Le conflit yéménite a connu un nouveau développement avec l'annonce d'un cessez-le-feu en avril prochain et de nouvelles négociations de paix le même mois, après une intervention d'une coalition arabe conduite par l'Arabie saoudite, et qui dure depuis presque un an.
L'annonce de ces deux événements importants censés préparer le terrain pour une issue au conflit yéménite, a été faite mercredi par le médiateur de l'ONU au Yémen Ismaïl Ould Cheikh Ahmed, au lendemain de la publication d'un bilan onusien faisant état de plus de 3.200 civils tués dans les frappes menées par la coalition conduite par les Saoudiens.
"Les parties au conflit ont accepté une cessation des hostilités dans tout le pays à partir du 10 avril à minuit, avant la nouvelle session de négociations de paix qui aura lieu le 18 avril au Koweït", a-t-il déclaré à la presse à New York.
Après avoir eu des consultations extensives notamment dans la capitale Sanaa, tenue par les rebelles chiites houthis depuis septembre 2014, et à Ryadh, l'émissaire onusien a indiqué avoir reçu des assurances que "toutes le parties participeraient" à ces discussions qui devraient se dérouler "en face à face".
Ces négociations ont pour objectif, selon le médiateur, "de parvenir à un accord pour mettre fin au conflit et permettre la reprise d'un dialogue politique inclusif, en conformité avec les résolutions de l'ONU dont la résolution 2216" qui stipule notamment que les rebelles houthis doivent se retirer des territoires dont ils ont pris le contrôle.
M. Ould Cheikh a précisé que "les négociations inter-yeménites se concentreraient sur cinq dossiers: retrait des milices et des groupes armés, restitution à l'Etat des armes lourdes, arrangements de sécurité intérimaires, restauration des institutions de l'Etat et reprise du dialogue politique inclusif et la création d'un comité spécial pour les prisonniers et les détenus".
Des comités seront constitués pour débattre séparément de ces cinq points et le médiateur a demandé aux protagonistes de lui soumettre des propositions sur chacun d'eux d'ici le 3 avril.
La dernière session de pourparlers entre le gouvernement yéménite et les rebelles avait eu lieu du 15 au 20 décembre 2015 en Suisse sous l'égide de l'ONU.
Les Yéménites face à "une tragédie sans nom"
Au sujet du cessez-le-feu, Ismaïl Ould Cheikh Ahmed a souhaité que la cessation des hostilités permette un "accès humanitaire sûr, rapide et sans entraves" aux millions de civils yéménites qui en ont besoin.
Il faudra aussi, a-t-il dit, "augmenter dans les prochaines semaines le flot de marchandises commerciales" qui parviennent dans les ports du Yémen, malgré un blocus naval saoudien.
"L'absence de l'Etat dans de nombreuses régions du Yémen", a souligné le médiateur, "a aussi permis l'expansion de groupes terroristes qui représentent une menace à long terme pour le pays et la région", une référence à Al-Qaïda et au groupe autoproclamé "Etat islamique" (EI, Daech).
Les Yéménites font face à "une tragédie sans nom", où les civils notamment sont soumis à "un niveau extrêmement élevé de souffrances", a déploré l'émissaire de l'ONU pour le Yémen.
L'Arabie saoudite qui dit soutenir le gouvernement du président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi dans leur lutte contre les rebelles, et d'autres pays arabes avaient lancé le 26 mars 2015 une campagne militaire contre les Houthis mais sans parvenir à reprendre l'ensemble des régions conquises par ces derniers.
Victimes civiles: la coalition arabe pointée du doigt
D'après le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme, la coalition arabe a entraîné la mort de plus de 3.200 civils dans ce pays.
"Il semblerait que la coalition est responsable de deux fois plus de victimes civiles que toutes les autres forces réunies", avait déploré récemment le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Zeid Ra'ad Al Hussein.
"Ils ont frappé des marchés, des hôpitaux, des cliniques, des écoles, des usines, des réceptions de mariage - et des centaines de résidences privées dans des villages, des villes, y compris dans la capitale Sanaa. Malgré de nombreuses démarches internationales, ces terribles incidents continuent de se produire avec une régularité inacceptable", a-t-il dénoncé.
Selon les estimations de l'ONU, le conflit au Yémen a fait près de 6.300 morts depuis son déclenchement en 2014, dont près de la moitié des civils (3.218), depuis l'intervention de la coalition arabe.
Par ailleurs, les Etats-Unis ont salué la volonté de la coalition menée par l'Arabie saoudite de mettre fin à ses bombardements au Yémen.
Les opérations militaires majeures de la coalition arabe au Yémen touchent à leur fin, avait affirmé mercredi dernier son porte-parole, le général de brigade Ahmed al-Assiri qui avait également souligné que les combats avaient quasiment cessé le long de la frontière saoudo-yéménite, après des efforts de médiation.