Les massacres du 8 mai 1945 ont marqué le début de la phase de préparation de l’action armée pour l’indépendance de l’Algérie, a affirmé dimanche à Alger, l’historien Lahcéne Zeghidi.
Les événements du 8 mai 1945 ont marqué la fin de la période de formation de la seconde génération du mouvement national et le début de celle de la préparation de l’action armée pour déraciner les fondements du colonialisme et arracher l’indépendance de l’Algérie, a-t-il déclaré, lors du forum de la Direction générale de la Sureté nationale (DGSN), consacré à la commémoration de cette date, haute en symboles.
Après avoir rappelé les contextes interne et international ayant précédé ces sanglants événements, le professeur d’histoire à l’université d’Alger a indiqué que l’administration coloniale française avait recouru, pour la première fois, aux fours crématoires pour dissimuler l’étendue et la barbarie de ces massacres, devant les observateurs étrangers venus s’en enquérir.
La France avait applaudi ce qui s’est passé, deux semaines durant, au moment où les réactions étrangères étaient nombreuses à condamner la sauvagerie de ces tueries, a-t-il poursuivi, soutenant que quelques 3000 Algériens étaient quotidiennement abattus par les forces armées combinées, l’aviation effectuant à elle seule, quelques 300 raids par jour.
Les estimations algériennes et étrangères de l’impact de ces massacres avaient avancé entre 17.000 et 100.000 victimes parmi les manifestants algériens, au moment où l’administration coloniale l’avait limité à entre 1200 et 1500 morts, a-t-il déploré.
Le conférencier a rappelé que ces tragiques événements sont partis de ce qui était censé être des manifestations pacifiques à Sétif, avant de s’étendre essentiellement vers Guelma et Bejaïa, en raison du refus des manifestants algériens de renoncer au mot d’ordre revendiquant l’indépendance du pays, en brandissant l’emblème national.
« Le principe d’une manifestation pacifique a été accordé par le sous-préfet de Sétif, en interdisant toutefois que ne soit brandi le drapeau algérien», a explicité M. Zeghidi, soutenant que l’"étendard qualifié de séparatiste par la France" a pris une autre symbolique depuis les sinistres événements en question.
Considérant ces derniers comme une riposte du peuple algérien à la politique de la terre brûlée instaurée par l’ancien colonial depuis 1830, l’historien ajoute que la leçon du 8 mai 1945 a été apprise, dés lors, poursuit-il, que le peuple algérien a pu défier l’un des plus puissants empires armés de l’époque.
Il a conclu en conviant les générations actuelles à mesurer l’ampleur du sacrifice de leurs aînés, insistant sur les notions de nationalisme et de sécurité lesquelles doivent, selon lui, être érigées en valeurs et en attitudes. APS