Des économistes ont mis l'accent, mercredi à Alger, sur la nécessité d'adopter une politique socioéconomique nationale adaptée au rythme de la croissance démographique qui a dépassé un (01) million d'habitants par an durant ces dernières années.
Le professeur Larbi Laamri, spécialiste en économie a souligné que la croissance démographique actuelle qui s'élève à 1,4 millions d'habitants par an « menace la croissance socioéconomique du pays, notamment en ce qui concerne les coûts élevés de la prise en charge des personnes âgées dont le nombre ne cesse d'augmenter et les dysfonctionnements financiers dont souffre la Caisse nationale des retraites (CNR) ».
Qualifiant le rythme actuel de la croissance démographique de « fardeau » qui pèse sur l'Etat, l'expert a indiqué que cela exigeait « des places supplémentaires dans les écoles et les universités, des postes d'emplois, une prise en charge sanitaire et un nombre important de logements sociaux », appelant à remédier à la situation en adoptant « une politique socioéconomique adaptée à la croissance démographique ».
De son côté, Nasreddine Hammouda, du Centre de recherche en économie appliquée pour le développement (CREAD) considère que le nombre des naissances qui est passé de 600.000 naissances vivantes par an à la fin des années 90 à plus d'un million (01) de naissances depuis 2013 nécessite « la mise en place de stratégies nationales répondant aux besoins des habitants en matière d'enseignement, d'emploi et de santé, en réduisant les disparités régionales dont souffre les régions des Hauts plateaux et du sud ».
Par ailleurs, le directeur de la Population au ministère de la Santé, Amor Wali, a affirmé que la croissance démographique actuelle « requiert une étude profonde et une structuration des différentes catégories sociales dont les personnes âgées (plus de 60 ans) qui représentent 9% de la population et dont la situation sanitaire nécessite une prise en charge et un suivi particulier outre les femmes en âge de procréation (11 millions femmes) âgées entre 15 et 49 ans ».
Il a indiqué, dans ce sens, que le plan national de la planification familiale 2017/2018 tracé par le Gouvernement, visait à « définir les priorités pour assurer le bien être de la famille et préserver la santé de l'enfant et de la maman à travers la mise en place de mécanismes d'espacement des naissances », appelant à l'implication de tous les secteurs pour faire face aux obstacles entravant ce plan.
A ce propos, le même responsable a fait savoir que la situation démographique actuelle consistant en la croissance des naissances, n'était pas liée au recul de la planification familiale, mais plutôt à l'augmentation des cas de mariage, passés de 150.000 lors des années 90 à 350.000 pendant les dernières années en raison de l'amélioration de la situation sociale de la société algérienne.
Pour sa part, le chef du service néonatologie au niveau du Centre hospitalier universitaire (CHU) Mustapha Pacha, Djamil Lebbane, prévoit que la croissance démographique sera stable lors des prochaines années d'autant que l'âge de mariage chez les femmes est de 31 ans.
De son côté, Mme. Houria Zegane, Gynécologue au CHU, Nafissa Hamoud, a qualifié de «trop élevé le rythme de croissance démographique actuel, ce qui impactera l'économie nationale s'il n y a pas une maitrise effective de la planification familiale en assurant les moyens matériels et humains dont la formation des sages femmes qui constituent un élément clés dans la prise en charge des femmes enceintes et la gestion de la planification familiale ».