Le ministre des Affaires étrangères de la République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD), Mohamed Salem Ould Salek, a dénoncé mercredi à New York l’inaction du Conseil de sécurité des Nations Unies face aux dépassements commis par le Maroc dans les territoires sahraouis occupés qui risquent, a-t-il dit, "de mener la région à une confrontation certaine".
"Nous avons fait appel au Conseil de sécurité pour assumer ses responsabilités sur la Minurso qui a un seul mandat, celui de l’organisation d’un référendum d’autodétermination pour le peuple sahraoui", a déclaré M. Ould Salek l’APS à partir du siège des Nations Unies à New York.
Le ministre des Affaires étrangères sahraoui a ajouté qu’il était temps au Conseil de sécurité "de se ressaisir et de déterminer une date pour la tenue de ce référendum", dénonçant par la même occasion "le blocage exercé par la France au sein due cet organe onusien" qui empêche tout progrès vers la résolution du conflit du Sahara Occidental.
"Le Maroc va mener la région à une confrontation certaine si le Conseil de sécurité n’assume pas ses responsabilité en l’obligeant à renouer avec ses engagements inscrits dans le plan de règlement du conflit et à respecter le cessez-le-feu signé par les deux parties" en 1991, a-t-il averti.
"La balle est dans le camp du Conseil de sécurité (mais cet organe sensé faire respecter les résolutions des Nations Unies) est devenu pratiquement une partie du problème", a-t-il regretté.
Et d’ajouter qu'"Il y a un blocage au niveau du Conseil de sécurité, étant donné l’attitude d’un pays membre permanent en l’occurrence la France" qui s’oppose à toute initiative visant la relance des négociations, à l’arrêt depuis 2012.
M. Ould Salek a indiqué que le Front Polisario a attiré mardi à New York l’attention de la communauté internationale sur les graves violations des droits de l’homme dans les territoires sahraouis occupés.
Le Maroc, a-t-il dit, jouit d’une impunité quasi-totale lui permettant de poursuivre ses crimes commis contre les prisonniers sahraouis et de maintenir la pression sur les organisations des droits de l’homme et la presse dans les territoires occupés.
Il était aussi question, selon M. Ould Salek, de sensibiliser la communauté internationale à la nécessité de mettre fin au pillage des ressources naturelles au Sahara Occidental par le Maroc et à ses tentatives pour changer la composante démographique des territoires occupés.
"Le Maroc continue de transférer sa propre population civile dans ces territoires en violation de la Convention de Genève" relative à la protection des personnes en temps de guerre. Le nombre de Marocains actuellement représente deux fois plus que celui des citoyens sahraouis, a-t-il décrié.
Interrogé sur l’état de la relance des pourparlers, le chef de la diplomatie sahraouie a fait savoir qu’une rencontre, tenue la semaine dernière à New York entre les représentants du Front Polisario, les deux pays observateurs du processus de paix et Christopher Ross, a fait ressortir la nécessité pour M. Ross (le représentant personnel du secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon) d’entamer une nouvelle tournée pour faire avancer les négociations conformément aux résolutions du Conseil de sécurité.
Mais "la complicité, dont jouit le Maroc au sein du Conseil de sécurité, empêche Ross tout comme le secrétaire général de l’ONU et la Minurso d’accomplir leurs missions", a-t-il affirmé.
"Le Maroc est en train de bloquer le travail de l’envoyé spécial comme il a bloqué auparavant la visite du SG de l’ONU au territoires occupés", a rappelé Ould Salek.
Christopher devait reprendre ses navettes diplomatiques dans la région en août dernier mais sa visite s’est heurtée à nouveau au refus des autorités marocaines qui le considèrent toujours comme personna non grata dans les territoires sahraouis occupés.
L’émissaire de l’Onu a déjà fait part récemment de la persistance de l’hostilité du Maroc à son égard.
Rabat continue d’entraver le processus de négociations directes malgré la demande du Conseil de sécurité et celle du secrétariat général de l’ONU de reprendre les négociations sur le statut du Sahara Occidental occupé. APS
Dernière colonie en Afrique, le Sahara occidental a été illégalement occupé par le Maroc en 1975, après le départ des troupes espagnoles, et reste à ce jour inscrit à l'ONU au chapitre des territoires à décoloniser, conformément aux règles du droit international en la matière. APS