Les participants à la Conférence nationale sur l'œuvre du penseur Malek Bennabi ont appelé à Alger à réhabiliter ce grand penseur et à s'inspirer de son œuvre et de ses idées qui apportent des solutions à des problèmes contemporains.
Lors de cette conférence nationale organisée depuis mardi matin à la Bibliothèque nationale d'El Hamma sous l'intitulé "A l'écoute d'un témoin du siècle", les participants ont insisté sur la nécessité d'accorder davantage d’importance aux idées insuffisamment étudiées de Malek Bennabi et à son œuvre qui n’a pas bénéficié d’un intérêt digne de ce grand penseur algérien.
Dans son intervention à cette occasion, le président du Haut Conseil de la langue arabe (HCLA), le linguiste Salah Belaid, a souligné que Malek Bennabi était un philosophe profond, en avance sur son temps et méconnu chez les siens, regrettant que son œuvre et sa pensée n’aient pas fait l'objet d'études et de recherches des décennies plus tard.
Malek Bennabi s'est distingué des savants occidentaux et musulmans de par son traitement inédit de la question de la civilisation, a-t-il dit, rappelant les premiers ouvrages du penseur, notamment "Le Phénomène coranique", "Les Conditions de la Renaissance", "Vocation de l’Islam" et "L'Afroasiatisme".
Nous avons besoin de parcourir son legs intellectuel et devons mettre en pratique ses idées pour sortir des crises dont nous souffrons, à l’instar de la remise en question de l’identité et du legs civilisationnel, a-t-il soutenu.
Malek Bennabi nous propose une feuille de route gratuite pour édifier un Etat développé et façonner le modèle exemplaire de la société, a ajouté l’intervenant.
Il faut s’intéresser davantage aux savants algériens pour remédier aux défaillances et se référer à l’élite nationale pour vaincre l’anxiété et les contrariétés, a-t-il martelé.
Dans son intervention sous le thème "Missions de l'élite dans le changement civilisationnel post indépendance", le professeur Rachid Mimouni, spécialiste en sociologie religieuse et cognitive a précisé que Malek Bennabi a beaucoup insisté sur le rôle des élites des sociétés musulmanes dans la mutation civilisationnelle, ajoutant que Bennabi a œuvré à orienter les élites de la pensée vers la concrétisation des objectifs, tout en les mettant en garde contre les risques du conflit intellectuel.
Le penseur et théoricien Bennabi offre une analyse critique particulière des questions posées à son époque, particulièrement le conflit idéologique dans les pays colonisés.
Pour sa part, l’enseignant à la Faculté des sciences humaines et sociales à l’université de Tiaret, Fayçal Lakhal a indiqué dans sa communication intitulée "Rapport de Malek Bennabi et l'état de la culture en Algérie", que "le retour à la pensée de Bennabi n'exige par forcément de se limiter à ses propos et analyses, mais il importe d'opérer un sursaut dans la pensée vers une autre réalité culturelle et civilisationnelle qui répond à de nouvelles variantes socio-politiques".
Affirmant que Malek Bennabi a traité des questions qui lui ont été imposées par la réalité civilisationnelle et culturelle qu'il a vécue en actes en en pensées, Lakhal s’est interrogé sur la possibilité d’opérer un changement civilisationnel et culturel dans les pays du monde arabo-musulman, à partir de sa pensée et de ses ouvrages.
L’assistance s’est interrogée lors de la séance-débat sur la problématique de mettre en pratique les idées de Malek Bennabi qui a souffert, selon certains intervenants, de "marginalisation et de désintérêt par rapport à sa pensée, dans les années 1960 et 1970", d’autant que ses ouvrages n’étaient pas édités en Algérie, déplore un intervenant.
Les travaux de la Conférence nationale sur le penseur Malek Bennabi, ouverts mardi sous l’égide du ministère de la Culture et en présence du Premier ministre, Abdelaziz Djerad, seront clôturés, mercredi, par l’organisation de plusieurs conférences qui seront animées par des chercheurs et des universitaires.