PLFC 2020: les présidents des groupes parlementaires appellent à faire face à la crise financière sans nuire au pouvoir d’achat du citoyen

Les présidents des groupes parlementaires ont plaidé pour des solutions alternatives en vue de faire face à la crise financière, sans porter atteinte au pouvoir d’achat du citoyen, mettant en avant l’impératif d’adopter une vision prospective à long terme pour l’après-épidémie de Coronavirus, afin de relancer l’économie nationale.

Lors de la séance de débat du Projet de loi de finances complémentaire (PLFC) 2020, mercredi, à l’Assemblée populaire nationale (APN), la présidente du groupe parlementaire de Tajamou Amel el Djazair (Taj), Karima Admane, a indiqué que ce texte de loi intervient dans une conjoncture marquée par une crise sanitaire et économique mondiale, qui n’a pas épargné l’Algérie, notamment avec l’impact de la chute des cours de pétrole sur les équilibres financiers.

Dans ce cadre, Mme Admane a préconisé l’adoption d’une vision prospective en vue de concrétiser le décollage économique, à travers des réformes dans le domaine fiscal, la modernisation des banques, la détermination des choix économiques et l’élaboration d’un plan de relance économique en vue de réduire les effets de l’épidémie de Coronavirus sur l’économie nationale.

Après avoir salué les dispositions relatives à l’amélioration du pouvoir d’achat du citoyen, à travers l’abattement de l’Impôt sur le revenu global qui ne dépasse pas 30.000 Da et la revalorisation du Salaire national minimum garanti (SNMG), Mme Admane a critiqué le recours à la hausse des taxes sur les produits pétroliers.

Dans ce contexte, elle a appelé à une révision, en toute urgence, de la politique de subvention sociale, à un recensement général des familles démunies et à un nouveau modèle de consommation qui réduira la dépendance vis-à-vis de l’étranger.

La présidente du groupe parlementaire du Taj a, par ailleurs, salué les dispositions contenues dans le projet de loi relatives à l’encouragement de l’investissement étranger, à la limitation de l’application de la règle 49/51 seulement aux secteurs stratégiques, ainsi que les mesures d’appui aux startups.

Pour le président du groupe parlementaire du Mouvement de la société pour la Paix (MSP), Mehdi Zitout, la situation actuelle marquée par une crise sanitaire induite par l’épidémie covid-19, est une chance d’opérer une véritable relance à plusieurs niveaux, citant à ce propos, les différentes initiatives émanant de plusieurs jeunes et entreprises dans le cadre de la lutte contre cette épidémie.

M. Zitout a appelé à adopter une vision plus globale en vue de relancer l’économie nationale, à travers l’appui aux secteurs qui contribuent au développement, à l’instar de l’agriculture et du tourisme, la mise en place d’une vision prospective, la hiérarchisation des priorités économiques en associant différents acteurs et la préparation de l’après-épidémie Covid-19.

Le député a salué les mesures visant à soutenir le pouvoir d'achat, appelant toutefois à revenir sur la décision de la hausse des taxes sur les produits pétroliers.

Le président du groupe parlementaire du Front El-Moustakbal, Hadj Belghaouti, a, quant à lui, souligné la nécessité de disposer d’études prospectives et de développer les secteurs de l'agriculture et du tourisme afin de réaliser un véritable décollage économique et en finir avec la dépendance aux hydrocarbures.

Le parlementaire a, par ailleurs, mis en garde contre l’impact de l'augmentation des taxes sur les produits pétroliers sur les agriculteurs, le secteur des transports et le pouvoir d'achat du citoyen en général.

Selon lui, le Gouvernement peut se tourner vers solutions alternatives pour faire face à la situation financière, notamment l’éradication du marché parallèle, la création de nouveaux mécanismes de recouvrement fiscal et la mise à contribution des banques au développement économique.

Pour sa part, la présidente du groupe parlementaire de l’Union pour Nahda-Adala-Bina, Beldia Khomri, a fait part de ses appréhensions quant à l’impact des hausses proposées sur le carburant.

Des craintes partagées par de nombreux députés. "Le rafistolage n’est pas la solution", a-t-elle dit, insistant sur l’impératif de ne pas toucher au pouvoir d’achat du citoyen.

Selon elle, le recouvrement des impôts non perçus et l’orientation de l'aide sociale vers les catégories qui en ont véritablement besoin sont des solutions plus pragmatiques.

De son côté, le président du groupe parlementaire du Mouvement populaire algérien (MPA), El-Hadj Cheikh Berbara, a dit refuser toute hausse susceptible d'impacter le pouvoir d’achat du citoyen, appelant à revoir la politique d’aide sociale de manière à ce qu'elle profite véritablement aux personnes nécessiteuses.

Après avoir salué les mesures en faveur du pouvoir d'achat et la décision de suppression de la règle 49/51 dans les secteurs non stratégiques, il a appelé à la mise en œuvre de cette dernière dans les plus brefs délais.

Pour Kidji Mohamed, du Rassemblement national démocratique (RND), la conjoncture actuelle marquée par les répercussions de la pandémie du coronavirus sur l’économie nationale impose au gouvernement de prendre des mesures pour éviter la faillite, le recours à l’endettement extérieur et le financement non conventionnel.

Parallèlement aux dispositions proposées dans le PLFC de l’exercice en cours, le gouvernement doit réfléchir à de nouveaux mécanismes pour réaliser les équilibres financiers, a-t-il indiqué.

Il a appelé au renouvellement du dispositif fiscal pour améliorer le recouvrement des créances et impôts, considérant que "le recouvrement fiscal est à même d’ éviter les augmentations".

M. Kidji a plaidé également pour la rationalisation des dépenses et la récupération des assiettes foncières non exploitées dans la réalisation des projets d’investissement.

Pour sa part, Saïda Bounab du Front de libération Nationale (FLN) a insisté sur la rationalisation des dépenses publiques et le ciblage en matière de subventions Pour surmonter la situation économique actuelle, il faut généraliser la numérisation notamment dans le secteur bancaire pour garantir la transparence dans la dépense des finances publiques, a-t-elle souligné.

Elle a salué, par ailleurs, les mesures de revalorisation du SNMG, la qualifiant de pas positif dans l’amélioration du pouvoir d’achat des citoyens, en attendant d’autres dispositions avec l’amélioration de la situation financière du pays.

Tous les intervenants ont salué l’élan populaire suscité en Algérie dans le cadre de l’effort national visant à endiguer la pandémie du coronavirus outre les efforts de l’Etat pour la prise en charge des malades.

L’APN devrait tenir, dimanche, une plénière pour le vote du PLFC 2020 après un débat de deux jours.

 

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