Plusieurs milliers de citoyens de Jerada, ancienne ville minière sinistrée du nord-est du Maroc, sont descendus samedi dans la rue, pour protester contre la situation économique et sociale de la région et la libération des militants arbitrairement arrêtés lors des précédentes manifestations, ont rapporté des médias locaux.
Les manifestants qui ont été empêchés de manifester, dans cette ville placée sous haute sécurité, ont scandé : «Plutôt la mort que la soumission» et ont bravé par milliers l’interdit des autorités pour demander une alternative économique et la libération de militants récemment arrêtés.
Des cas de blessures, 200 personnes environ, dont certaines graves, ont été également signalés par les mêmes sources, soulignant que «certains d'entre eux (blessés) ne sont pas allés, par malheur, à l’hôpital de peur de se faire arrêter».
«ll y a de gros problèmes dans cette région, c’était un devoir de venir», a souligné vendredi le député Omar Balafrej, élu à Rabat, sous les couleurs de la Fédération de la gauche démocratique (FGD), cité par l'AFP.
«J’ai vu cette ville, j’ai vu les puits. On se croirait au XIXe siècle, c’est Germinal», dit-il en référence au roman d’Emile Zola sur la misère des mineurs français. «Il y a autant de forces de l’ordre que d’habitants, alors qu’on a des manifestations pacifiques», a-t-il ajouté.
Le mouvement de protestation a vu le jour en décembre après la mort de deux mineurs dans un puits d’extraction de charbon. Un plan d’action économique proposé par les autorités avait permis une accalmie, mais le mouvement a été relancé après une série d’arrestations.
D’autre part, certains partis de l’opposition réclament la tenue d’une réunion d’urgence du Parlement afin de se pencher sur la situation prévalant à Jerada, l’une des communes les plus pauvres du Maroc selon des données du Haut-Commissariat au Plan (HCP), l’organisme des statistiques marocain.
La mort, fin décembre, de deux mineurs dans un puits de charbon, suivie depuis de deux autres décès, a mobilisé la population. Si l’ancienne mine a été fermée en 1999, l’extraction du charbon a continué au profit des «notables» locaux, alors que les travailleurs exercent dans des conditions indignes.
Depuis 1998, pas moins de 44 personnes sont décédées. Le Maroc a connu ces derniers mois deux autres mouvements de contestation sociale, dans le Rif (nord) après la mort tragique d'un marchand de poissons en octobre 2016 et dans le sud désertique après des coupures d'eau liées à la surexploitation agricole. Une répression s’était brutalement abattue sur la région où la police a arrêté plus de 450 personnes.