Pr Brahim Mouhouche : « le manque d’eau est la responsabilité de tous »

Pr Brahim Mouhouche, enseignant à l'Ecole supérieure d'agronomie.

La lutte contre le stress hydrique est une priorité dans la stratégie du Gouvernement. En témoigne, le changement d’appellation du département ministériel chargé du dossier qui devient le ministère des Ressources en eau et de la Sécurité hydrique. « C’est exactement ce qu’il fallait avoir comme appellation depuis très longtemps car l’Algérie est un des pays les plus pauvres en eau », commente, ce lundi matin, le professeur en agronomie, Brahim Mouhouche, dans l’Invité de la rédaction de la Chaine 3 de la Radio Algérienne.

« Rien ne peut se faire sans eau », interpelle le scientifique. « L’Agriculture consomme, en Algérie, entre 70 et 75% des ressources hydriques disponibles et il y a également le secteur de l’industrie qui a ses besoins.» Si le Pr Brahim Mouhouche cite ces deux exemples en particulier, c’est parce qu’il estime que ce sont « les deux grands secteurs qui font tourner la machine socioéconomique » et que par conséquent, il faut donner de l’importance à la ressource hydrique nécessaire à leur fonctionnement.

Au même titre que la sécurité sanitaire, alimentaire ou énergétique, « l’eau a sa place parmi les priorités », se félicite le Pr Brahim Mouhouche. « Il faut évaluer la valeur productive de l’eau, il faut savoir combien produit chaque mètre cube d’eau en agriculture ou dans l’industrie », insiste le spécialiste. Selon lui, le manque d’eau que vit actuellement l’Algérie vient confirmer les mises en gardes des scientifiques. « Tout le monde a compris que l’Algérie manque d’eau et qu’il est nécessaire de ratisser large pour préserver la ressource », dit-il. « Tout ce qui peut nous faire mobiliser et économiser de l’eau doit être appliqué à la lettre », insiste l’agronome.

Jeter l’eau est un crime

 « Le problème de l’eau ne dépend pas du ministre, il dépend de tout algérien », interpelle le Pr Brahim Mouhouche. Selon lui, chacun doit faire des efforts pour économiser l’eau et mieux la consommer. « L’Algérie n’a jamais eu beaucoup d’eau, nos ancêtres ont toujours vécu comme ça. Ils ont su comment gérer l’eau pour ne pas la gaspiller et ils lui ont donné sa valeur », rappelle-t-il. « Aujourd’hui, les gens croient que l’eau qui coule du robinet n’a pas de valeur », regrette-t-il.

 Le professeur Mouhouche dit qu' il faut adopter une meilleure utilisation de l’eau, dans le respect de la ressource. « L’Algérie a besoin de beaucoup d’eau, il ne faut donc sous-estimer aucun secteur », dit-il en évoquant le recyclage des eaux usées. « Avec quelques 200 stations s’épuration des eaux usées à travers le territoire, on peut récupérer autour de 700 millions de mètres cubes d’eau. Mais d’après mes informations, moins de 10% de cette eau est réutilisée. C’est un crime, pour un pays qui manque d’eau », s’indigne le Pr Brahim Mouhouche.

« Les eaux de drainage, par exemple dans le sud du pays, peuvent aussi êtres recyclées », explique encore l’agronome qui précise que ces deux ressources peuvent êtres utilisées dans l’agriculture. « Même au niveau de l’industrie. Chaque grande unité industrielle doit avoir son système de récupération », poursuit-il. Le Pr Brahim Mouhouche insiste sur la nécessité d’économiser l’eau dans tous les secteurs, notamment dans l’agriculture.

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