Dans un long entretien accordé au quotidien panarabe Asharq Al-Awssat, paru dans son édition de ce vendredi, le premier ministre, Abdelmalek Sellal, et à quatre jours de sa visite officielle en Arabie saoudite, s’est exprimé sur moult questions d’actualité brûlantes dont celles concernant directement l’Algérie.
Au sujet de la difficile conjoncture économique que connaissent plusieurs pays, dont l’Algérie, suite à l’effondrement des prix du pétrole, le premier ministre a indiqué que notre pays maintenait des indicateurs économiques stables en dépit de la crise engendrée par la baisse des cours de pétrole sur le marché mondial.
«En dépit d'un violent choc pétrolier qui a réduit ses ressources de plus de la moitié, l'Algérie maintient des indicateurs économiques stables et réalise une croissance annuelle de l'ordre de 4% grâce à plus de 25.000 nouveaux projets lancés au cours des trois dernières années», a-t-il indiqué.
Abdelmalek Sellal a expliqué que l'Algérie continuait de hisser le niveau des crédits à l'économie ( une hausse annuelle moyenne de 10%) ajoutant que cette démarche avait permis de résorber le taux de chômage, notamment parmi les jeunes, à 9,9 %.
Il a ajouté qu'un nouveau cadre budgétaire a été mis en place dans le sillage du nouveau modèle économique lancé par le gouvernement afin de préserver les équilibres macro-économiques et lancer des réformes pour adapter nos procédés de gouvernance économique aux standards internationaux en termes d'efficacité et de rationalisation.
«Les premiers résultats de ces mesures sont encourageants, mais nous avons encore beaucoup à faire», a-t-il soutenu soulignant que l'économie nationale était près d'atteindre l'autosuffisance et de diriger vers l'exportation dans certains domaines tels le ciment, les matériaux de construction et les industries pharmaceutiques.
Il a fait savoir à cet égard que la valeur des exportations de produits agricoles dépassait 800 millions de dollars annuellement.
Il a rappelé que 2,8 millions de logements sociaux ont été réalisés au profit des catégories démunies entre 1999 et 2015 annonçant la distribution, avant la fin de l'année en cours, de 350.000 unités. Il a également fait état de la réalisation en cours de 1,2 million de nouveaux logements.
Concernant des partenariats économiques, M. Sellal a évoqué d'importants succès réalisés dans le domaine de la construction automobile, la sidérurgie, les technologies de l'Information et de la communication, les industries agro-alimentaires et chimiques et les énergies conventionnelles et renouvelables.
L'Algérie soutient le processus de négociations entre le Maroc et le Front Polisario
Au sujet de la question du Sahara occidental, le premier ministre a réaffirmé le soutien de l’Algérie au processus de négociations entre le Maroc et le Front Polisario en vue de trouver une solution définitive au conflit du Sahara occidental, qui garantit au peuple sahraoui son droit à l'autodétermination.
M. Sellal a indiqué que «le dossier de la question du Sahara occidental est entre les mains de l'ONU et fait l'objet actuellement d'un processus politique de négociations entre le Royaume marocain et la République arabe sahraouie démocratique (RASD), sur la base du principe du droit à l'autodétermination».
Il a précisé que l'Algérie «soutient ce processus et espère une fin rapide des négociations et un règlement définitif et juste du conflit».
Concernant la fermeture des frontières communes avec le Maroc et la possibilité de construire des relations normales avec ce pays «loin du conflit du Sahara occidental», M. Sellal a souligné que «le Maroc est un pays voisin et frère. Il y a entre nous des points de désaccord en suspens autour desquels les vues divergent».
«La fermeture des frontières terrestres est intervenue en réponse à la décision unilatérale des autorités marocaines d'imposer un visa d'entrée aux ressortissants algériens», a précisé M. Sellal ajoutant que les relations internationales «sont régies par les principes de convenances et de bon voisinage».
Il a affirmé à ce propos que l'Algérie «penche pour une approche globale où les questions sont traitées à travers un dialogue direct», d'autant qu'il s'agit, a-t-il dit, «de questions précises que notre pays est entièrement disposé à régler sérieuserment et pacifiquement afin que les pays puissent se consacrer à l'objectif suprême, celui de l'édification de l'Union du Maghreb arabe à laquelle aspirent nos peuples».
L’expérience algérienne dans la lutte antiterroriste, une référence et un «exemple à suivre»
Le Premier ministre a par ailleurs affirmé que l'expérience algérienne dans la lutte antiterroriste «est un exemple et une référence» de l'avis même des institutions des Nations unies et des centres de recherches et d'études spécialisées dans ce domaine.
Il a précisé que «la lutte antiterroriste en Algérie menée sur le terrain et sur les fronts populaire, politique et intellectuel est une référence selon les institutions des Nations unies et des centres de recherches et d'études spécialisées dans ce domaine».
Il a ajouté que «l'Algérie est désormais sollicitée pour son expérience en matière de lutte antiterroriste par les gouvernements et exécutifs de nombreux pays».
M. Sellal a rappelé dans ce sens que «la réconciliation nationale pour laquelle a plaidé le président de la République et dont il a convaincu le peuple algérien, a permis en un temps record de panser les blessures profondes et douloureuses d'une décennie sanglante et de consacrer dans notre conscience collective les valeurs du vivre-ensemble, de tolérance et de rejet de la violence verbale et physique».
«Et pour preuve, a-t-il soutenu, le nombre d'Algériens qui rejoignent les groupes armés dans les différents foyers de tension est le moins important dans les pays musulmans et même européens», soulignant que le terrorisme «est un phénomène international dangereux que nous devons combattre et ne pas juste en parler».