
Le Premier ministre Abdelmalek Sellal, a réaffirmé le soutien de l'Algérie au droit du peuple sahraoui à l'autodétermination et son engagement en faveur d'un règlement du conflit du Sahara occidental dans le cadre du processus onusien.
"Le dossier du Sahara occidental est entre les mains de l'organisation des Nations unies et un processus de négociations politiques est engagé entre le Royaume marocain et la République sahraouie", a rappelé M. Sellal dans un entretien accordé à la revue hebdomadaire égyptienne "El Ahram El Arabi" .
"Fidèle à son histoire révolutionnaire, l'Algérie n'a jamais occulté sa solidarité avec le peuple sahraoui en lutte pour son droit à l'autodétermination ni sa reconnaissance de la République sahraouie comme l'ont fait plus de 70 Etats dans le monde et plusieurs organisations internationales, l'Union africaine à leur tête", a soutenu M. Sellal.
Il a réaffirmé "le soutien de l'Algérie et son engagement en faveur du processus onusien visant la recherche d'une solution définitive et juste, de ce conflit, qui permette aux peuples de la région de concentrer leurs efforts sur le développement socio-économique".
Sur les relations algéro-marocaines, M. Sellal a déclaré que le "Maroc est un pays voisin et frère avec lequel nous avons des divergences de vues autour de certaines questions".
Il a affirmé que "l'Algérie privilégie une approche globale pour soulever toutes les questions dans un climat de franchise et dans le cadre d'un dialogue direct", d'autant plus, a-t-il expliqué, "qu'il s'agit de sujets précis que notre pays est entièrement disposé à régler de manière sérieuse afin que les deux pays puissent se consacrer à la mission, plus noble, à savoir celle de parachever l'édifice maghrébin auquel nos peuples aspirent".
Pour ce qui est de la fermeture des frontières entre les deux pays, le Premier ministre a précisé que cette mesure était intervenue suite à la décision unilatérale des autorités du royaume marocain d'imposer le visa d'entrée aux ressortissants algériens.
«La Constitution amendée, "une grande avancée" dans la marche de l'Algérie»
Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal a affirmé que la Constitution adoptée le 7 février dernier était "une grande avancée" dans la marche de l'Algérie et un "saut de qualité" en matière de libertés et de droits collectifs et individuels.
Dans une interview à la revue égyptienne "El Ahram El Arabi", M. Sellal a indiqué que la Constitution amendée consacre un "saut qualitatif" en matière de droits et de libertés collectifs et individuels et une "grande avancée" dans la marche de l'Algérie.
La Constitution adoptée a institué des dispositions portant "consolidation de l'unité nationale et de l'identité algérienne à travers la constitutionnalisation de Tamazight langue officielle au même titre que la langue arabe", a-t-il précisé.
M. Sellal d'ajouter: "Les nouvelles dispositions consacrent les "droits à l'information, aux libertés académiques, scientifiques et artistiques, à la liberté du culte, à la liberté d'action politique et à la manifestation pacifique, ainsi que l'obligation de garantir la protection des enfants, des personnes âgées et des catégories démunies, l'indépendance totale de la justice, le concept du procès équitable et le droit à un environnement sain".
Les législations nationales successives ont renforcé la place de la femme au sein de la société
Répondant à une question sur les programmes et les mesures adoptés par le gouvernement pour la promotion de la femme, le Premier ministre a rappelé que tous les textes de lois nationaux "ont renforcé la place et les droits de la femme", soulignant que la récente révision constitutionnelle s'est fixée comme objectif "la concrétisation de la parité entre les hommes et les femmes en matière d'emploi et de participation politique" mais aussi dans tous les aspects de la vie sociale.
A ce titre, M. Sellal s'est dit fier des "indicateurs positifs" constatés dans la prise en charge des préoccupations de la femme en voulant pour preuve le taux des effectifs féminins dans les entreprises économiques (16,8 %), dans le parlement (32%) et dans les Assemblées locales (20%). Sur les cinq dernières années le nombre de lauréates du baccalauréat et des diplomées d'universités dépasse de loin celui de leurs pairs, s'est-il encore enorgueilli.
Le Premier ministre, a mis en exergue dans ce domaine la présence en force de la femme dans toutes les structures de l'Etat, au gouvernement, dans les cabinets ministériels, dans le Conseil de l'Etat, ou encore dans les corps diplomatique et des Wali, ainsi qu'à la tête de partis politiques.
L'Algérie a fait face, seule, au terrorisme, une décennie durant
Sur un autre registre, et concernant la "spécificité" de l'expérience algérienne en matière de lutte antiterroriste, M. Sellal a indiqué que "l'Algérie a fait face, seule, une décennie durant, au terrorisme abject qui a oté la vie à des milliers de ses enfants relevant que la réconciliation nationale initiée par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika a conforté le choix du peuple pour la paix, la culture du pardon et de la tolérance, son rejet de toutes formes de violence et son attachement aux constantes nationales qu'il a placées au dessus des luttes politiques".
Les Algériens qui ont payé fort le prix du recouvrement de la paix et de la stabilité ne cèderont pas devant ceux qui font des principes religieux et des valeurs du nationalisme un fond de commerce. Ils restent unis derrière l'armée nationale populaire et les autres corps de sécurité qui veillent à la protection du peuple et à la défense du pays.
L'Algérie a de tout temps plaider pour une coordination internationale et une approche globale pour lutter contre le terrorisme d'autant que ce fléau s'est associé aux réseaux transnationaux du crime renforçant ainsi ces capacités de nuisance, a dit M. Sellal.
Dans ce même contexte, il a rappelé que l'Algérie "n'a eu de cesse de préconiser le tarissement des sources de financement du terrorisme notamment à travers la criminalisation du paiement de la rançon et la lutte contre le trafic d'armes et de drogue et la traite d'humains et par le biais de mesures pour faire face aux tenants de l'extrémisme au sein de la société, dans les établissements scolaires et dans les lieux de culte".
Crise pétrolière: Poursuivre les efforts de modernisation sans renoncer aux acquis sociaux
A une question sur les incidences de la crise pétrolière sur l'économie algérienne, le Premier ministre a fait savoir qu'il s'agissait d'une "crise sévère dont les causes sont plus stratégiques qu'économiques" soulignant que qu'il est "difficile d'en prédir l'évolution sur les court et moyen termes".
"Pour faire face à cette crise, l'Algérie doit poursuivre la modernisation du pays sans toucher aux acquis sociaux. Il s'agit pour le pays d'éviter le recours excessifs à ses réserves", a-t-il soutenu. "Le remboursement anticipé de la dette et la gestion rationnalisée de nos finances nous ont permis de mieux appréhender la crise que beaucoup d'autres pays producteurs", a poursuivi M. Sellal.
Dans ce cadre, il insisté sur la nécessité de "rechercher la richesse dans le secteur productif et l'entreprise algérienne tant publique que privée". S'agissant des efforts déployés par l'Etat pour drainer les investissements étrangers, M. Sellal a fait remarquer que le pays s'employait à "construire une économie émergente reposant sur le secteur productif créateur de richesse".
Dans cette optique, "les efforts sont concentrés ces dernières années sur la reconstruction de la base industrielle nationale à travers des partenariats dans plusieurs secteurs avec des opérateurs jouissant d'une experience avérée".
La coopération algéro-égyptienne en deçà des attentes des deux pays
Concernant la coopération entre l'Algérie et l'Egypte, le Premier ministre a affirmé le "vecteur essentiel des relations entre les deux pays reste la volonté politique des présidents Abdelaziz Bouteflika et Abdelfettah Sissi de les promouvoir et de leurs ouvrir de plus larges perspectives".
M. Sellal a indiqué qu'en dépit d'un "volume important, les échanges économiques entre les deux pays, restent en deçà de nos aspirations notamment au regard des opportunités de complémentarité qu'offrent les énormes potentialités des nos pays dans divers domaines".
Il a insisté sur la nécessité de dégager les meilleurs moyens d'élargir la base de coopération à tous les secteurs de la vie à économique et financière de manière à construire un partenariat efficient et une véritable complémentarité économique.
L'occasion pour le Premier a été de rappeler que la commission mixte de coopération a adopté une "approche rénovée plus réaliste et plus pragmatique des relations algéro-égyptienne notamment dans le domaine économique axée sur la rigueur dans la mise en oeuvre des accords et programmes communs".
"L'Algérie ne ménagera aucun effort pour appuyer toutes les démarches visant à unifier les rangs arabes"
Le Premier ministre Abdelmalek Sellal a affirmé que l'Algérie ne ménagera aucun effort pour soutenir toute démarche visant à unifier les rangs arabes et à affermir la cohésion de la Nation arabe.
"Concernant la situation dans le monde arabe, nous soutenons que le retour de la stabilité et de la sécurité est une priorité majeure et que sans cette donne nous ne pouvons envisager une action arabe réussie ou influer sur les événements, notamment, en ce qui concerne nos dossiers importants à leurs tête la question palestinienne qui reste centrale", a indiqué M. Sellal dans un entretien accordé à la revue égyptienne "El Ahram El Arabi".
"L'Algérie ne ménagera aucun effort pour appuyer toutes les démarches visant à unifier les rangs arabes et à consolider la cohésion de la nation arabe" pour que celle-ci préserve sa place au sein de la communauté internationale et relève le défi du développement et du progrès, a-t-il poursuivi.
S'agissant des bouleversements que connaît le monde arabe depuis 2011, M. Sellal a précisé que le temps et aussi les évènements "ont prouvé la pertinence de la lecture algérienne par rapport à ce qu'on appelle le printemps arabe".
"Bien que reconnaissant indéniablement la sincérité et l'innocence de milliers de jeunes sortis dans les rues dans certaines grandes villes arabes ainsi que la légitimité de leurs revendications, l'Algérie a cependant émis dés le premier instant des réserves quant aux signes d'effondrement des Etats, d'atteinte à leur souveraineté et à leur intégrité territoriale, d'ingérence étrangère et de recrudescence de la violence verbale et physique", a-t-il cependant souligné.
"Nous n'avons jamais été convaincus par un modèle unique de démocratie car nous pensons que chaque nation façonne son propre destin en se référant à son histoire, à sa civilisation et au libre arbitre de ses enfants", a-t-il encore dit.
Concernant les conflits confessionnels et ethniques exploités par l'Occident pour embraser la région arabe, M. Sellal a précisé que "lorsque nous disons qu'en Algérie, l'Islam, l'Arabité et l'Amazighité sont les composantes de l'identité nationale, cela ne veut pas dire qu'au sein de notre société coexistent trois groupes ethniques car dans la personnalité de chaque algérien, l'on retrouve la foi du musulman, la sagesse du fils du désert, la bravoure de l'homme arabe et la fierté de l'Amazigh".
"Il y a sans doute à l'étranger ceux qui profitent des conflits ethniques et confessionnels dans les pays musulmans et arabes ce qui doit nous interpeller et nous conduire à tirer avantage de nos différences et en faire une force et une source de richesse intellectuelle, culturelle et sociale", a-t-il soutenu, ajoutant que les Algériens ont choisi "de libérer la religion, l'identité et la langue des surenchères politiciennes et de les promouvoir en leur conférant un caractère constitutionnel et en les académisant au service de l'unité du peuple et des intérêts du pays".
Interrogé sur la position de l'Algérie à l'égard de la situation en Libye sur les plans politique et sécuritaire, M. Sellal a répondu que la catastrophe dans ce pays frère était surtout humanitaire.
"Les Libyens vivent une véritable tragédie et ne voient aucune issue pour sortir de la crise ni même aucun espoir de se soustraire aux manœuvres étrangères avec le spectre de la menace terroriste et de l'intervention militaire qui pèse sur leur pays", a poursuivi le Premier ministre.
Il a réitéré, dans ce cadre, l'attachement de l'Algérie au principe de souveraineté de la Libye et son intégrité territoriale, appelant toutes les parties à rejeter la violence et à privilégier la voie du dialogue pour surmonter les différends et aller vers une entente nationale dans le cadre de la légalité internationale et des résolutions de l'ONU loin de toute ingérence étrangère.
Concernant la crise syrienne, M. Sellal a réaffirmé que le dialogue constituait le "moyen idoine" pour le règlement de cette crise, précisant que le parrainage des Nations unies représentait une garantie de son succès. "Les souffrances du peuple syrien n'ont que trop duré et doivent cesser à travers un processus consensuel syro-syrien qui préserve l'intégrité territoriale de ce pays, sa souveraineté, son indépendance et concrétise les aspirations légitimes de son peuple à la liberté et la démocratie", a-t-il encore souligné.
Le Premier ministre a évoqué la menace terroriste qui prend de l'ampleur dans la région et cible la paix mondiale. Il a souligné à ce propos que le terrorisme après "avoir détruit en grande partie l'Irak et la Syrie, a pu invraisemblablement faire le trafic du pétrole."
S'agissant de la coopération algéro-tunisienne en matière de lutte anti-terroriste, M. Sellal a affirmé que la confiance mutuelle, les intérêts communs et le respect de la souveraineté de chaque pays "sont les principes de cette coopération non seulement sur le plan sécuritaire mais dans tous les domaines".
La Tunisie est passée par une étape critique et l'Algérie a choisi d'être à ses côtés en cette période délicate", a-t-il dit, faisant remarquer que la coopération entre les deux pays dépassait l'aspect sécuritaire et portait sur une coordination politique permanente de haut niveau sur les questions d'intérêt commun aux plans régional et international.
Il a tenu, à ce sujet, à réaffirmer le souci de l'Algérie de préserver ses relations privilégiées avec ce pays frère et son ambition de les hisser aux plus hauts niveaux.
Sur la possibilité de voir l'Algérie participer à des actions militaires antiterroristes hors de ses frontières, M. Sellal a indiqué qu'avant d'évoquer l'option de participation à des actions militaires antiterroristes, "il conviendrait pour nous d'envisager l'efficacité et l'efficience d'une telle option. Je peux me tromper mais il ne me souvient pas qu'il y ait déjà eu une intervention militaire qui a réussi et qui a mis fin à l'existence des groupes armés. Cette démarche entraîne dans la plupart des cas des problèmes plus complexes que ceux que l'on cherche à résoudre".
Après avoir rappelé l'empêchement constitutionnel à l'engagement de l'Armée nationale populaire dans des missions de combat à l'étranger, M. Sellal a indiqué que "le désespoir n'est pas permis pour un responsable politique, car, en effet même si la situation dans certains pays de notre région est extrêmement complexe, il n'est pas impossible de la régler par le dialogue et les moyens pacifiques. Nous ne devons pas accepter que l'extrémisme prenne en otage l'avenir de nos peuples".
Au sujet des relations algéro-françaises, le Premier ministre a souligné que la France était un partenaire économique "important", ajoutant que les domaines de coopération bilatérale sont "nombreux et multiples" et que les deux pays travaillent actuellement sur des dossiers "précis et clairs" dans le cadre de leurs intérêts communs.
Concernant la communauté nationale établie à l'étranger, M. Sellal a affirmé que l'Etat algérien "est à ses côtés en cette conjoncture délicate et rejette toutes les formes de discrimination qui la ciblent et toutes les tentatives d'assimilation du terrorisme à l'Islam".
APS