Les oeuvres des grands écrivains maghrébins contemporains comme Assia Djebbar, Mouloud Feraoun, Rachid Boudjedra, Abdelhamid Benhadouga, Mohammed Dib et Kateb Yacine ont été revisitées mardi à Tizi Ouzou, à l’occasion du séminaire maghrébin sur les représentations culturelles dans le discours littéraire maghrébin.
Des chercheurs et des hommes de lettres issus d’une dizaine d’universités algériennes ainsi que de pays étrangers comme le Royaume Uni, la France et le Maroc ont pris part à cette rencontre scientifique initiée par le département de langue arabe et le laboratoire des représentations intellectuelles et culturelles de la faculté des lettres et des langues de l’université Mouloud Mammeri.
Le recteur de l’université Mouloud Mammeri, Pr. Ahmed Tessa a précisé que toute oeuvre littéraire doit se référer aux facteurs historiques et culturels de la société à laquelle elle appartient.
"Sans la prise en compte des facteurs existentiels qui sont le secret de la réussite de tout projet et dans n’importe quel domaine, la littérature sera dépourvue de sens et donc vouée à l’échec et la disparition", a-t-il soutenu, tout en saluant l’initiative de la faculté des lettres et des langues qui est à son troisième séminaire depuis octobre dernier après ceux consacrés au e-Learning et la critique littéraire.
La doyenne de ladite faculté, Aïni bettouche, a indiqué que l’objectif du colloque est de démontrer le lien entre le discours littéraire et la société avec tous les bouleversements et les changements qui la caractérisent.
Selon elle, la littérature est l’expression du réel qui suit toujours les évolutions qui se produisent dans son milieu d’origine. Les littéraires sont ainsi appelés à accompagner les différentes haltes historiques de leurs peuples tout en essayant de s’imposer dans un monde dominé par les nouvelles technologies de l’information et de la communication.
Dans ce sillage, le chef de département de langue et littérature arabes, Boualem Iglouli, a affirmé que le discours littéraire est le fruit des conjonctures sociales, des convictions religieuses, du patrimoine culturel matériel et immatériel mais aussi des influences intellectuelles étrangères.
Des aspects qui sont inscrits à l’ordre du jour du séminaire et qui font l’objet de discussion et de débats par une trentaine d’intervenants qui prennent part aux travaux, a-t-il observé.
Le Pr. Kamel Salhi de l’université de Leeds de Royaume Uni a mis en exergue le travail de mémoire que Assia Djebbar a réussi à faire en tant que membre de l’académie française.
"Au sein de cette institution, l’écrivaine et romancière algérienne qui était censée défendre et promouvoir la langue française à su grâce à sa maîtrise, son intellectualisme et son don littéraire représenter sa culture et la mémoire collective du peuple algérien dans son discours", a-t-il précisé.
Pour cet universitaire, "Assia Djebbar a su exploiter les exigences de l’académie française en faveur de sa culture d’origine en créant un nouveau mode de transmission et un genre d’écriture propre à elle".
Nadia Gada de l’université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou a, par ailleurs abordé des références culturelles et le colonialisme dans le discours littéraire à travers l’étude du roman El Euldj de Choukri Khodja.
Ce dernier avait abordé en 1929 la crise existentialiste du peuple algérien depuis le règne de l'empire ottoman en remontant à la colonisation française et sa politique dévastatrice en Algérie, à travers l’histoire d’un européen converti à l’Islam.
D’autres intervenants ont présenté des communications sur l’usage de l’héritage populaire dans le discours littéraire, la religion et son influence sur l’écriture, l’identité maghrébine dans le discours théâtral et l’image de l’enfant dans le conte populaire algérien.
Les travaux du séminaire se poursuivront demain mercredi avec une série d’autres conférences liées au thème. APS