Soixante personnes sont mortes au Soudan depuis lundi, date de la dispersion, sur ordre du Conseil militaire, du sit-in devant le QG de l'armée à Khartoum, annonce ce mercredi le comité des médecins dans un nouveau bilan.
Il s'agit du dernier bilan provisoire fourni par ce comité proche de la contestation. L'opération de dispersion de ce rassemblement emblématique de milliers de manifestants, qui réclamaient depuis des semaines le transfert du pouvoir aux civils, a été vivement condamnée à l'étranger, notamment par l'ONU, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne. Un précédent bilan faisait état de 35 morts.
Le comité des médecins soudanais accuse les «milices du conseil (militaire) (...) d'être responsables de ce massacre».
La contestation juge ainsi que les Forces de soutien rapide (RSF) sont les principaux auteurs de la dispersion par la force du sit-in devant le QG de l'armée lundi.
Le mouvement a appelé à poursuivre la mobilisation et rejeté l'appel à des élections par les militaires au pouvoir.
Le sit-in, dans le prolongement de la contestation inédite déclenchée en décembre, avait débuté le 6 avril pour réclamer le départ du président Omar El-Bachir, destitué par l'armée cinq jours plus tard et remplacé par un Conseil militaire de transition.
Le rassemblement s'est néanmoins poursuivi pour exiger le transfert du pouvoir aux civils.
Réunion en urgence du Conseil de sécurité de l'ONU
Le Conseil de sécurité de l'ONU s'est réuni à huis clos, hier mardi, sur le Soudan, après ces violences et l'appel, par les militaires au pouvoir, à organiser des élections dans un délai de neuf mois.
«Nous avons besoin d'un retour à la table des négociations de toute urgence», a déclaré Christoph Heusgen, l'ambassadeur allemand auprès des Nations unies, avant la réunion demandée par son pays et le Royaume-Uni. «La légitimité ne peut provenir du canon d'un fusil», a-t-il poursuivi.
Les condamnations internationales se sont succédé depuis la dispersion par la force dudit sit-in
Rejeté par la contestation, l'appel du Conseil militaire de transition à la tenue d'élections dans un délai de neuf mois a été aussi dénoncé par Londres, Washington et Oslo.
«Appeler maintenant à des élections anticipées est un déni de démocratie», a critiqué l'ambassadeur allemand à l'ONU, estimant que les conditions pour l'organisation d'un tel scrutin n'étaient pas réunies.
Le secrétaire général de l'ONU avait condamné lundi l'usage excessif de la force par les forces de sécurité soudanaises. Et Antonio Guterres d'appeler à la reprise des négociations pour un transfert pacifique du pouvoir à un gouvernement civil.