahara occidental: la visite de Ban Ki-Moon met à nu la "confrontation ouverte" entre le Maroc et la communauté internationale

Le ministre sahraoui des Affaires étrangères, Mohamed Salem Ould Salek, a indiqué, mercredi soir à Alger, que la récente visite de Ban Ki-Moon dans la région "a mis à nu la confrontation entre le Maroc et la communauté internationale, en raison de l'occupation marocaine illégale de certaines parties des territoires de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), et ses tentatives de se dérober à ses engagements qui l'obligent en vertu du plan de règlement ONU-OUA de 1991".

"Le Maroc veut faire achopper la mise en œuvre du plan de règlement onusien pour l'organisation d'un référendum d'autodétermination, c'est pourquoi il se trouve isolé aux plans régional, continental et international", a précisé le ministre sahraoui, lors d'une conférence de presse animée au siège de l'ambassade de la République arabe sahraouie démocratique (RASD). 

Il ajoute que "les tentatives du Maroc d'entraver les efforts de la communauté internationale allant dans le sens de la décolonisation de la dernière colonie en Afrique, et son refus de se conformer à l'accord de paix signé avec la partie sahraouie et à la légalité internationale, lui ont valu le statut qu'avait le régime de l'Apartheid en Afrique du sud". 

Certaines forces apportent un "soutien immoral" à l'occupation

 Si la confrontation "directe et ouverte" entre l'occupant marocain  et la communauté internationale se veut le résultat des tentatives marocaines de faire achopper l'organisation d'un référendum d'autodétermination au Sahara occidental, il n'en demeure pas moins que le régime marocain jouit d'un "soutien immoral" de la part de la France, membre permanent au Conseil de sécurité, a souligné le chef de la diplomatie sahraouie.

Le régime marocain bénéficie de la complaisance éhontée et irresponsable de l'Espagne, légalement reconnue comme force administrante du Sahara Occidental conformément à la charte des Nations Unies et aux exigences de l'avis juridique de l'ONU de 2002, a précisé M. Ould Salek.

  Cette position de la France et de l'Espagne a entravé la mission de la MINURSO, mise en place par le Conseil de sécurité pour organiser un référendum d'autodétermination, six mois après l'entrée en vigueur de l'accord de cessez le feu, conformément aux clauses du plan de paix ONU-OUA de 1991,  a ajouté M. Ould Salek.

"Cette position qui se veut un appui clair à l'occupation marocaine illégale, a poussé le Maroc à faire fi des positions de la communauté internationale et à opprimer les Sahraouis et piller leurs richesses", a ajouté le chef de la diplomatie marocaine qui s'est dit "étonné" de la position de la France et

de l'Espagne, d'autant que "les frontières entre le Sahara Occidental et le Maroc ont été tracés par ces deux pays qui prétendent soutenir les efforts de paix et de stabilité dans nord-ouest de l'Afrique".

Arsenal juridique confortant le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination

Lors de la conférence de presse, le ministre sahraoui a passé en revue l'arsenal juridique auquel se réfère le peuple sahraoui dans sa lutte pour l'autodétermination et l'indépendance.

Dans son avis consultatif de 1975, la Cour internationale de justice (CIJ) avait indiqué qu'il n'existait aucun lien juridique de souveraineté territoriale du Maroc sur le Sahara occidental. L'Assemblée générale de l'ONU a dénoncé dans ses résolutions 3437 du 21 novembre 1979 et 3519 de 1980 l'occupation marocaine du Sahara Occidental.

L'avis juridique émis en 2002 par le département des Affaires juridiques de l'ONU est venu conforter l'avis consultatif de la CIJ en considérant le Maroc comme force occupante du Sahara occidental, qui n'a aucun droit d'exploiter les richesses naturelles sahraouie.

Dans son avis juridique de 2015, l'UA a considéré que "toute exploration et exploitation des ressources naturelles du Sahara occidental est illégale"

Par ailleurs, l'accord agricole conclu en 2012 entre le Maroc et l'UE a été annulé par une décision de la CJUE suite à une plainte déposée par le Front Polisario au motif que l'accord incluait le Sahara Occidental occupé.

 

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