Les intervenants à une conférence consacrée au dramaturge El-Mekki Chebah (1894-1991) ont appelé jeudi à la nécessaire réhabilitation de cet artiste en donnant son nom au théâtre régional de Batna (TRB).
Venus de plusieurs wilayas du pays, les intervenants à la conférence organisée au TRB en marge du 9ème festival culturel national du théâtre amazigh et consacré à cette figure ont mis l’accent sur le grand rôle joué par cet artiste auréssien dans la naissance du mouvement théâtral en Algérie.
L’universitaire Sebti Maâlam a passé en revue les contributions théâtrales d’El-Mekki chebah, affirmant qu’il fut avec Ahmed Rédha Houhou les fondateurs de la première troupe théâtrale dans la région, avant de diriger la troupe El-Kaoukab qu’il avait créée en 1937, une année après avoir mis sur pied la troupe «Les jeunes okbis» dans son village natal à Sidi Okba (wilaya de Biskra).
«El-Mekki Chebah a été marginalisé et n’a pas bénéficié de l’intérêt qui lui est dû de la part des chercheurs sur le mouvement théâtral algérien», a estimé ce conférencier, relevant qu’El-Mekki avait utilisé l’expression théâtrale pour diffuser la conscience culturelle et militante dans les milieux populaires jetant les bases d’un théâtre «épique» en arabe classique.
Il fut également connu pour son engagement politique en tant que militant qui avait participé à la création durant les années 1920 du parti de l’Etoile Nord-africaine puis du Parti du peuple algérien (PPA). Il a été également membre fondateur de l’association des Oulémas musulmans algériens.
Omar Boulila, un homme de culture de Batna, a considéré, de son côté, qu’El-Mekki Chebah était un dramaturge «de haute carrure» qui avait fait des planches «un espace de lutte contre le colonialisme qui fut l’objectif central de tout son parcours et de toute de sa vie.»
La conférence qui a réuni de nombreux intellectuels a longuement débattu du thème «Formes prè-théâtrales chez les amazighs : cas de Chayeb Achoura» présenté par El Moâtaz Billah Benghalia, du Centre national de recherches préhistoriques et anthropologiques.
L’intervenant a mis l’accent sur plusieurs expressions pré-théâtrales en Algérie qui «mériteraient d’être étudiées selon une approche algérienne», a-t-il estimé.
La rencontre a donné lieu à des lectures par Djemouï Benzida (Biskra) de poèmes d’Omar Bouzagane extraites de l’ouvrage d’André Basset intitulé «Textes berbères de l’Aurès (parler des Aït Frah)».
Ouverte le 10 décembre avec la participation de dix troupes théâtrales, la 9ème édition du festival national de théâtre amazigh sera clôturée durant la soirée de ce vendredi.