La Russie a décidé, à l'instar de pays africains, de se retirer de la Cour Pénale internationale (CPI) à qui il est reproché "un manque d'indépendance et d'impartialité", alors que cette dernière exhorte la communauté internationale de maintenir son adhésion au statut de Rome.
La Russie a annoncé mercredi sa décision de s'éloigner de la CPI, le président Vladimir Poutine ayant signé un décret pour retirer la signature que son pays avait apposée en l'an 2000 au statut de Rome. Moscou n'avait jamais ratifié ce document, reprochant à cette instance de ne pas être "véritablement indépendante" et de "ne pas avoir été à la hauteur des espoirs suscités lors de sa création".
"Ainsi, la Russie retire sa signature du Statut de Rome de la CPI et ne reconnaît pas sa juridiction, tout comme les Etats-Unis et la Chine".
La décision russe est intervenue "après que la procureure générale de la CPI eu assimilé mardi la réunification de la Russie et de la Crimée survenue au printemps 2014 à un conflit armé entre Moscou et Kiev dans son rapport préliminaire".
Or pour le président russe, la question de la Crimée est "close une fois pour toutes". La Crimée et Sébastopol ont été rattachés à la Russie à la suite d'un référendum tenu en mars 2014, a-t-on rappelé.
Les Russes estiment ainsi que la Cour pénale internationale "n'a pas été à la hauteur des espérances et a échoué à devenir une institution judiciaire réellement indépendante".
Pour la Diplomatie russe, "la communauté internationale a fondé de grands espoirs sur la CPI, la première institution judiciaire internationale permanente, dans la lutte contre l'impunité dans le cadre d'efforts conjoints pour maintenir la paix et la sécurité internationales, résoudre les conflits existants et prévenir de nouveaux foyers de tension" mais elle "n'a pas répondu aux attentes".
La Russie se joint aux pays africains
En décidant de retirer sa signature du Statut de Rome de la CPI, la Russie a suivi l'initiative de pays africains qui reprochent à la juridiction internationale d'être notamment "instrumentalisée par les pays occidentaux".
Après l'Afrique du Sud et le Burundi en octobre, le 14 novembre, la Gambie a officiellement notifié son retrait de la CPI auprès des Nations unies.
Ce retrait doit prendre effet un an après la réception de cette notification.
La raison principale motivant une telle décision serait que la CPI s'est concentrée jusqu'à maintenant essentiellement sur "des cas africains". Pour le moment, la Cour mène neuf enquêtes en Afrique. Une dixième concerne le conflit entre la Géorgie et l'Ossétie du Sud en août 2008 .
Le président tchadien, Idriss Déby, qui assure la présidence tournante de l'Union africaine, avait critiqué la politique de "deux poids deux mesures" de la Cour à l'égard de l'Afrique alors qu'"ailleurs dans le monde, beaucoup de choses se passent, beaucoup de violations des droits de l'Homme flagrantes, mais personne n'est inquiété".
Le Soudan a quant à lui lancé un appel à tous les pays africains à quitter la CPI.
Le président philippin, Rodrigo Duterte, a également annoncé son intention d'emboîter le pas à la Russie et de retirer son pays de l'organisation, jugée "inutile".
Le Statut de Rome, entré en vigueur en 2002 attribue à la CPI des compétences pour poursuivre les auteurs de génocides, de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre.
Mais la juridiction internationale fait l'objet de nombreuses critiques, les procédures étant très longues, les condamnations peu nombreuses et les accusés sont dans de nombreux cas des dirigeants ou des ressortissants d'Etats africains. APS