Stupeur générale et indignation à travers le monde suite à l’annonce, mercredi, par le président américain, Donalmd Trump, de sa décision unilatérale de reconnaître El-Qods capitale d’Israël et de transférer le siège de l’ambassade des Etats Unis de Tel-Aviv vers la ville sainte.
En effet, dans une rupture spectaculaire avec la politique de ses prédécesseurs, le président américain a reconnu El-Qods, au cœur du conflit israélo-palestinien, comme capitale d’Israël. Cette décision a suscité la désapprobation de la communauté internationale, à l'exception de l'Etat hébreu, et qui avait mis en garde le président américain contre le risque de fragiliser la paix au Proche-Orient.
Une nouvelle escalade de violence est à craindre dans les territoires occupés après l’appel du Hamas une nouvelle intifadha. Aussi, plusieurs manifestations sont prévues ce vendredi dans plusieurs pays, notamment musulmans dont la Turquie et la Malaisie, Tunisie, France et Belgique.
A Paris, des manifestations sont prévues pour dénoncer cette décision, mais également la visite du premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, dans la capitale française prévue les 10 et 11 décembre courant.
Belgique : condamnation et réclamation de la reconnaissance de l’Etat de Palestine
La Belgique a condamné, jeudi, la décision du président américain Donald Trump plaidant pour le renforcement de la diplomatie européenne au Proche-Orient. «Nous condamnons cette déclaration» de Trump annonçant une reconnaissance d'El-Qods comme capitale d'Israël et le transfert de l'ambassade américaine vers cette ville sainte, a indiqué jeudi le Premier ministre Charles Michel devant la Chambre basse du parlement belge.
Charles Michel s'est engagé, en outre, devant les députés belges à évoquer la résolution du parlement belge appelant à la reconnaissance d'un Etat palestinien, soulignant toutefois qu'une reconnaissance formelle «ne pourrait avoir lieu que dans un cadre européen». Le ministre des Affaires étrangères, Didier Reynders, a regretté de son côté «la décision unilatérale de l'administration américaine». Pour le chef de la diplomatie belge, «un vrai dialogue est la seule voie à suivre» pour le règlement du conflit israélo-palestinien.
L’opposition britannique dénonce, la société civile se mobilise
Le gouvernement britannique, les partis politiques et la société civile ont exprimé leur total désaccord avec la décision du président américain de transférer l’ambassade de son pays vers El-Qods et proclamer cette dernière capitale d'Israël avant un accord entre les parties en conflit sur le statut final de la ville.
La première ministre britannique, Theresa May, a déclaré mercredi soir dans un communiqué qu’une telle décision est inutile et ne rendra aucun service aux efforts de la paix dans la région.
Elle a affirmé que son pays ne suivra pas l’exemple de Trump et que l’ambassade du Royaume-Uni est «basée à Tel Aviv et le restera», réitérant la position britannique sur le statut d’El-Qods occupée qui «doit être déterminé à travers une solution négociée entre israéliens et palestiniens conformément aux résolutions du conseil de sécurité de l’ONU».
Londres considère toujours El-Quods occupé comme faisant partie des territoires palestiniens occupés jusqu’à la conclusion d’un accord entre les deux partis, a-t-elle dit.
Pour sa part, le leader de l’opposition britannique, chef du Labour Party, Jeremy Corbyn, a indiqué dans un tweet, que la reconnaissance d’El-Qods occupé comme capitale d’Israël par trump est «une décision hasardeuse et une menace à la paix».
«Le gouvernement britannique doit condamner cet acte dangereux et s’engager à travailler dans le sens d’un règlement juste et durable au conflit israélo-palestinien», t-il ajouté.
De son côté, la société civile britannique promet d’exprimer fortement son indignation au «dérapage» du président américain, à travers un rassemblement de protestation prévu vendredi devant l’ambassade américaine à Londres.
Sept organisations, à leur tête, le mouvement anti guerre, Stop de war coalition, l’organisation de solidarité avec la Palestine, Palestine Solidarity Campagne (PSC) et la ligue des musulmans britannique (MAB) ont appelé à ce rassemblement et ont été soutenues par une dizaine d’autres.
Toutes ces organisations ont condamné vigoureusement, dans un communiqué commun, la décision du président Trump et affirmé qu’elles ne reconnaîtront aucun changement aux frontières d'avant 1967 en ce qui concerne El-Qods occupé sans accord entre palestiniens et israéliens.
Elles ont déclaré que reconnaître El Qods comme capitale d'Israël représente un «mépris» pour le droit international, et «un danger» pour la stabilité de la région.
Ces organisations ont appelé le Royaume-Uni à condamner fermement la décision américaine, rappelant qu’El-Qods n'est reconnue comme capitale d'Israël par aucun Etat.
Par ailleurs, le délégué palestinien au Royaume-Uni, Manuel Hassassian, a déclaré à la BBC que le geste de Trump «tuera le processus de paix» et risque provoquer une réaction «violente».
Il a considéré la décision américaine comme «une déclaration à la guerre au Moyen-Orient et contre 1,5 milliard de musulmans, des centaines de millions de chrétiens qui n'accepteront pas qu' El-Qods soit totalement sous l'hégémonie d'Israël, sans parler du fait qu’El-Qods Est a toujours été connue comme la future capitale de la Palestine».
Poutine «fortement préoccupé»
De son côté, le président russe, Vladimir Poutine, s'est dit jeudi «fortement préoccupé» après cette décision, appelant les parties prenantes au conflit israélo-palestinien à la retenue et au dialogue.
Lors d'un entretien téléphonique jeudi soir avec le président turc Recep Tayyip Erdogan, Vladimir Poutine a déclaré être «fortement préoccupé» par la décision de M. Trump, selon un communiqué du Kremlin.
«Ce genre de mesure peut barrer la voie aux perspectives du processus de paix au Moyen-Orient», a indiqué le Kremlin, déclarant «inadmissible» toute escalade des tensions et appelant à «faciliter la reprise des négociations israélo-palestiniennes».
Dans un communiqué publié quelques heures plus tôt, le ministère russe des Affaires étrangères a déclaré être «très inquiet de la décision annoncée à Washington», disant craindre des conséquences funestes pour la région dans son ensemble.
«Un règlement juste et sûr du conflit israélo-palestinien doit être atteint sur une base juridique internationale prenant en compte les résolutions du Conseil de sécurité et de l'Assemblée générale des Nations unies, qui prévoient le règlement de tous les aspects du statut définitif des territoires palestiniens lors de négociations directes israélo-palestiniennes», a poursuivi le ministère. «Nous avons demandé (aux Etats-Unis) de clarifier le sens de leur décision», a ajouté le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov lors d'une conférence de presse, après avoir rencontré son homologue américain Rex Tillerson en marge d'une réunion de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) à Vienne.
Communiqué de l’Union européenne : «sérieuse préoccupation»
La cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini a exprimé mercredi au nom de l'Union européenne sa «sérieuse préoccupation» après la décision du président américain Donald Trump de reconnaître El-Qods occupé comme capitale d'«Israël».
«L'Union européenne exprime sa sérieuse préoccupation à propos de l'annonce aujourd'hui du président des Etats-Unis Trump sur El-Qods occupé et les répercussions que cela peut avoir sur la perspective de paix», a affirmé Mme Mogherini dans un communiqué.
«L'UE appelle tous les acteurs sur le terrain et dans la région à faire preuve de calme et de retenue afin d'éviter toute escalade», a-t-elle dit, assurant que l'UE «se tenait prête à s'engager» dans le processus de négociation qu'elle juge nécessaire pour résoudre la question du «statut d'El-Qods occupé (…)Une solution négociée à deux Etats, qui répond aux aspirations des deux parties, est le seul moyen réaliste d'apporter la paix et la sécurité que méritent tant les Israéliens que les Palestiniens», a-t-elle insisté.
Lors d'une conversation téléphonique mercredi avec le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, Mme Mogherini a réitéré la «position ferme» de l'UE selon laquelle «le statut final d'El-Qods occupé comme future capitale d'Israël et d'un Etat palestinien doit être réglée à travers des négociations qui répondent aux aspirations des deux parties», selon un communiqué.
La décision mercredi du président américain Donald Trump de reconnaître «officiellement El-Qods occupé comme capitale d'Israël» a suscité une vague de condamnations au sein de la communauté internationale.
L'UE a dit jeudi craindre une «escalade des tensions autour des lieux saints» au lendemain de la reconnaissance d'El-Qods occupé comme la capitale d'Israël par Washington, réitérant son attachement à «une solution à deux Etats».
La cheffe de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, a assuré que l'UE «se tenait prête» à s'engager et à jouer un «rôle déterminant» dans la relance du processus de paix au Proche-Orient.