L'Observatoire euro-méditerranéen des droits de l'Homme a alerté sur les violations des droits de l'Homme au Maroc sous le nouveau gouvernement, l'appelant à abandonner "les solutions sécuritaires" dans le traitement de la question des enseignants contractuels qui continuent de subir la répression.
"La répression de la manifestation des enseignants contractuels, quelques jours après l'investiture du nouveau gouvernement dirigé par Aziz Akhannouch, donne des impressions négatives sur le respect des droits et libertés publiques par le nouveau gouvernement, et réduit la crédibilité des promesses officielles d'améliorer la situation des droits de l'homme dans le pays", indique l’Observatoire dans un communiqué publié sur son site.
L'arrestation par les services de sécurité marocains d'enseignants pour avoir participé à un sit-in dans la capitale Rabat, tire la sonnette d'alarme sur la situation des libertés sous le nouveau gouvernement, d'après l'organisation qui appelle les autorités à "libérer immédiatement les détenus et à respecter le droit à la liberté d'opinion, d'expression et de réunion pacifique".
Le 14 octobre dernier, les forces de sécurité ont tenté de contrecarrer une réunion pacifique organisée par le Comité national de coordination des "enseignants sous contrat forcé", rappelle-t-on dans le communiqué. "Les forces ont d'abord tenté de faire fuir la foule par une présence massive de sécurité. Ensuite, elles ont dispersé par la force les enseignants protestataires et ont arrêté 16 d'entre eux, qui ont été emmenés dans des centres de détention proches pour interrogatoire", rapporte la source.
Dans le même communiqué, EuromedMonitor affirme avoir visionné des vidéos montrant le personnel de sécurité marocain agressant les enseignants protestataires par des coups et des "pratiques violentes" lors de leur poursuite, ainsi que dispersant les détenus et les jetant au sol de manière "humiliante".
En 2017, le gouvernement marocain a lancé un programme d'emploi dans le secteur public qui offre un contrat de deux ans renouvelable. Il a d'abord été mis en œuvre dans le secteur de l'éducation. Depuis lors, les enseignants contractuels réclament une nomination et une intégration permanentes dans le secteur public, ainsi que des privilèges de service public complets.
EuromedMonitor mentionne en outre que le nombre d'enseignants contractuels au Maroc dépasse les 100 000, et ces derniers organisent constamment des manifestations pacifiques. Toutefois, "le gouvernement marocain utilise diverses méthodes de sécurité pour contrecarrer ces manifestations, et ne montre pas d'intentions positives pour traiter la question en dehors des contextes sécuritaires", déplore l'organisation.
Les cinq dernières années au Maroc ont vu la succession de trois gouvernements différents. "Ce qu'ils ont en commun, c'est la manière violente dont la sécurité traite les manifestations pacifiques, en particulier le mouvement des enseignants contractuels (...)", dénonce l'organisation, appelant le gouvernement marocain à libérer les enseignants détenus et ouvrir une enquête officielle sur les incidents d'abus qui ont accompagné la répression de la manifestation des enseignants.
Enfin, l'organisation basée à Genève souligne que le gouvernement devrait abandonner les solutions sécuritaires dans le traitement des enseignants contractuels et adopter le dialogue avec les organes qui les représentent pour parvenir à des solutions qui garantissent leur droit à la stabilité et à la sécurité de l'emploi.
APS