Avec l’été, la tentation est grande de prendre des couleurs… à la limite de bronzer bête mais, bien que le soleil joue un rôle bénéfique sur le psychisme, le cycle du sommeil et la consolidation osseuse, sa lumière reste dangereuse. Outre les biens nommés coups de soleil et les insolations, il peut provoquer un vieillissement prématuré de la peau ou des cancers.
Pour contrer ces risques, des produits innovants sortent dans le commerce, comme le bracelet capteur Daylong, conçu par la société suisse Galderma Spirig, qui réagit aux rayons ultraviolets (UV) et avertit son propriétaire en cas de sur exposition.
Attaché au poignet, le bracelet doit être recouvert de crème solaire en même temps que l’on s’enduit le corps. «Au fur à mesure de son exposition aux rayons ultraviolets, le bracelet change de couleur», précise Monika Vögtli, représentante de la marque. Initialement jaune, le bandeau tourne à l’orange lorsqu’il est conseillé de se remettre de la protection et vire au rose quand la dose de soleil journalière maximale est atteinte.
Il est alors recommandé d’aller à l’ombre. «Nos bracelets sont adaptés aux peaux les plus sensibles et résistent à l’eau, souligne Claes Lindhal, directeur de la société suédoise Smartsun, qui commercialise un bracelet du même type. Ils doivent cependant être jetés à la fin de la journée.»
Utile, mais...
Ces produits sont-ils utiles pour cerner nos limites ? Selon des responsables de la consultation de dermato-oncologie du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV), «ce sont de bons outils pour se rendre compte des heures durant lesquelles le soleil est particulièrement agressif et de la durée, en réalité assez courte, durant laquelle la peau exposée ne risque rien. Mais une fois cette prise de conscience effectuée, ces gadgets ne servent plus à grand-chose.» Le spécialiste souligne cependant qu’il est parfois difficile de réaliser que notre peau brûle.
Ces bandes colorées fonctionnent alors comme une alarme: «La sensation de chaleur que procure le soleil n’est pas due aux dangereux UV mais aux infrarouges. Par vent frais ou ciel nuageux, notre perception est donc biaisée, et nous nous croyons protégés. Or c’est dans ces situations-là que sont attrapés les coups de soleil les plus sévères.»
Certains gadgets anti-coups de soleil misent même sur la technologie numérique, à l’instar des maillots de bain connectés de la société française Spinali Design. «Un capteur UV est niché dans les culottes de bain et relié à une application pour smartphone, explique son concepteur, Romain Spinali. L’utilisateur entre sur le téléphone mobile son phototype, l’indice de la crème qu’il emploie et sa localisation.
Le programme effectue un calcul d’après ces éléments et un signal est alors envoyé à chaque fois qu’il faut appliquer de nouveau de la protection ou se mettre à l’ombre.»
Au sujet de ces capteurs UV, Christian Lovis, médecin-chef du service des sciences de l’information médicale aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), se montre plus nuancé. «Ils s’inscrivent dans une dynamique globale d’accroissement des informations disponibles en temps réel que je considère comme positive. Ces données permettent de mieux nous connaître et peuvent offrir des solutions. Mais la qualité de la multitude de capteurs existants est mal connue. Il est impossible de se retrouver dans la jungle des études à leur sujet, qui sont parfois peu scientifiques.»
Le spécialiste relève également la difficulté de déterminer son type de peau et le biais engendré par un capteur immergé alors que le haut du corps est hors de l’eau. «Se faire frire le dos, même avec un bracelet au poignet, c’est ridicule, lance Christian Lovis. Si les gens étaient simplement raisonnables, les coups de soleil seraient extrêmement rares.»
En définitive, pour les médecins du CHUV comme des HUG, ces objets ne remplaceront jamais le simple bon sens.