La société civile est un acteur incontournable pour prévenir, sensibiliser, aider et soutenir dans toutes les actions d’utilité publique en direction de la population comme pendant les pandémies, la violence, pour la toxicomanie, la protection de l’environnement, et la circulation routière, etc. Sa mobilisation est primordiale, voire porteuse, pour sensibiliser notamment pour les accidents de la circulation qui endeuillent pas moins de 4000 familles annuellement en Algérie.
Invité par la rédaction de la chaine 3, de la Radio Algérienne, afin d’accompagner le fil rouge organisé ce dimanche, sur ce thème précis des « accidents de la route », Mustapha Khiati,président de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (Forem), y est longuement revenu sur le propos appuyant, de par son expérience comme un des acteurs de la société civile, que celle-ci « doit jouer le rôle d’interface entre les citoyens et les autorités ». « Ce n’est pas le cas, hélas ! », se désole-t-il.
« Son (la société civile, ndlr) rôle est de plus en plus accrue à l’ère de la démocratie participative qui l’implique davantage dans le sillage de la prise de conscience citoyenne », évoque-t-il souhaitant que « ce pan de la société doit se développer profondément dans notre pays, eu égard de son rôle important à l’instar de ce qui se fait dans à travers les pays du monde, pour pouvoir éviter beaucoup de problèmes ». Notre société civile ne joue pas ce rôle, déplore-t-il, et d’avouer qu’elle est timide, pas omniprésente alors que le nombre d’associations est éminemment important avoisinant les 100 mille associations (tous segments et domaines confondus).
« Leurs actions, toutefois, restent invisibles en dehors des grands évènements occasionnels, que ce soit en villes ou dans la campagne », fait-il constater.
L'hécatombe se poursuit à l'ombre du manque de traitement scientifique du phénomène
Parler des accidents de la route, dit-il, c’est assister à une véritable hécatombe avec 100 mille morts/année. « C’est un vrai cataclysme si l’on prend en compte les familles endeuillées dans la mort du tuteur qui travaillent pour elles, les handicapés dont certains handicaps sont lourds, comme conséquences directes de ces accidents ». « Alors qu’il est un gros problème social national, ce phénomène, visiblement, n’est pas pris en considération avec intérêt par les différentes composantes de la société », témoigne-t-il.
Selon lui, quand on voit le traitement de ce phénomène l’on constate qu’il est traité sur l’aspect administratif /répressif et il est regrettable de voir que la problématique n’est pas traitée scientifiquement, par qui de droit, à savoir les universités et les centres de recherche en impliquant les psychologues, les sociologues, les criminologues et toutes les personnes pouvant apporter quelque chose.
« Aujourd’hui, les chauffeurs des poids lourds ou des transports en commun doivent subir des tests psychologiques à l’instar des pilotes qui subissent et doivent réussir une série de tests difficiles et compliqués pour avoir l’aval de voler », suggère M. Khiati au moment où « des chauffeurs qui mènent au volant, parfois jusqu’à 60 voyageurs, ne subissent aucun test, d’où l’impératif d’une approche plus consensuelle du problème des accidents de la route et ne pas le laisser au niveau de certaines sphères pour l’endiguer.
« A 100 mille morts/an, il n’y a, en ma connaissance, aucune étude scientifique faite pour faire sortir les vrais raisons de ces accidents », révèle-t-il précisant qu’il s’agit d’enquêter, au-delà des enquêtes sécuritaires, en profondeur du sujet.
Il faut revoir le problème, explique l’orateur, à plusieurs phases : avant, en cours et après la délivrance des permis de places et de conduire. « Il faut aussi un suivi lors de la phase probatoire post-permis, un suivi avant/après l’accident, etc. », enjoint-il
Etant en mission en Allemagne, pays du record mondial des accidents routiers dans les années 1980 avec 15 mille morts/an, le professeur Khiati témoigne que ce taux a été sérieusement réduit à sa proportion congrue et amené à 2000 accidents en trois ans seulement de prise en charge. La raison ? Le phénomène, témoigne-t-il, est traité de tous ces aspects en faisant des études parallèles.
Il faut instaurer chez nous les équipes des secours médicalisées sur les lieux des accidents, conseille-t-il estimant que « le geste primordial est de secourir les accidentés sur place de l’accident et éviter de les évacuer rapidement vers les urgences hospitalières ».
Pour l’intervenant, l’urgence est de rassurer l’accidenté immédiatement et sur place, réhabiliter ses fonctions vitales, tout en dégageant les risques d’un transport hâtif vers l’hôpital avec tous ce que cela implique comme complications post-accident.
« Il faut voir la rentabilité de cette façon de faire pour la généraliser et prendre des décisions globales dans le sens de réadapter la législature en la matière », propose le président de la Forem.