La Libye est un pays qui est en déclin et le statu quo n'est plus tenable, a prévenu par visioconférence le représentant spécial du secrétaire général pour ce pays, Ghassan Salamé, lors d'une réunion du Conseil de sécurité lundi.
M. Salamé a déclaré que la crise dans la région dite du "Croissant pétrolier" n'a été que l'aperçu de ce qui pourrait advenir si des progrès tangibles ne sont pas enregistrés.
"Les Libyens s'impatientent", s'est-il alarmé, en conseillant aux membres du Conseil de se montrer unis. Le Conseil, a-t-il insisté, doit exercer des pressions sur les dirigeants libyens pour qu'ils adoptent, sans plus tarder, la loi sur le référendum constitutionnel et la loi électorale.
Le représentant spécial a rappelé que pendant les premiers mois de l'année, la Libye a joui d'une certaine quiétude grâce à l'accalmie des actions militaires. Les Nations Unies y ont contribué, en relançant le processus politique, avec la présentation du Plan d'action pour la Libye.
Capitalisant sur ce nouvel environnement, les Nations Unies ont offert une plateforme pour des accords de réconciliation et organisé des réunions sur les questions les plus épineuses comme la propriété foncière ou encore le sort des populations déplacées.
M. Salamé s'est aussi félicité du retour de l'ONU dans le pays, à Tripoli et à Benghazi, où un bureau sera ouvert dans les prochaines semaines, et de l'achèvement de la phase consultative du processus de la Conférence nationale dont la date et le lieu restent à déterminer.
Selon lui, ces progrès politiques sont liés à l'absence d'opérations militaires, mais ces deux derniers mois, les confrontations et la violence ont repris, dont les événements du "Croissant pétrolier" qui ont fait perdre à la Libye quelque 900 millions de dollars et exacerbé les divisions entre les institutions et les régions.
Le 11 juillet, s'est réjoui le représentant spécial, le contrôle des ressources pétrolières a été restitué à la National Oil Corporation et la production a repris. Mais, a-t-il prévenu, ces événements ont mis en lumière les questions sous-jacentes, dont les frustrations liées à la mauvaise redistribution des richesses et le pillage "endémique" des ressources du pays.
Si ces questions ne sont pas résolues, a prévenu le représentant spécial, la production de pétrole cessera et le processus politique sera menacé. La Mission de l'ONU va donc redoubler d'efforts pour pousser les réformes économiques dont dépendent la stabilité et l'unité du pays. Cette crise a toutefois eu un effet positif, a indiqué M. Salamé : les différentes autorités reconnaissent désormais la nécessité de protéger les richesses du pays.
Les Libyens, a-t-il poursuivi, attendent avec impatience de pouvoir enfin se débarrasser de leur "patchwork" d'institutions. En 2014, 600.000 d'entre eux s'étaient rendus aux urnes alors que pour les prochaines élections, un million d'électeurs sont déjà inscrits. Mais, a-t-il alerté, ceux qui soutiennent le statu quo ont les moyens de compromettre les élections. Sans les bonnes conditions, a-t-il mis en garde, il serait inopportun d'organiser les élections. Sans un message "fort et clair" à ces individus, les conditions ne seront pas réunies.