Les participants à un colloque algéro-turc, tenu mercredi à Bejaia ont recommandé la relance de la recherche scientifique dans le domaine de l’histoire pour valoriser le patrimoine commun entre les deux pays.
Lors de cette rencontre inscrite dans le cadre de la célébration du 500ème anniversaire de l’arrivée des frères Aroudj (Barberousse et Khirdine) aux côtes algériennes en 1510, le directeur du Centre national des archives, Abdelmadjid Chikhi a affirmé que "la substance et les matériaux relatifs à cette époque existent", rappelant que "la colonisation française essayé d’effacer toutes les traces en rapport avec l’Islam ou l’entité nationale, unifiée et fondée, de son point de vue en 1516, par les frères Aroudj".
"Cette période s’était matérialisée par l’instauration d’un état, avec toute son administration, le traçage des frontières Est et Ouest, le choix d’une capitale (Alger), et sa dotation d’une marine de guerre qui a compté en Méditerranée", a-t-il soutenu, trouvant dans son analyse l’argument de choix pour s’élever contre le discours colonial français, adepte "d’une Algérie sortie du néant".
"Nous avions une place et une force qui comptait pour assurer une main-mise sur la méditerranée occidentale", a-t-il souligné, rappelant le rôle majeur joué par l’Algérie alors, en prenant part, à la conquête de l’Espagne, à ses engagements d’avant-garde durant les croisades ou plutôt encore dans la libération d’El-Qods.
"Ceux sont les troupes de Sidi-Boumediene et-Tlemceni qui sont rentrées les premières à El-Qods", a-t-il tenu à rappeler.
Au 16eme siècle, l’Algérie qui jouissait d’une totale souveraineté, était liée par des rapports stratégiques avec le sultanat Ottoman avec qui il coordonnait librement sur la base d’un accord dûment paraphé par les deux parties.
Lui emboîtant le pas, le professeur Saidouni Nacer, a tenu à ce titre, à "remettre quelques pendules à l’heure", en excluant l’assimilation de la présence turque en Algérie à un colonialisme, dont l’idée, tient, selon sa vision des choses, de la propagande coloniale.
Ce sont nos compatriotes qui ont fait appel aux frères Aroudj. Et leur débarquement, à Jijel, Bejaia, Alger et Tlemcen, n’avait rien d’une conquête, contrairement aux pénétrations Ottomanes en orient.
Et leur séjour autant que leur conduite des affaires publiques en sont des témoignages irréfragables.
Soutenant, cette option, le professeur turc Idriss Boustene, expert en étude Ottoman a souligné que les documents de cette époque sont parfaitement conservés. Et rendent compte des moindres détails de tout ce qui se faisait et se dessinait, abondant également dans le sens de l’indépendance du Dey d’Alger par rapport au pouvoir central Ottoman.
A ce titre, il en appellera, les chercheurs à mieux fouiller cette période. "Nous avons répertorié un lot de 150 millions de documents provenant de cette période, dont plusieurs millions ne concernent que l’Algérie", a-t-il soutenu, relevant le rôle joué par l’Algérie alors en Méditerranée.
"Nous (Algériens et Turcs) avons une histoire et un patrimoine commun. Nous avons le devoir de les promouvoir", a-t-il encore ajouté.
Des débats très riches ont suivi ces premières conférences, animés par des chercheurs et des experts des deux pays, en présence de l’ambassadeur de Turquie en Algérie, d’un conseiller spécial du président Tayyip Erdogan.
D’autres référentielles sont également prévues demain jeudi, dernier jour du colloque. APS