Les Sud-africains étaient mardi dans l'attente d'une issue politique à la situation que traverse leur pays suite au rappel adressé par le Congrès national africain (ANC, parti au pouvoir) au président de la République, Jacob Zuma, pour quitter son poste de responsabilité à la tête du pays.
Après une période marquée par des divergences au sein de l'ANC, le Comité national exécutif (NEC), organe de décision du parti, qui s'est réuni à huis-clos durant plus de 13 heures à Pretoria, a finalement tranché et s'est accordé pour rappeler Jacob Zuma. Il est question de lui adresser une lettre lui ordonnant de céder le pouvoir, après avoir rejeté la demande de Jacob Zuma de conserver son poste encore pour quelques mois.
La direction de l'ANC a le pouvoir de «rappeler» tous ses membres délégués à une fonction gouvernementale, comme elle l'avait fait en 2008 pour le président Thabo Mbeki, qui avait obtempéré et accepté de démissionner. Mais le chef de l'Etat n'est toutefois pas obligé d'accepter cette décision.
Dans ce cas, l'ANC, qui a officiellement confirmé mardi lors d'une conférence de presse à Johannesburg avoir exigé le départ de Zuma, peut saisir le Parlement d'une motion de défiance. Ce texte peut être adopté à la majorité absolue et contraindrait M. Zuma à partir.
La haute juridiction sud-africaine avait autorisé au moins 7 motions de défiance déposées par l'opposition. Une huitième est inscrite à l'ordre du jour du Parlement le 22 février.
Depuis l'élection en décembre 2017 de Cyril Ramaphosa à la tête de l'ANC, la pression est montée d'un cran au sein de la formation politique pour obtenir le départ du président Zuma, mais le cours des événements s'est récemment accéléré. L'impasse politique s'est notamment manifestée par le report, la semaine dernière, du discours annuel du chef de l'Etat.
L'opposition qui réclame depuis quelques années le départ de Zuma est allée jusqu'à exiger la dissolution du Parlement et la tenue d'élections anticipées. Selon la constitution, en cas de démission du chef de l'Etat, le vice-président assure son intérim.
En effet, les négociations au sommet achoppent sur les termes du départ de Jacob Zuma. Selon les médias locaux, le président demande notamment la prise en charge de ses frais de justic
Pour une transition sans discorde
Sauf surprise, Jacob Zuma va devoir démissionner. C'est en effet son vice-président, Ramaphosa qui l'avait signifié. L'avant-veille de la réunion d'urgence convoquée par le NEC, le président Jacob Zuma et son vice-président, Cyril Ramaphosa, avaient discuté les détails concernant la transition politique et posé les bases d'une résolution prochaine «sans discorde et sans division» de la question liée notamment à la démission du chef de l'Etat, demandée par des membres de l'ANC.
La polémique sur le départ anticipé du président sud-africain Jacob Zuma sera tranchée «dans les prochains jours», avait promis mercredi dernier Cyril Ramaphosa, qui a dit en avoir discuté directement les détails avec le chef de l'Etat.
Après plusieurs jours de débats, M. Ramaphosa a indiqué: «Le président Zuma et moi-même sommes conscients que nos citoyens veulent qu'une page se tourne et ils le méritent. Le processus constructif que nous avons entamé offre la plus grande opportunité pour clôturer ce sujet sans discorde et sans division», a-t-il assuré.
En revanche, selon des médias sud-africains, le président Zuma aurait accepté de démissionner, mais sous certaines conditions, dont son immunité.
L'actuel chef de l'Etat qui doit quitter le pouvoir en 2019 à l'issue de son deuxième et dernier mandat présidentiel, est accusé d'«avoir touché, alors qu'il était vice-président, des pots-de-vin pour un contrat d'armement de 4,2 milliards d'euros signé en 1999 par l'Afrique du Sud avec plusieurs entreprises européennes».
Il avait alors été formellement inculpé, mais ces poursuites avaient été abandonnées en 2009 au motif qu'elles avaient été, selon le parquet général, motivées politiquement.
Depuis 2009, le principal parti d'opposition, l'Alliance démocratique (DA), essaie d'obtenir la réouverture du dossier. Il a enfin obtenu satisfaction en 2016, lorsqu'un tribunal de Pretoria a jugé «irrationnel» l'abandon des poursuites engagées contre M. Zuma. Le parquet général et le président ont fait appel de cette décision.
En outre, la crise politique en Afrique du Sud remonte à plus d'une année, soit à septembre 2016 suite à l'annonce des résultats des municipales d'août de la même année. Avec 54 % des voix au niveau nationale, l'ANC, le mouvement du leader Nelson Mandela reste de loin la principale force politique du pays.
Mais la perte symbolique de villes comme Johannesburg, Pretoria et Port Elizabeth (Sud) lors des municipales a, indique-t-on, «mis en lumière sa fragilité». Pour l'actuel vice-président sud-africain, et probable future président par Intérim, la mise à l'écart de Zuma est la condition incontournable pour redorer le blason du parti avant les élections générales de 2019.
Nombre d'informations seront officiellement confirmées par le parti lors d'une conférence de presse ce mardi à Johannesburg. APS